Avant même l'arrivée Donald Trump au pouvoir, les grands groupes américains tournés vers l'IA ont annoncé des investissements colossaux pour construire des centres de données géants qui, selon eux, permettront de poursuivre la montée en puissance de l'intelligence artificielle.

Cette course à l'armement IA passe par des installations toujours plus grandes et énergivores. Elon Musk, fondateur de xAI et de son modèle d'intelligence artificielle Grok, a ainsi indiqué à CNBC son intention de bâtir un centre de données nécessitant 1 GW de puissance.

C'est l"équivalent de la production d'un réacteur nucléaire commercial qui serait donc nécessaire pour faire fonctionner cette seule infrastructure. Pour l'homme d'affaires, il existe actuellement trois facteurs limitants dans sa montée en puissance : l'accès aux GPU IA, la disponibilité des transformateurs et la production d'électricité.

Vraie crise ou surestimation ?

Et selon lui, les difficultés d'approvisionnement électrique des installations vont émerger d'ici le milieu ou la fin de l'année prochaine. Il n'est pas le seul à les voir venir : le groupe Alphabet a lui aussi alerté sur ce risque en début d'année.

Ce qui change, c'est le constat que les énergies renouvelables n'apportent pas assez de capacités et peuvent créer de l'instabilité dans les réseaux électriques du fait de la variabilité de leur production.

Centrale nucléaire

La panne géante en Espagne a rappelé la sensibilité des réseaux électriques et la possibilité d'effondrement pour quelques GW disparus non compensés, créant des effets en cascade et mettant à l'arrêt tout un pays.

Le nucléaire est en train de redevenir l'option privilégiée pour répondre aux besoins des géants de l'IA...d'autant plus que la Chine assume une stratégie de hausse de production d'électricité bien plus ambitieuse que celle des Etats-Unis.

Pour son supercalculateur Colossus à Memphis, xAI utilise par exemple des turbines à gaz temporaires en attendant de disposer des approvisionnements en électricité auprès des fournisseurs d'énergie locaux.

Elle a été pointée du doigt pour la pollution générée et la multiplication de ces turbines, plus nombreuses que le quota autorisé.

Mais si les acteurs de l'IA crient au loup, certains fournisseurs d'énergie estiment de leur côté que les estimations sont peut-être surévaluées du fait de la dispersion des dossiers de datacenters dans de multiples Etats fédéraux, avec des demandes redondantes qui faussent les prévisions.

Mini-réacteurs, fusion nucléaire...des pistes pour demain

Il reste que l'approvisionnement en énergie sera bientôt un facteur majeur pour la progression des modèles d'intelligence artificielle, au risque de dévoir réaliser des arbitrages pour ne pas pénaliser les populations.

Tokamak fusion nucleaire

Les regards se tournent aussi avec insistance sur les nouveaux moyens de production. A ce titre, la fusion nucléaire est très attendue pour sa capacité à produire une énergie plus abondante et moins polluante que la fission exploitée actuellement dans les centrales nucléaires.

En attendant, les SMR, ou mini-réacteurs nucléaires installables sur des sites industriels, pourraient apporter un début de réponse à la crise de l'énergie à venir. Mais là encore, si les projets en développement sont nombreux, bâtir des installations fiables n'est pas encore à la portée de chacun.

Source : CNBC