La reprise en main du réseau social X, anciennement Twitter, par le milliardaire Elon Musk continue de faire des vagues. Outre la transformation profonde du service pour tenter de le ramener vers la rentabilité, quitte à bousculer les habitudes et des fonctionnalités pourtant ancrées depuis les débuts, la stratégie de relâchement sur la modération au nom de la liberté d'expression crée des tensions multiples.
La couverture du récent conflit meurtrier entre Israël et le Hamas autour du territoire de Gaza a donné lieu à une explosion de fake news, de discours d'influences et de photos et vidéos atroces (certaines authentiques, d'autres sans rapport et issues d'autres conflits mais destinées à influencer les opinions) diffusées sans filtres par tout un chacun révèle les luttes d'influence par réseaux sociaux interposés, au point de noyer les vraies informations sous des déluges de contre-vérités et approximations.
Ces problématiques inquiètent l'Europe et Thierry Breton, commissaire européen au Marché Intérieur, a rappelé à l'ordre la direction de Twitter et son emblématique patron Elon Musk pour leur rappeler que la présence du réseau social en Europe impose de respecter le DSA (Digital Services Act) qui impose entre autres des règles de transparence et de modération.
Modération immodérée
Le ton est monté depuis quelques jours face à l'explosion de la diffusion de contenus problématiques et Thierry Breton avait rappelé à X de se voir refuser l'accès aux marchés européens en cas de non respect des réglementations en vigueur sur le Vieux Continent.
De son côté, Elon Musk n'a pas particulièrement montré de volonté de se conformer aux règles européennes et, selon Business Insider, il envisagerait de fermer les services X / Twitter en Europe.
Si cela peut paraître étonnant alors que X cherche désespérement un modèle économique viable qui nécessite aussi d'accroître le nombre d'utilisateurs, Business Insider note que cela pourrait en réalité faire ses affaires en matière de réduction des coûts opérationnels.
L'Europe représente un peu moins de 10% de la base des utilisateurs de X et le nombre d'utilisateurs actifs chuterait régulièrement depuis plusieurs mois, que les personnes ne se retrouvent plus dans les changements multiples de fonctionnalités du réseau social ou bien qu'ils ne valident pas la vision libertarienne prônée par Elon Musk.
Quitter l'Europe, punition ou libération ?
Plusieurs institutions et grandes écoles ont fait le choix de quitter officiellement X en invoquant les problèmes de diffusions de contenus problématiques et de fausses informations et une philosophie contraire à leurs valeurs.
Plutôt que de transiger, Elon Musk serait donc prêt à stopper le réseau social X sur certains marchés extérieurs, ce qu'il avait d'ailleurs déjà évoqué comme piste pour assainir la situation financière du réseau social racheté 44 milliards de dollars mais mis en difficulté par l'interruption de contrats publicitaires avec de très gros annonceurs, déjà inquiets des questions de modération.
En faisant le premier pas d'un arrêt des services en Europe, X pourrait aussi esquiver des sanctions financières qui ne manqueront pas de tomber si le réseau social refuse de se conformer au DSA.
Comme Threads, récent concurrent de Twitter mis en place par Meta, X deviendrait alors inaccessible aux utilisateurs européens. Ce vide permettrait-il de faire émerger un réseau social européen se conformant aux exigences de ses réglementations avec des données personnelles stockées en local ?