Un appel d'urgence bloqué dans un ascenseur, une alerte de chute d'une personne âgée qui n'arrive jamais à destination... Ces scénarios pourraient devenir une réalité dès 2026 avec l'extinction programmée du réseau 2G en France. Lancée en 1992, cette technologie jugée énergivore et peu sécurisée doit laisser la place à la 4G et la 5G. Mais à l'approche de l'échéance, plusieurs fédérations professionnelles alertent sur une transition mal préparée qui menace des millions d'équipements essentiels.

Des millions d'appareils menacés d'obsolescence

Le problème est de taille : selon les estimations, près de 8 millions d'appareils en France dépendent encore des réseaux 2G et 3G pour fonctionner. Cette dépendance concerne des services souvent vitaux pour la sécurité des citoyens :

  • Ascenseurs : Environ 230 000 ascenseurs utilisent la 2G pour leur système d'appel d'urgence.
  • Téléassistance : Près de 700 000 dispositifs destinés aux personnes vulnérables pourraient devenir inutilisables.
  • Sécurité : Plus de 900 000 systèmes d'alarme et de télésurveillance sont directement menacés par la coupure de la 2G.

À cette liste s'ajoutent des systèmes de gestion technique de bâtiments et même des équipements automobiles qui deviendront tout simplement inopérants une fois le réseau débranché.

Un calendrier jugé intenable par les professionnels

Les opérateurs ont fixé un calendrier précis : Orange coupera son réseau 2G en septembre 2026, suivi par SFR et Bouygues à la fin de la même année. Un délai beaucoup trop court pour les professionnels concernés. Alain Meslier, délégué général de la Fédération des ascenseurs, craint un afflux de commandes impossible à satisfaire, faute de techniciens et de matériel. « Changer quatre millions d’équipements en 2G, ça ne se fait pas du jour au lendemain et ça demande des mois, voire des années », souligne de son côté Brice Brandenburg de l'Ignes. Face à l'urgence, de nombreuses fédérations réclament un report de l'échéance de deux ans.

Des coûts élevés et une absence de plan national

La migration vers des modules 4G représente un coût considérable, estimé à plusieurs centaines de millions d'euros au total. Le remplacement d'un seul module de communication dans un ascenseur, par exemple, peut grimper jusqu'à 5 000 euros, une charge lourde pour les copropriétés et les bailleurs sociaux. Or, aucun plan national de financement, comme des prêts à taux zéro ou des aides spécifiques, n'a été mis en place pour accompagner cette transition forcée, laissant les usagers et les collectivités seuls face à la facture.

Le silence des pouvoirs publics face à l'urgence

Malgré les alertes répétées, la réponse des autorités se fait attendre. Le gouvernement considère que ce choix relève uniquement de la stratégie des opérateurs, et que l'État ne peut leur imposer le maintien du réseau. De leur côté, les opérateurs comme Orange regrettent le manque d'anticipation des secteurs concernés, qui auraient été prévenus dès 2022. Ce dialogue de sourds laisse un vide et fait craindre une « rupture potentiellement dramatique » des services de sécurité pour des milliers de personnes, sans qu'aucune solution coordonnée ne se dessine.

Source : CSNP