L'administration américaine a décidé de bloquer la vente par Nvidia de ses nouvelles puces IA "dégradées", les B30A, destinées au marché chinois. Cette décision marque une nouvelle étape dans la guerre technologique, mettant en péril la stratégie de Nvidia pour regagner du terrain en Chine et forçant Pékin à accélérer son autonomie technologique.
L'escalade des tensions technologiques entre Washington et Pékin vient de connaître un nouvel épisode. Le gouvernement américain a notifié plusieurs agences fédérales de son intention d'empêcher Nvidia de commercialiser ses dernières puces d'intelligence artificielle, même spécifiquement conçues pour contourner les restrictions existantes, sur le territoire chinois.
Cette décision frappe directement la stratégie du groupe dirigé par Jensen Huang, qui espérait maintenir sa présence sur un marché crucial.
Une puce sur mesure pour un marché sous surveillance
Le processeur au cœur de cette nouvelle interdiction est le B30A. Bien qu'il s'agisse d'une version "dégradée" par rapport aux modèles les plus avancés du constructeur, sa puissance reste considérable.
En effet, plusieurs de ces puces organisées en clusters permettent d'entraîner efficacement les grands modèles de langage, une capacité hautement recherchée par les géants technologiques chinois.
Nvidia avait déjà commencé à fournir des échantillons de cette puce à certains de ses clients en Chine, anticipant une validation qui n'est finalement jamais venue.
Entre pragmatisme commercial et impératifs géopolitiques
Pour Nvidia, la manœuvre est délicate. Le PDG, Jensen Huang, a maintes fois alerté sur les risques de laisser le marché chinois aux mains de concurrents locaux, arguant que cela pourrait, à terme, permettre à la Chine de surpasser les États-Unis dans la course à l'IA.
Cette nouvelle restriction porte un coup sévère aux ambitions de l'entreprise, dont la part de marché dans les centres de données chinois est passée de 95 % en 2022 à quasiment zéro aujourd'hui. L'entreprise ne semble pourtant pas abandonner et travaillerait déjà à modifier le design de sa puce B30A.
La Chine, contrainte d'accélérer son autonomie ?
Cette décision américaine s'inscrit dans une logique de pression maximale. Elle coïncide avec une directive récente du gouvernement chinois qui impose l'utilisation de puces domestiques dans les nouveaux projets de centres de données bénéficiant de fonds publics. Pékin pousse ainsi ses propres champions technologiques à se passer des semi-conducteurs étrangers.
Jensen Huang a d'ailleurs récemment clarifié qu'il n'y avait pas de discussions actives pour vendre les puces de la nouvelle architecture Blackwell en Chine. L'avenir des relations commerciales de Nvidia avec la Chine reste donc plus incertain que jamais, suspendu aux prochaines décisions politiques.