Starcloud, une jeune entreprise soutenue par Nvidia, vient de franchir une étape décisive en opérant pour la première fois l'entraînement de modèles d'intelligence artificielle directement depuis l'espace.

Grâce à un satellite équipé d'un puissant accélérateur H100, la startup a réussi à exécuter les modèles Gemma et NanoGPT en orbite, ouvrant la voie à une nouvelle génération de data centers capables de s'affranchir des contraintes énergétiques terrestres.

Le 2 novembre 2025 marque une rupture technologique notable avec le lancement réussi du satellite Starcloud-1. Ce dispositif embarque une puissance de calcul inédite pour le secteur spatial, visant à déporter le traitement des données hors de notre atmosphère.

Cette initiative répond à un besoin critique de durabilité numérique face à l'explosion de la demande en ressources informatiques sur Terre.

Une démonstration de force technologique

Au cœur de cette mission pionnière se trouve l'intégration d'un processeur graphique Nvidia H100, un composant standard des serveurs terrestres mais jamais déployé auparavant dans un environnement aussi hostile.

Ce composant offre une puissance de calcul cent fois supérieure à tout ce qui a été envoyé dans le vide spatial jusqu'à présent. Cette capacité a permis à l'entreprise de réaliser une prouesse technique : faire fonctionner Gemma, un modèle de langage ouvert développé par Google, directement depuis l'orbite terrestre.

Starcloud datacenter espace 02.

Le système a même interagi avec les équipes au sol, envoyant des salutations teintées d'humour sur sa vision de notre "planète bleue et verte".

Au-delà de la simple inférence, la startup a également mené des opérations d'entraînement complexes. Le modèle NanoGPT a ainsi été entraîné sur l'intégralité des œuvres de Shakespeare en utilisant exclusivement les ressources du bord.

Cette réussite valide l'hypothèse selon laquelle des tâches lourdes d'intelligence artificielle peuvent être exécutées loin des serveurs traditionnels. Pour les ingénieurs, cela démontre que la gestion thermique et la résistance aux radiations, obstacles historiques au calcul spatial, peuvent être maîtrisées sur du matériel commercial de pointe.

L'orbite comme réponse à la crise énergétique

Les centres de données actuels sont de véritables gouffres énergétiques, consommant des milliards de litres d'eau pour le refroidissement et pesant lourdement sur les réseaux électriques nationaux.

En délocalisant ces infrastructures, Starcloud ambitionne de diviser par dix les coûts énergétiques. L'objectif est de tirer parti d'une ressource inépuisable et constante : l'énergie solaire, disponible 24 heures sur 24 sans l'intermittence liée aux cycles jour-nuit ou à la météo terrestre.

Starcloud datacenter nvidia h100

Le plan de développement prévoit la construction d'une infrastructure orbitale massive de 5 gigawatts, intégrant des panneaux solaires et des systèmes de refroidissement s'étendant sur plusieurs kilomètres.

Une telle installation produirait davantage d'énergie que les plus grandes centrales américaines, tout en libérant le plancher des vaches de ces contraintes. Cette approche permettrait de répondre à la croissance exponentielle des besoins en calcul haute performance sans aggraver l'empreinte carbone globale.

C'est une vision où l'efficience énergétique devient le moteur principal de l'expansion technologique vers les étoiles.

Vers une nouvelle course à l'espace numérique

Loin de s'arrêter à ce premier succès, la feuille de route de l'entreprise est déjà tracée avec un prochain lancement prévu pour octobre 2026. Cette future mission embarquera la plateforme Blackwell de Nvidia et plusieurs puces H100, augmentant considérablement les capacités de traitement disponibles là-haut.

Des partenariats stratégiques, notamment avec Crusoe pour l'infrastructure cloud, visent à permettre aux clients de déployer leurs propres charges de travail directement sur ces serveurs célestes. L'ambition est de transformer l'orbite basse en une extension naturelle du cloud computing terrestre.

Cependant, ce secteur naissant attire déjà les convoitises et ne sera pas sans risques. Si des géants comme Google, avec son projet Suncatcher, ou d'autres acteurs visant la Lune se positionnent, les défis restent nombreux.

Les radiations cosmiques, la gestion des débris spatiaux et la maintenance impossible du matériel constituent des barrières techniques sérieuses. Malgré ces obstacles, la promesse d'une puissance de calcul quasi illimitée alimentée par le soleil pousse l'innovation spatiale vers une nouvelle ère industrielle.