Avec une mondialisation désormais perturbée par la montée des tensions géopolitiques, l'Europe s'est finalement aperçue que sa capacité de production de puces sur son territoire s'est très fortement réduite ces dernières décennies.

Un fournisseur à la production préemptée, un approvisionnement réduit et l'Europe se retrouve fort démunie, comme cela est apparu lors de la grande pénurie des semi-conducteurs au début de la décennie.

Les décideurs ont finalement réagi en mettant en place un Chips Act doté de 44 milliards d'euros pour inciter à la création de grandes usines sur le sol européen, dans un effort de relocalisation et avec l'objectif de faire revenir le Vieux Continent à une valeur de 20% de la production de puces mondiales d'ici 2030 afin d'assurer une souveraineté européenne dans les composants électroniques.

Vers un Chips Act 2.0 plus équilibré

La stratégie a en partie porté ses fruits mais elle n'atteindra sans doute pas l'objectif fixé et elle a conduit à quelques effets pervers. L'ESIA (European Semiconductor Industry Association), qui regroupe les grands acteurs européens dans les puces, appelle désormais à affiner le plan de relance sous la forme d'un Chips Act 2.0 corrigeant les défauts du plan initial.

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(credit : Gosia K. / Pixabay)

L'industrie des puces demande notamment la nomination d'un représentant européen capable de superviser les efforts et de les harmoniser dans une direction commune.

Et, sans minimiser l'importance des efforts pour protéger les technologies européennes, l'Association appelle les décideurs politiques à ne pas prendre de décisions trop restrictives et protectionnistes.

Le cas représentatif est bien sûr celui des relations avec la Chine devenues plus compliquées tandis que les Etats-Unis oeuvrent en coulisses pour faire bloquer toutes les activités commerciales afin de freiner l'avancée chinoise dans les puces.

ASML, fournisseur néerlandais d'équipements de production de composants électronqiues, se retrouve au coeur d'arbitrages compliqués vis à vis de ses activités avec les entreprises chinoises.

Entre les requêtes US de blocage et les attentes de la Chine, le gouvernement des Pays-Bas louvoie pour maintenir les intérêts économiques de son fleuron technologique.

De nécessaires collaborations internationales

Des politiques trop fermes risquent de freiner les opportunités et les capacités d'investissement en Europe, font valoir les acteurs du secteur. L'agence Reuters relève que l'objectif de production de puces du Chip Acts va être manqué et l'Europe ne devrait compter que pour 15% de la production de puces d'ici 2030.

Par ailleurs, la grande initiative d'usine à 30 milliards d'euros voulue par Intel à Magdebourg, en Allemagne, a subi de multiples retards, en partie pour des questions de financement via le Chips Act, et pourrait même ne pas voir le jour, le groupe américain devant d'abord se sortir en urgence de son bourbier financier, ce qui pourrait signer la fin du projet avant même qu'il soit sorti de terre.

Il reste un autre grand projet, celui d'une première usine du fondeur TSMC en Europe, d'une valeur de 10 milliards d'euros également en partie financée par le Chips Act.

Source : Reuters