Dans la bataille commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine, un terrain d'entente a été trouvé : relancer la commercialisation des composants IA Nvidia H20, très demandés par les entreprises chinoises mais interdits à l'exportation depuis le mois d'avril, contre un accès aux terres rares dont les autorités chinoises ont un moyen de pression.

C'est une bonne affaire pour le groupe de Jensen Huang qui n'aura pas de besoin de ruser une fois de plus pour adapter ses produits aux exigences des restrictions américaines.

Selon Reuters, la firme a déjà passé commande auprès du fondeur TSMC d'un volume de 300 000 accélérateurs H20 pour répondre aux besoins du marché chinois. Ils viendront s'ajouter aux réserves estimées à environ 700 000 unités prêtes à être exportées.

Autorisé puis interdit puis de nouveau autorisé

Le composant est déjà un produit dont la puissance de traitement a été adaptée afin de répondre aux restrictions imposées par les différentes administrations américaines.

Nvidia H200

Il avait été considéré en avril comme encore trop puissant face à la montée de l'expertise chinoise en matière d'intelligence artificielle. Toutefois, les restrictions sur les exportations de terres rares et en particulier d'aimants permanents, ont conduit l'administration Trump à revoir sa stratégie, quitte à faire un entorse au dogme de la sécurité nationale.

L'exportation des composants reste sous contrôle puisqu'il faut toujours obtenir des licences mais les vannes sont de nouveau ouvertes...ce qui n'est pas sans poser des questions.

Le site TechCrunch note qu'un groupe d'une vingtaine d'experts en sécurité nationale a adressé un courrier au ministère du commerce pour appeler à revenir sur la décision d'autoriser l'exportation des composants H20 en Chine.

Et la sécurité nationale dans tout ça ?

Ils s'inquiètent de voir la Chine utiliser ces composants pour prendre l'avantage sur les Etats-Unis en matière d'intelligence artificielle et font valoir que les composants H20 sont très bien optimisés pour de l'inférence, mieux encore que les composants H100 plus puissants et interdits en Chine.

Sans surprise, les experts évoquent également le risque de voir ces composants utilisés pour des projets militaires qui pourraient se retourner contre les Etats-Unis. Plus largement, cette exception fragilise la politique américaine d'exportation des puces avancées.

Huawei Ascend 920 composant IA Nvidia H20

Ils remettent donc en avant l'argument de la sécurité nationale, visiblement mis en retrait au profit des perspectives commerciales et soulignent que la décision d'avril visant à bannir les composants H20 était la bonne. 

Ils n'adhèrent pas à la vision de Jensen Huang alertant sur le risque de perdre le marché chinois et de laisser la concurrence locale, particulièrement celle de Huawei, prendre l'avantage et imposer ses propres puces.

Outre l'aspect business de court terme, c'est pourtant bien l'un des éléments qui semble avoir renversé la décision du gouvernement américain, quitte à prendre le risque de voir la Chine d'avancer plus rapidement dans le domaine de l'intelligence artificielle.

Source : Reuters