Depuis plusieurs mois, la station spatiale internationale (ISS) est au cœur des préoccupations : une nouvelle fuite d’air met en lumière le vieillissement du segment russe et les enjeux de la coopération internationale en orbite basse.

Les équipes d’astronautes, américaines comme russes, multiplient les opérations de maintenance, sans parvenir à éliminer totalement cette défaillance de fin de carrière, la station devant être abandonnée d'ici 2030.

Les origines discrètes d’une fuite devenue critique

La détection de la fuite remonte à septembre 2019, quand des variations anormales de pression sont apparues dans le module Zvezda du segment russe. Cette situation semblait alors maîtrisable, les réparations ayant ralenti le phénomène.

Mais, au fil des ans, le taux de perte d’air a triplé, atteignant un niveau trois à quatre fois supérieur à la normale sur la station, soit plus de 0,5 mm de mercure par semaine selon les estimations de la NASA et de Roscosmos début août 2025.

L’incapacité à identifier précisément la cause principale reste un défi pour les ingénieurs des deux côtés “Nous continuons nos efforts pour détecter et réparer la fuite, même si le rythme de perte d’air a bien diminué”, a ainsi résumé Sergey Krikalyov, directeur des vols habités russes.

Enjeux techniques et course contre la montre dans le segment russe

Le vieillissement des modules russes, parmi les plus anciens de l’ISS, accentue la complexité de la maintenance. Les fissures, souvent invisibles à l’œil nu, peuvent résulter de micro-météorites, d’écarts de températures extrêmes, ou simplement d’une usure liée à deux décennies d’habitation spatiale.

Les astronautes doivent assurer des contrôles quotidiens des capteurs de pression et réaliser des opération de colmatage à l'aide de mastics techniques et de nouveaux matériaux renforcés.

Pourtant, malgré ces efforts et des périodes où le module suspect est isolé, la fuite persiste. Chaque tentative de réparation est suivie d’une vigilance accrue, car tout nouvel indice de dépressurisation ramène l’incertitude.

Selon Joel Montlbano pour le segment américain “le niveau de pertes a fortement augmenté, imposant une révision exhaustive des procédures d’urgence”.

Conséquences sur les vols et gestion internationale de la crise

Les partenaires comme la NASA et l’agence spatiale russe collaborent étroitement à distance afin de surveiller l’évolution et d’élaborer des procédures temporaires.

L’incertitude technique s’accompagne aussi de choix stratégiques immédiats, avec des accès limités au strict nécessaire aux modules russes et le décalage de missions devant accoster l'ISS le temps de s'assurer que la sécurité est garantie.

La mission privée Ax-4 retardée à cause de la fuite d'air de l'ISS

La station reste utilisable, la fuite n’étant pas mortelle à court terme pour l’équipage. Pourtant, le stockage d’oxygène et d’azote de secours doit être renouvelé, tandis que des discussions avancent sur la possibilité de condamner certains modules russes si le problème s’intensifie.

Les agences partenaires se partagent les données et se préparent à d’autres scénarios : confinement dans les modules américains, européens ou japonais en cas d’urgence ; renforcement des outils de réparation fournis par l’ESA pour pallier la vétusté de la structure russe.

Une station au bout de sa vie ou l’acharnement de la coopération spatiale ?

Pour beaucoup, ces avaries marquent les signes avancés du vieillissement de l’ISS, lancée en 1998 et dessinée pour une exploitation initiale de 15 ans. La prolongation jusqu’en 2030 implique une maintenance continue et une réinvention opérationnelle au quotidien.

Elon Musk lui-même s’est exprimé publiquement pour recommander la fin de l’exploitation de la station dans moins de deux ans, évoquant également la difficulté croissante d’obtenir des pièces détachées ou de garantir la sécurité future des équipages.

Les astronautes eux-mêmes sont familiarisés avec des procédures d’isolement en cas de perte de pression. La surveillance constante reste la règle, et un nouveau diagnostic du segment russe conditionne désormais chaque plan de mission.

Pour l’heure, la coopération et des solutions hybrides semblent percer : certains experts appellent à l’innovation, d’autres se tournent vers Axiom ou Blue Origin, qui préparent déjà les futures stations orbitales privées.