La nouvelle est tombée et a fait l’effet d’une douche froide sur les marchés : Tesla vient d’annoncer une baisse significative de ses livraisons et de sa production de véhicules pour le deuxième trimestre 2025.
Ce nouveau recul soulève de nombreuses questions sur l’état réel de la demande et la capacité du constructeur à maintenir sa dynamique. Alors, simple accident de parcours ou vrai signal d’alerte pour le pionnier de la voiture électrique ?
Un deuxième trimestre toujours en souffrance
Le verdict est sans appel : Tesla a livré 384 000 véhicules au deuxième trimestre 2025, soit une baisse de 14 % par rapport à la même période l’an dernier, alors qu'elles l'étaient déjà de 13% au premier trimestre.
Côté production, Le constructeur revendique 410 000 véhicules sortis des usines sur le trimestre. C'est en gros dans les valeurs médianes des analystes mais les investisseurs ont été plutôt soulagés de voir que Tesla est allé au-delà des prévisions les plus pessimistes qui descendaient à 360 000 livraisons.
De fait, malgré le recul sensible, le cours en Bourse de Tesla a plutôt bien réagi en progressant de 4,5%, signe d'un soulagement des actionnaires face à un trimestre qu'ils craignaient plus compliqué.
Une demande en question et une concurrence qui s’intensifie
Derrière ces chiffres, plusieurs facteurs se bousculent. D’abord, la demande pour les véhicules électriques semble marquer le pas, en particulier sur certains marchés clés où la concurrence fait rage.
Les nouveaux modèles proposés par d’autres constructeurs, parfois à des prix plus agressifs, grignotent des parts de marché. Tesla, longtemps seul sur son créneau, doit désormais composer avec une offre pléthorique et des consommateurs plus exigeants. Les incitations gouvernementales, parfois revues à la baisse, n’aident pas non plus à soutenir la dynamique.
Si cela n'influe pas directement sur les résultats du deuxième trimestre, les tensions entre Elon Musk et Donald Trump pourraient s'envenimer sur la deuxième partie de l'année, alors que la "grande et belle loi" budgétaire du second est en passe d'être validée.
Le patron de Tesla s'y toujours fermement opposée et menace de créer son propre parti politique, ce qui pourrait conduire en retour à des représailles de la part de Trump...peut-être via le DOGE, le ministère de la réduction des dépenses gouvernementales, que Musk a piloté en début d'année.
Stratégie Tesla : adaptation ou repositionnement ?
Dans ce contexte, la stratégie de Tesla est scrutée à la loupe. Le groupe a récemment ajusté ses prix, tenté de stimuler la demande par des offres spéciales, et mis l’accent sur l’innovation logicielle.
Mais la pression monte, alors que la firme des restylages de ses véhicules existants mais pas de nouveaux modèles qui pourraient relancer les ventes, et certains investisseurs s’interrogent sur la capacité de l’entreprise à retrouver sa trajectoire de croissance.
Avec deux trimestres consécutifs en recul, il n'y a pas encore le feu aux batteries électriques mais Tesla va devoir cravacher sur le second semestre. Il faudait ainsi écouler au moins 1 million de véhicules électriques pour refaire le retard accumulé en début d'année.
Pendant ce temps, la concurrence chinoise se déploie partout où elle le peut avec de nombreux modèles et des tarifs agressifs, à peine freinés par les tarifs douaniers qui leur sont imposés.
Mais il faut aussi tenir compte du pivotement de la stratégie de Tesla, voulu par Elon Musk. Ce dernier semble se désintéresser des véhicules électriques proprement dits pour pousser l'entreprise vers ce qu'il considère comme les prochains leviers de croissance : les voitures autonomes et les robots humanoïdes.
Si une première expérimentation de robotaxis vient d'être lancée à Austin (Texas), tout reste à démontrer concernant les qualités techniques mais aussi le modèle économique d'une telle ambition dont les retombées ne sont pas prévues avant plusieurs années.