OVH Cloud OVH Cloud

Food for thought

317 réponses
Avatar
filh
Une citation sortie de Paris-Art.com

«Fendre, ouvrir les mots, les phrases ou les propositions pour en
extraire les énoncés » (Gilles Deleuze). Tordre le matériau pictural,
photographique, musical : le triturer pour en briser les rigidités, les
pesanteurs, les n½uds afin de faire advenir des formes nouvelles,
c'est-à-dire des manières de voir différemment les choses, d'en produire
des visibilités, ces «évidences» propres à chaque époque : telle est la
mission d'un art contemporain.

Aussi, l'½uvre la plus réaliste, réputée la plus ressemblante, est-elle
le produit d'un travail avec le matériau. C'est une invention de formes,
une énonciation plutôt qu'un reflet d'état de choses.
Sa force de vérité, l'½uvre la puise dans ce travail d'énonciation avec
le matériau qui fait advenir des sens et des regards inouïs.
Nécessairement inactuels.


FiLH



--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org

7 réponses

Avatar
Florent Pessaud
Jean-Claude Ghislain wrote:

Ma wife, aucune, non. Enfin pas plus que n'importe qui. Quand elle
met le nez dans un bouquin d'art elle ne fait *que* regarder les
images et je ne l'ai *jamais* vu lire une quelconque notice dans un
musée.
Et sa théorie sur l'art se résume en gros à "il faut que ça me
touche"


Et pourquoi n'aurait-elle pas raison ?


Mais je ne dis pas qu'elle ait tort.
Je ne penses pas qu'une approche "intellectualisée" de l'art soit supérieur
à une approche "sensorielle", je constate que les deux existent.
Je dirais même plus, que les deux ne sont pas opposables. On peut avoir une
approche basée sur l'affect *et* sur l'intellect.

Et je pense également que toute oeuvre d'art peut être abordée par ces deux
dimensions, ce qui revient à récuser l'idée d'un art "savant" ou "élitiste".
Parce que les catégorisations énoncées dans ce fil et que je dénonce me
paraissent erronées et artificielles.
En l'occurence, en m'appuyant sur l'exemple de mon couple, ou je serais
plutôt "intellectuel" *et* le plus réfractaire à l'art conceptuel ou
minimaliste, et mon amie qui est "affective" *et* la plus réfractaire aux
formes plus classiques d'art.
Contrairement à cette classification tant énoncée ici de Raphaël, Mozart
"faciles et universels" face à Malevitch et Glas "nécessitant une
initiation, complexes, hermétiques"
J'ai parfaitement conscience qu'il s'agit d'un exemple et non d'une vérité
toujours vérifiée, par ailleurs.


On peut d'abord s'interroger sur le sens du mot art : "Manière de
faire une chose selon les règles", "Moyen par lequel on réussit,
habileté", "Expression d'un idéal de beauté dans les oeuvres
humaines", "Ensemble des oeuvres artistiques d'un pays, d'une
époque", "Homme de l'art, personne qui a des connaissances pratiques
dans une disciplines". Ceci tiré d'un Larousse de 1972.


Je retiendrais celle qui est en rapport avec le sujet "Expression d'un idéal
de beauté dans les oeuvres humaines"

Le débat sur l'art qui nous préoccupe, c'est cette aptitude des
humains à réaliser des choses inutiles. Tous les êtres vivants de
cette planète sont capables de réaliser des choses merveilleuses et
parfois très sophistiquées, les toiles d'araignées par exemple, mais
tout cela à un but pratique très précis. L'art des hommes relève de
l'inutile, pratiquement parlant.


L'art est surtout quelque chose de spécifiquement humain. Et, peut-être,
d'indispensable pour être humain ?

L'art fait partie de la nature humaine, cette pratique nous est
nécessaire, c'est par elle que l'on se sent vivant... avec l'amour
bien sûr. L'art est comme l'amour, nous ne sommes pas tous amoureux
des mêmes filles et nous n'apprécions pas le même art.


Paf, m'apprendra à répondre avant d'avoir tout lu.
Onédakor.

Avant tout, l'art est histoire de sensations, d'émotions, aussi bien
lors de la création que de la réception par un spectateur. Nous
vivons dans une époque où l'on met au placard l'émotionnel, c'est
peut-être le contre pied de l'époque romantique où les sentiments
étaient exacerbés et comme toujours, il faut trouver la juste mesure.
L'art nait de l'émotion ou alors c'est de la science, des techniques,
des choses exactes et ce sont des choses intéressantes, nécessaires,
mais qui laissent un vide dans nos coeurs.


Là, ça me semble une vision *un peu* réductrice de l'art.
Mais comme je le disais plus haut, je suis un informaticien, donc l'émotion
:)


Avatar
maintenant
"Florent Pessaud" a écrit dans le message de
news:
"maintenant" <jcp"arrobase"jclaude.ch> wrote in message
news:...


Plutôt que d'être compris, il en est qui se contentent de donner à
comprendre, et alors je te rejoins :


Je reste, mais là c'est personnel, assez dubitatif quand à cette
"innocence" revendiquée de l'artiste


Allez, je prends les guillemets... Non, plutôt que d'innoncence, je reste
acquis à l'idée que le processus de création artistique est d'abord une
pulsion, un besoin. A ce titre, et dans ce cas de création, on est dès le
départ dans l'émotionnel, et pour beaucoup dans le non-verbal. La lecture
sera aussi dans ce registre.
Ecrivant celà, je dis ce que je comprend de l'art, ce qui me touche. Et je
peux très bien admettre que des créateurs produisent plus "froidement". Ils
ne me touchent pas. Je n'ai jamais aimé la musique de Frank Martin qui me
semble être mathématique. Je n'y ai jamais été initié.... Dieu merci ;-}
Par ailleurs, je reste béat devant les mobiles de Calder... qui finalement
ne sont que des constructions mécaniques. Ces mouvements me fascinent, un
peu comme les mouvements d'eau ou du feu.

Par exemple, quand tu as compris le principe de la fiction
consolatoire, il y a un bon paquet de films et de livres que tu ne
peux plus apprécier "naïvement". Mais, de fait, tu ne les apprécies
plus parce que tu ne tombe plus dans le piège de la fiction
consolatoire, et "en échange" tu es à même d'apprécier des oeuvres
plus riches. Et ça n'empêche d'ailleurs pas de "débrancher le cerveau"
pour se complaire dans une fiction consolatoire à l'occasion


Ouais, ce soir, la TSR nous réchauffe "Titanic" ;-)

En général, sauf peut-être pour des oeuvres conçues expressément pour
cela, ce que l'on ressent devant une oeuvre c'est ce que l'auteur
voulait qu'on ressente, donc c'est un peu la même chose.




Là, Cameron, voulait surtout que le spectateur convertisse ses larmes en
dollars, c'est très réussi.

Et puis bon, la lecture de quelques monographies ou de la
correspondance de ces auteurs, voire des tentatives pour écrire
soi-même suffisent à comprendre que, oui, en effet, le prof avait
raison et le hasard joue un rôle minime ...


Je sens poindre sous ce propos, l'idée que la création personnelle doit se
préoccuper des critères de celui qui la reçoit... (peut me trompe-je, mais
c'est ce que je comprends) La je reviens sur la pulsion de crééer. Il s'agit
d'extirper quelque chose de soi. Combien d'artistes, tous arts confondus
avouent que pour eux, créer est une thérapie. Que celà plaise ou non, se
vende ou non, se passe en aval, échappe à la source créative.
Voir aussi le remarquable film "Le mystère Picasso" de Clouzot, qui
m'a fait comprendre énormément de choses tout en étant parfaitement
accessible

Pas vu !


Et je crois que "tout ça", le spectateur le sent, puis le ressent.


Je pense surtout que le spectateur le *sait*
La légende de Van Gogh ne fait pas partie de l'oeuvre, mais elle fait
partie de notre culture, de notre "initiation", elle influe en effet
sur le regard qu'on porte à l'oeuvre.


Non, je crois que l'oeuvre contient la souffrance de l'ariste. La légende,
c'est une forme de savoir. OK, elle influe sur la vision de l'oeuvre.
Celle-ci n'en est pas dépourvue pour autant de ce contenu.
--
Salut,
Jean-Claude
www.jclaude.ch



Avatar
filh
"maintenant" <jcp"arrobase"jclaude.ch> wrote:

"Florent Pessaud" a écrit dans le message de
news:
"maintenant" <jcp"arrobase"jclaude.ch> wrote in message
news:...


Plutôt que d'être compris, il en est qui se contentent de donner à
comprendre, et alors je te rejoins :


Je reste, mais là c'est personnel, assez dubitatif quand à cette
"innocence" revendiquée de l'artiste


Allez, je prends les guillemets... Non, plutôt que d'innoncence, je reste
acquis à l'idée que le processus de création artistique est d'abord une
pulsion, un besoin. A ce titre, et dans ce cas de création, on est dès le
départ dans l'émotionnel, et pour beaucoup dans le non-verbal. La lecture
sera aussi dans ce registre.
Ecrivant celà, je dis ce que je comprend de l'art, ce qui me touche. Et je
peux très bien admettre que des créateurs produisent plus "froidement". Ils
ne me touchent pas.



Un art de bonne qualité est à l'intesection des deux. La seule bonne
intention ne produit rien de bon, le pur calcul non plus.

Une des pièces musicales qui m'a le plus touché est la facone des
partita pour violon seul de Bach, avec cette cruelle interrogation :
comment il a fait pour faire chialer avec des arpèges !


Je sens poindre sous ce propos, l'idée que la création personnelle doit se
préoccuper des critères de celui qui la reçoit... (peut me trompe-je, mais
c'est ce que je comprends) La je reviens sur la pulsion de crééer. Il s'agit
d'extirper quelque chose de soi. Combien d'artistes, tous arts confondus
avouent que pour eux, créer est une thérapie. Que celà plaise ou non, se
vende ou non, se passe en aval, échappe à la source créative.


Pas des critères de celui qui la recoit, mais au moins du fait qu'il y a
un récepteur, que ce ne soit pas une création autiste. On produit un
objet pour autrui.

L'idée d'un art thérapeutique est extrêmement récent, et je n'en suis
pas trop partisan, même si je ne nie pas que le travail artistique est
un travail sur la personne. Si je peux me risquer dans une image, il me
semble que ce serait réduire un voyage en voiture à « brûler de
l'essence et faire bouger les pistons du moteur ».


Non, je crois que l'oeuvre contient la souffrance de l'ariste. La légende,


Argh, les ravages du Pin des landes. Il aurait fallu pendre Théophile
avant qu'il écrive ce truc.

Allez tiens une autre image foireuse : la balade en montagne c'est super
jouissif, et faut abuser pour dire que le plaisir provient des ampoules
au pied !

FiLH


--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org



Avatar
Peter Pan
Non cette conclusion est fausse. Le résultat d'un raisonnement correct
n'est pas une opinion.


Pour clore ce débat (pour ma part) je resterai sur ton assertion aussi
intéressante que contestable, en proposant la lecture de cette citation :
"L'opinion est un groupe plus ou moins logique de jugements qui, répondant à
des problèmes actuellement posés, se trouvent reproduits en nombreux
exemplaires dans des personnes du même pays, du même temps, de la même
société." TARDE, in CUVILLIER, Voc. de la langue philosophique

--
Pierre
http://www.1966.fr

Avatar
maintenant
"FiLH" a écrit dans le message de
news:1gjy259.1r1zovp1g07bbnN%

Un art de bonne qualité est à l'intesection des deux. La seule bonne
intention ne produit rien de bon, le pur calcul non plus.


On serait pas des fois en train de tourner en rond ?
Qui définit la qualité de l'art.....

Une des pièces musicales qui m'a le plus touché est la facone des
partita pour violon seul de Bach, avec cette cruelle interrogation :
comment il a fait pour faire chialer avec des arpèges !


Bach y est pour quelque chose, Nigel Kennedy ou Yehudi Menuhin aussi.
En musique j'ai toujours considéré que c'est l'interprétation qui est
capable de me faire vibrer.

Pas des critères de celui qui la recoit, mais au moins du fait qu'il y a
un récepteur, que ce ne soit pas une création autiste. On produit un
objet pour autrui.


Oui. Ta phrase me rappelle un axiome de la communication selon P.
Watzlawitch :
"C'est le récépteur qui donne son sens au message"
Celà vaut tout autant dans le débat en cours, tant sur le fond des idées de
cette discussion, que sur la forme, je dirais les "ricochets" de verbes
entre les contributeurs.

L'idée d'un art thérapeutique est extrêmement récent,


a peu près depuis que la médecine s'occupe de l'âme ...

et je n'en suis
pas trop partisan, même si je ne nie pas que le travail artistique est
un travail sur la personne. Si je peux me risquer dans une image, il me
semble que ce serait réduire un voyage en voiture à « brûler de
l'essence et faire bouger les pistons du moteur ».


???

Non, je crois que l'oeuvre contient la souffrance de l'ariste. La
légende,



Argh, les ravages du Pin des landes. Il aurait fallu pendre Théophile
avant qu'il écrive ce truc.


Je ne vois pas de quel Théophile tu parles. Je sais qu'il y en avait un
autour de VanGogh, mais je ne le situe pas. Ca m'est égal. L'empreinte du
vécu, surtout s'il est douloureux, dans la création est quand même une idée
partagée assez largement, me semble-t-il.
Peut être a-t-elle plus court dans les milieux psy.
En tous cas, je suis convaincu de sa réalité.

Allez tiens une autre image foireuse : la balade en montagne c'est super
jouissif, et faut abuser pour dire que le plaisir provient des ampoules
au pied !


Non, c'est pas si foireux. La souffrance est une composante de la
jouissance.
--
Salut,
Jean-Claude
www.jclaude.ch


Avatar
filh
"maintenant" <jcp"arrobase"jclaude.ch> wrote:

"FiLH" a écrit dans le message de
news:1gjy259.1r1zovp1g07bbnN%

Un art de bonne qualité est à l'intesection des deux. La seule bonne
intention ne produit rien de bon, le pur calcul non plus.


On serait pas des fois en train de tourner en rond ?
Qui définit la qualité de l'art.....


Ici c'est une affirmation de ma part. Mais il me semble avoir lu de
multiples artistes dire la même chose.


Une des pièces musicales qui m'a le plus touché est la facone des
partita pour violon seul de Bach, avec cette cruelle interrogation :
comment il a fait pour faire chialer avec des arpèges !


Bach y est pour quelque chose, Nigel Kennedy ou Yehudi Menuhin aussi.
En musique j'ai toujours considéré que c'est l'interprétation qui est
capable de me faire vibrer.


La partoche est là (Pour ma part c'est Herny Szeryng qui joue)

et je n'en suis
pas trop partisan, même si je ne nie pas que le travail artistique est
un travail sur la personne. Si je peux me risquer dans une image, il me
semble que ce serait réduire un voyage en voiture à « brûler de
l'essence et faire bouger les pistons du moteur ».


???


Oui, faire de l'art uniquement pour se soigner c'est comme prendre une
voiture faire tourner le moteur sans se déplacer d'un mètre.


Non, je crois que l'oeuvre contient la souffrance de l'ariste. La
légende,



Argh, les ravages du Pin des landes. Il aurait fallu pendre Théophile
avant qu'il écrive ce truc.


Je ne vois pas de quel Théophile tu parles.


Gaulhier !
Bah tout fout le camp, y a plus de récitation à l'école ? (ouarf si ça
se trouve t'es plus agé que moi). Bon je déconne.

http://users.belgacom.net/renedec/page1.html


Je sais qu'il y en avait un
autour de VanGogh, mais je ne le situe pas. Ca m'est égal. L'empreinte du
vécu, surtout s'il est douloureux, dans la création est quand même une idée
partagée assez largement, me semble-t-il.
Peut être a-t-elle plus court dans les milieux psy.
En tous cas, je suis convaincu de sa réalité.


Cela reste une idée très romantique.


Allez tiens une autre image foireuse : la balade en montagne c'est super
jouissif, et faut abuser pour dire que le plaisir provient des ampoules
au pied !


Non, c'est pas si foireux. La souffrance est une composante de la
jouissance.


Ouai mais c'est mieux quand t'as de bonnes chaussures !

FiLH

--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org



Avatar
graphistecomBOUCHONfr
FiLH wrote:

En gros si je comprend bien la chose il faut jeter l'art contemporain
pour la simple et bonne raison que certains en profiteraient pour
mystifier le bourgeois.


Tu as un problème avec les bourgeois ?
Dis-nous une bonne fois pour toute ce que tu leur reproches que l'on en
finisse avec ces obsessions qui n'ont rien à foutre sur un tel ng.

--
Graphistecom