La société chinoise LandSpace se lance dans la course aux fusées réutilisables avec son lanceur Zhuque-3. Inspirée par le succès de SpaceX, elle vise à réduire drastiquement les coûts de lancement.
Malgré l'échec de la récupération de son premier booster, l'entreprise prépare une introduction en bourse pour financer son développement et concurrencer l'hégémonie américaine dans l'accès à l'orbite.
Le paysage spatial chinois a connu une transformation profonde depuis que Pékin a ouvert le secteur aux investissements privés en 2014. Cette décision a donné naissance à un écosystème dynamique de startups, parmi lesquelles LandSpace, fondée en 2015, s'est rapidement imposée comme un leader.
L'entreprise a récemment franchi une étape décisive avec le vol inaugural de sa fusée Zhuque-3, une tentative qui, bien que n'ayant pas abouti à une récupération réussie, marque un tournant pour les ambitions commerciales de la Chine dans l'espace.
Une ambition calquée sur le modèle de SpaceX
L'inspiration derrière le lanceur Zhuque-3 ne fait aucun doute : il s'agit de reproduire le succès de la fusée Falcon 9 de SpaceX. L'approche itérative, consistant à accepter l'échec comme une étape de l'apprentissage, est au cœur de la stratégie. Dai Zheng, le concepteur en chef de la fusée, a d'ailleurs quitté le programme spatial étatique pour poursuivre cette vision.
Même Elon Musk a commenté la conception du lanceur, reconnaissant qu'il combine des aspects de la Falcon 9 et du Starship, notamment l'utilisation d'acier inoxydable et de moteurs au méthalox, ce qui pourrait lui permettre de surpasser la Falcon 9.
Loin de considérer cela comme une simple imitation, les équipes de LandSpace parlent d'un apprentissage basé sur une configuration éprouvée. Dong Kai, l'adjoint de Dai Zheng, a même qualifié le surnom de Falcon 9 chinois de "très grand compliment".
Cette transparence, rare dans le secteur spatial chinois, s'est manifestée par l'ouverture des portes de leur usine à des médias étrangers, signalant une confiance croissante dans leur technologie et leur feuille de route.
L'échec du premier vol, un simple contretemps ?
Lors du test de décembre 2025, le premier étage de la Zhuque-3 n'a pas réussi sa manœuvre d'atterrissage, s'écrasant au sol. Cependant, cet événement marque un véritable changement de culture.
Contrairement à la tradition de discrétion du secteur spatial étatique, l'échec a été publiquement couvert par les médias chinois. Cette nouvelle tolérance au risque est essentielle pour accélérer le développement des lanceurs réutilisables, une technologie où SpaceX a elle-même connu plusieurs échecs avant son premier succès en 2015.
Ce mouvement n'est pas isolé. Quelques semaines après la tentative de LandSpace, une entreprise d'État a également testé un lanceur réutilisable, le Longue Marche 12A, démontrant une urgence nationale sur ce front technologique.
Le soutien de Pékin est palpable, créant un écosystème national où les entreprises privées et publiques partagent talents et fournisseurs pour combler le retard sur l'Occident.
Les implications économiques et géopolitiques
Pour financer ses ambitions, LandSpace prépare activement son introduction en bourse sur le marché STAR de Shanghai. Cette levée de fonds est cruciale pour intensifier la cadence des tests et mettre en place les infrastructures de production.
Si elle réussit, l'entreprise pourrait déclencher une véritable guerre des prix sur le marché des lancements de petits et moyens satellites, mettant la pression sur des acteurs établis comme SpaceX.
L'enjeu est de taille, car la Chine prévoit de déployer ses propres constellations de satellites, nécessitant des milliers de lancements à bas coût que seule la réutilisabilité peut offrir.
Le succès de LandSpace fournirait à Pékin une alternative nationale aux lanceurs occidentaux. Tous les regards sont désormais tournés vers la prochaine tentative de récupération, prévue pour mi-2026, qui déterminera si la Chine peut réellement bousculer l'ordre établi dans l'accès à l'orbite.