Le chantier spatial de SpaceX franchit une étape déterminante avec l’arrivée du Starship V2 sur le site texan de la Starbase, pour une série d’essais cruciaux. Ce nouveau vaisseau poursuit la vision ambitieuse d’Elon Musk pour Mars et la volonté de disposer d'un vaisseau spatial réutilisable et polyvalent.

La Starbase, berceau de l’audace Starship

Prévue pour être le cœur des essais du nouveau vaisseau, la Starbase de Boca Chica, au Texas, est de nouveau sous les projecteurs. Après avoir été transporté sur ce site stratégique, le Starship V2 va y subir une batterie d’évaluations. Des images récentes illustrent ce mastodonte sur sa plateforme de transfert, prêt à entamer une campagne de tests de mise à feu des moteurs.

Pourquoi cette attention ? Car chaque itération du projet Starship incarne un bond technologique espéré pour l’industrie spatiale privée. SpaceX reste à ce jour la seule entreprise à développer un lanceur super-lourd et entièrement réutilisable, ce qui pourrait abaisser radicalement le coût d’accès à l’orbite et élargir l’horizon des grandes agences, comme la NASA, à qui SpaceX est devenu indispensable pour les aventures Artemis et au-delà...sauf si Donald Trump en décide autrement après les tensions avec Elon Musk.

Starship V2 : ce qui change vraiment

L’arrivée du Starship V2 ne relève pas simplement d’un renouvellement, mais d’un saut de performance. « Cette version marque le début d’une nouvelle ère pour les transports interplanétaires », fait remarquer SpaceX. Parmi les avancées prévues, le vaisseau doit offrir une capacité de transport améliorée et des optimisations pour renforcer les possibilités de réutilisation de ses divers éléments.

Starship v2 02

(credit : SpaceX)

Cette nouvelle version est annoncée comme la pierre angulaire des futures missions, notamment celles prévues lors de "l’alignement Mars 2026", qui devrait permettre à cinq vaisseaux Starship d’effectuer un premier essai sans équipage vers la planète rouge.

C'est du moins le programme défendu par Elon Musk mais qui nécessitera de nombreux points d'étape qui restent à valider, quitte à se replier sur le rendez-vous Terre-Mars suivant en 2028. Or, les derniers vols d'essai n'ont pas réussi à remplir la totalité des missions assignées et les vaisseaux ont été régulièrement perdus.

Si la situation parvient à être stabilisée, SpaceX pourra alors multiplier les vaisseaux pour l’expédition de matériel et de modules, préparant méthodiquement l’établissement d’un avant-poste martien permanent.

Objectif Mars : calendrier et ambitions assumés

SpaceX ne cache plus sa feuille de route : Mars est bien la destination affichée du Starship V2, du moins dans son design. Elon Musk a déjà laissé entendre que la version V3 pourrait voler d’ici la fin d’année, preuve de la cadence accélérée du développement.

D’ici la fenêtre de lancement idéale en 2026 pour Mars, le plan vise d’abord des missions robotisées, avant de passer à l’acheminement en série d’infrastructures et de fret pour préparer l'arrivée des premiers colons potentiels entre 2028 et 2029.

L’ambition déclarée ? Envoyer plusieurs douzaines de Starship contenant tout le nécessaire pour bâtir une véritable ville martienne. Cette stratégie tablée sur le volume et la répétition doit permettre la construction, la production d’énergie, et la vie en autonomie sur la planète rouge.

Les défis techniques ne freinent pas la dynamique

L’année a pourtant mis à l’épreuve la robustesse du programme : en juin, un incident lors d’un test statique a mis en évidence une défaillance d’un réservoir d’azote pressurisé, sans empêcher SpaceX de poursuivre ses essais à un rythme soutenu.

Starship v2 03

« L’échec propulse notre ingénierie vers l’excellence : chaque test, réussi ou raté, affine la fiabilité du Starship », martèle Musk dans un message relayé sur les réseaux. Le principe du "fail fast, learn fast" reste la pierre angulaire de la philosophie SpaceX, où chaque incident devient une étape de plus sur la route du vol habité interplanétaire.

Public et observateurs suivent de près cette série de développements, d’autant que la NASA compte sur ce géant pour ses missions Artemis, et pourrait s’appuyer sur la galaxie des vaisseaux Starship pour faire de la Lune un tremplin vers Mars.

Vers une ère SpaceX : du coût à la multiplanétarité

Le pari est gigantesque, mais il s’appuie sur une stratégie claire : combiner capacité inédite, réutilisabilité et cadence. SpaceX l’affirme : « des millions de tonnes devront être envoyées sur Mars afin d’établir une cité autonome ».

À cet effet, chaque V2 vise à devenir un élément du pont spatial qui reliera, à coût réduit, la Terre à Mars ce qui décuple l’attrait pour les agences nationales mais aussi pour l’industrie privée.

Le développement de la version V2 du Starship met la pression sur la concurrence, forçant toute l’industrie spatiale à accélérer sur la réutilisation des lanceurs lourds et à revoir les standards de fiabilité et de fréquence des missions vers l’orbite et, peu-être bientôt, au-delà.

En attendant, SpaceX prépare le dixième vol d'essai de Starship (Flight 10) pour début août, avec l'espoir de mener l'ensemble de la mission à son terme de pouvoir récupérer le vaisseau après son passage en orbite. Ce serait un message encourageant pour la NASA qui attend des succès pour passer aux prochaines étapes du programme Artemis, et une nouvelle démonstration de force pour les technologies spatiales de la firme d'Elon Musk.

Source : Newsweek