L'informatique quantique, souvent vue comme la prochaine frontière technologique majeure, attire les convoitises, comme d'autres domaines de pointe.

Si les promesses sont immenses, les coûts de développement le sont tout autant, et les entreprises du secteur, malgré des valorisations boursières parfois spectaculaires, génèrent encore peu de revenus. C'est dans ce contexte tendu que Washington semble préparer une intervention directe.

Des négociations en cours avec les leaders du secteur

Selon des sources proches du dossier, plusieurs noms bien connus de l'écosystème quantique seraient à la table des négociations. Des entreprises comme IonQ, Rigetti Computing ou encore D-Wave Quantum discuteraient activement avec l'administration pour que le gouvernement devienne actionnaire.

Ces discussions, menées notamment par Paul Dabbar, le secrétaire adjoint au Commerce, porteraient sur des accords de financement conséquents. On parle de montants minimums de 10 millions de dollars par entreprise, en échange de ces prises de participation. D'autres sociétés, telles que Quantum Computing et Atom Computing, envisageraient également des arrangements similaires.

Une stratégie d'interventionnisme économique assumée

Cette initiative n'est pas un cas isolé. Elle s'inscrit dans une politique plus large de l'administration Trump visant à sécuriser les chaînes d'approvisionnement et les technologies jugées critiques. Le gouvernement a récemment multiplié les interventions "extraordinaires" dans le monde de l'entreprise.

Comme ailleurs, l'ombre de la Chine plane (ordinateur quantique Baidu Qianshi)

On se souvient de l'annonce d'une prise de participation de 10% chez Intel, convertissant des subventions en actions. De même, le Pentagone est devenu l'actionnaire principal de MP Materials pour garantir l'accès aux terres rares.

Plus récemment, l'accord autorisant le rachat de U.S. Steel par le japonais Nippon Steel a octroyé au gouvernement une "golden share", lui conférant un droit de veto sur certaines décisions.

Un secteur en ébullition malgré les incertitudes

L'intérêt de Washington survient à un moment paradoxal pour les actions du secteur quantique. Bien qu'elles aient profité de l'engouement pour l'intelligence artificielle en 2025, affichant des progressions impressionnantes (IonQ +33%, Rigetti +136%, D-Wave +224.9% à la clôture de mercredi), elles restent volatiles.

La plupart de ces entreprises ont subi des corrections sévères ces derniers jours, plongeant de 30% à plus de 40% depuis leurs sommets récents. L'annonce de ces négociations a d'ailleurs provoqué un vif rebond, le titre IonQ étant par exemple indiqué en hausse de 19% dans les échanges post-clôture.

Pour l'heure, les réactions officielles sont prudentes. IonQ a refusé de commenter, tandis que la Maison Blanche et les autres entreprises n'ont pas répondu immédiatement.

Un responsable du département du Commerce a même nié par e-mail être "actuellement" en négociation. Reste à voir si cette intervention gouvernementale, si elle se confirme, suffira à stabiliser un secteur où les géants comme Microsoft et Google prédisent une concrétisation "dans des années, pas des décennies".