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Food for thought

317 réponses
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filh
Une citation sortie de Paris-Art.com

«Fendre, ouvrir les mots, les phrases ou les propositions pour en
extraire les énoncés » (Gilles Deleuze). Tordre le matériau pictural,
photographique, musical : le triturer pour en briser les rigidités, les
pesanteurs, les n½uds afin de faire advenir des formes nouvelles,
c'est-à-dire des manières de voir différemment les choses, d'en produire
des visibilités, ces «évidences» propres à chaque époque : telle est la
mission d'un art contemporain.

Aussi, l'½uvre la plus réaliste, réputée la plus ressemblante, est-elle
le produit d'un travail avec le matériau. C'est une invention de formes,
une énonciation plutôt qu'un reflet d'état de choses.
Sa force de vérité, l'½uvre la puise dans ce travail d'énonciation avec
le matériau qui fait advenir des sens et des regards inouïs.
Nécessairement inactuels.


FiLH



--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org

10 réponses

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graphistecomBOUCHONfr
FiLH wrote:

Il ne me semble pas que Le Carravage ait été un grand peintre de son
vivant. Goya non plus me semble-t-il également.


On s'en fout un peu de leurs temps, on est au 21e et c'est maintenant
que ça compte.


Dans ce cas quel est le rapport avec l'art contemporain et son
accessibilité au public comme aux artistes contemporain à Goya ou
Carvaggio ?

Parfois les mouvements ne sont perceptibles que bien plus tard et on se
rend compte que des années après de l'importance de gens.


C'est bien ce que je signifiais. L'Histoire juge. Mais celà ne signifie
pas qu'il s'agit d'un grand peintre.

Tu sais comme une graine: pendant longtemps on ne voit rien puis un
jour t'as une fleur.


Ah ben oui, bien sûr. Que je suis con parfois !

Qu'à son époque Géricault ait été ignoré n'a strictement aucune
influence sur le fait qu'il est ou pas un grand peintre, idem pour les
autres.


Un grand peintre estimé aujourd'hui ne le sera peut-être plus demain.
Vis-à-vis de l'Art celà un grand peintre ne signifie rien, àmha.
Vis-à-vis de l'Histoire c'est autre chose.

--
Graphistecom


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graphistecomBOUCHONfr
FiLH wrote:

P.S. C'est vrai que personne n'a abordé les laborieuses années d'école
où l'on enseigne soigneusement les bases d'un académisme plastiqe.


Tu as raison. Il faut aller à l'école pour pouvoir regarder une peinture
figurative ou une affiche de cinéma.
Tu cherches le ridicule, comme d'habitude.

--
Graphistecom

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florentpessaud
(Graphistecom) wrote in message news:<1gjuv9s.10kxbwbhs17j3N%...


Non. Tu as besoin de quelqu'un pour t'apprendre à écouter la musique
classique ? Quelle énormité !
Je ne vois pas en quoi c'est "énorme".

Si tu penses être capable de comprendre de manière profane une oeuvre
de Mozart ou de Bach, euh, tu es méga-fort, quand même.
C'est /un poil/ plus complexe qu'une chanson de Lorie, hein...


Il ne s'agit pas de la comprendre mais de l'écouter. On se fout de
l'analyse de l'oeuvre.


Certes. Et je persiste. Entre un format de 3'30" ultra-calibré avec
voix et orchestration neutre s'appuyant sur une suite de 4 accords
faciles, avec refrain entraînant et /Le Requiem/ excuses moi de te
décevoir mais ce qui est facile à écouter, ce qui peut s'apprécier
sans initiation, c'est la pop, *pas* Mozart.

Y'a qu'à comparer le nombre de spectateurs pour un concert pop et pour
un concert classique (alors que les places sont *moins* chères pour un
concert classique), ou les ventes de disques.

Mozart n'a *rien* d'évident ou d'immédiatement accessible. C'est très
complexe harmoniquement, c'est riche, ce n'est pas de la musique qui
fait spontanément remuer la tête...


Lis bien ma proposition, juste au dessus :
On peut *SOIT* s'appuyer sur l'affect *SOIT* sur ce que tu appelles
une "initiation"
Deux approches différentes (et eventuellement complémentaires) d'une
oeuvre, et qui restent valables que l'on parle de Malevich ou de
David, de NTM ou de Bach ...
Ce que je conteste, justement, c'est que tu distingues entre les deux
Raphaël, "facile", Mirò, "difficile".


Les oeuvres de Raphaël sont plus figuratives et celles de Mirò plus
conceptuelle.


Abstraites, pas conceptuelles.
Raphaël est, /à priori/ beaucoup plus conceptuel que Mirò. A confirmer
par des historiens de l'art plus pointus que moi mais entre la
démarche surréaliste pour exprimer l'inconscient et la démarche
ultra-formaliste et codifiée de la Renaissance

Voir est plus facile et direct que raisonner voire
imaginer sans le moindre indice ou référent. Bref, les oeuvres des deux
artistes ne s'appréhendent pas de la même façon. Celles de Mirò sont
tout de même moins adaptées pour éveiller un quelconque plaisir
spontané.


Réponse 1 : Ben non. Pas du tout. C'est un préjugé comme je cherche à
te le démontrer...
Réponse 2 : Le but de l'art n'est pas "d'éveiller un plaisir
spontané".

Je sens qu'on va bientôt devoir faire rentrer Eco dans la danse, si ça
va plus loin.

Je ne connais pas ce que fais Reich. Je ne pourrai donc répondre à ton
argument.


De la musique répétitive. Comment peut-on connaître Eno sans connaître
Reich ?

Une représentation d'une femme sereine tenant en ses bras un enfant
a-t-elle besoin d'initiés pour être apprécié ?
Oui. Autant qu'une calligraphie.



Non. Parce que la représentation est figurative tandis que la
calligraphie fait appel au verbe et au signe (logos). La calligraphie
allie esthétique et sens.


Certainement pas. Je ne parle ni chinois ni arabe et j'apprécie la
calligraphie quand même.
Le sens n'intervient pas dans la calligraphie. Ce n'est pas une jolie
mise en forme de poème c'est un travail sur la forme.

Autant une vierge à l'enfant pourra être appréciée en tant que jolie
image, autant une calligraphie soulèvera toujours une part
d'interrogation si l'on ne sait la décrypter.


Tu as l'air très convaincu de cela, et je trouve cela un peu
inquiétant quelque part...

Si l'on enlève la dimension kitsch de la chose, une Pietà me paraît
même un sujet eminemment plus complexe qu'un motif géométrique.
Tu verses dans l'analyse d'oeuvre. C'est de l'histoire de l'art. C'est

un autre débat.


Non, basiquement, qu'est ce qui (toute référence culturelle mise à
part) *peut* émouvoir dans une Pietà ?
Les liens de tendresse filiaux et maternels ?

Alors
1) déjà là c'est de la pure tarte à la crème, c'est du pompier dans
toute sa splendeur, de réduire l'art à cela
2) En plus, les liens mère-enfant, ça n'est pas du tout une notion
universelle dans l'humanité. Donc y'a plein de civilisations qui vont
trouver cela vaguement grotesque ou répugnant mais pas émouvant.
3) Alors qu'il y a aussi plein de civilisations qui vont admirer
l'ordre et la perfection de la nature et qui seront par conséquence
fascinés, par exemple, par des oeuvres fractales.

Un motif géométrique, c'est un truc tellement simple, demandant
tellement peu d'initiation que même mon chat peut être fasciné.
Non. Même un chat ne peut appréhender un carré, un cercle ou un autre

polygone.


Un motif géométrique, pas une *forme*

Je t'assure que tu mets une moquette façon Tomasello avec un éclairage
rasant, mon chat va la kiffer grave.
Vachement plus qu'une pietà -quoique, à la réflexion, si c'est une
statue de taille respectable il est probable qu'il ira volontiers se
nicher dans les bras de Marie et contre le petit Jesus, c'est un
endroit confortable

Il faut faire un effort d'interprétation car la forme
géométrique est une simplification de la réalité.


C'est tellement beau que je le laisse...

C'est une simplification donc c'est plus compliqué, ça méritait d'être
dit

Sans parler de la notion de "forme géométrique simplification de la
réalité" qui est mignon aussi


A contrario, résumer la Pietà de Michel-Ange à "une femme sereine
tenant en ses bras un enfant" c'est passer à côté de 98 % de l'oeuvre,
lui enlever sa dimension artistique pour la réduire à son kitsch.


Oui et alors ? Combien de clampins s'émeuvent d'oeuvres en ne s'en
tenant qu'au "kitsch" ?


Plein.
Justement, là, on parle d'art.
Avoir une démarche artistique ce n'est *pas* d'empiler les clichés
vendeurs, il y a même une tendance assez forte (chez les "classiques"
comme chez les "modernes") à définir la démarche artistique comme
étant le contraire de cela

Par contre pour s'émouvoir tout seul d'un Malevitch il faudra que tu
m'expliques le processus. Sans initiation ou connaissance des arts celà
va être difficile.


Meet my wife.

Et elle est loin d'être unique dans le monde, en plus. Y'a aussi
Claude Berri. Ca en fait déjà deux.

Si tu n'as jamais vu quelqu'un être ému au bord des larmes devant un
tableau blanc et profondément ennuyée devant un Raphael, tu n'as rien
vu du monde, petit.

Non que je juge cela *plus* pertinent que d'être ému devant un Raphaël
et ennuyé devant un Malevitch, juste j'essaies de faire comprendre que
ça existe *aussi* et que si ça ne se voit pas plus c'est
essentiellement en raison d'un formatage culturel


A-t-on
besoin d'être initié pour apprécier les photographies de HCB ou
Doisnaud?
Carrément oui. D'ailleurs j'attends encore l'initiation qui me

permettra de les apprécier :)
Carrément non. Car on peut seulement s'en tenir à leur contenu. Un gosse

qui joue, une femme qui rit, un père qui travaille ça peut s'apprécier
juste par contemplation et par "affec" puisque tu y tiens.


Oui, et si on s'en tient là, c'est de la merde.
Et là sans ironie et en choisissant le mot avec soin, c'est
précisément *ces* raisons qui me font mépriser, en particulier,
Doisneau.

C'est 100% démagogie, c'est tout sauf de l'art, c'est, c'est le même
ressort que la StarAcademy.

Tu considères la StarAc comme de l'art ?


J'ajouterais même que
3) C'est *précisément* le fait que nous soyons par acculturation
"initié" aux oeuvres classiques qui crée ce sentiment de plus grande
accessibilité


La culture est certes une introduction à certaines oeuvres. Mais les
oeuvres que tu appelles "classiques" sont généralement universelles car
faisant appelle aux cinq sens universels plutôt qu'à un raisonnement.


*Mais c'est faux* cela. Et tu n'as pas le début d'une queue d'argument
pour défendre cela en plus à part ton "impression".

C'est même un énorme contre-sens que tu énonces là :

Des types comme Kandinsky ou Mondrian ont justement passé leur vie à
essayer de tendre vers des oeuvres faisant appel aux sens et non au
raisonnement

Quand une oeuvre ne *représente* rien d'autre que des formes et des
couleurs, ce qui te reste pour l'apprécier c'est _précisément_ tes
seuls sens, sans le soutien de béquilles culturelles comme dans une
oeuvre figurative.

La disparition du figuratif, c'est précisément un appel à
l'universalité par opposition à une peinture figée dans une culture.

Et on retrouve les mêmes phénomènes dans la danse ou la musique
contemporaine.
/A contrario/ de ce que tu dis une volonté nouvelle d'universalité.
C'est avec les avant-garde du début du XXè que justement l'art se
tourne vers les autres cultures, les autres civilisations, que l'on
découvre les "arts premiers" et qu'on commence à les voir comme autre
chose qu'un folklore naïf mais comme des formes d'art à part entière.


Je pensais à la peinture abstraite cela me paraissait aller de soi


Ah ? Donc un Picasso ou un Dali sera plus "évident" à appréhender qu'un
Rubens. Là je ne peux rien ajouter de plus. Nos avis seront toujours
divergeant tant la différence de perception est grande.


Mega snip sur un exemple parlant avec illustration pour éviter de
répondre, et tu repars d'exemples qui justement sont tout sauf des
peintres abstraits.

Cela dit, un Dali, dérangeant mais "joli" dans l'exécution technique,
genre "la persistance de la mémoire" peut très bien selon *tes*
critères plaire plus qu'un Rubens, avec ces gens tous gros et pas très
jolis.

Je n'ai, fourbement, pas choisi la musique au hasard. Mais
précisément, parce que c'est un art codifié, structuré, ou il est très
facile justement de mettre en évidence les spécificités culturelles et
leur influence sur la perception des oeuvres.


La musique est-elle destinée aux oreilles ou à l'intellect ?


La fonction de la musique varie beaucoup selon les cultures.
Dans toutes celles ou elle est à la base de phénomènes de transes, je
t'assures qu'elle ne s'adresse pas aux oreilles.

Et je t'assures, à contrario, que la musique de Bach, la musique
religieuse occidentale en général, s'adresse essentiellement à
l'intellect.

Tu introduits encore une interprétation basé sur l'analyse.


Pour commenter, ce que nous faisons là, on est bien obligés
d'analyser.

C'est faux, on n'utilise pas les mêmes gammes selon les cultures et
il


s'ensuit que ce qui constitue d'atroces canards chez nous est
mélodieux chez les chinois.


Des "dissonances" chez certains pourront être appréciées pourvu qu'il y
ait une logique dans leur organisation et leur émission.


Non, parce que c'est "faux", et que justement c'est faux parce que
c'est une organisation qui n'entre pas dans *notre* logique.

La culture
n'est pas une obligation dans l'appréhension de la musique selon mes
expériences personnelles.


Va discuter de tes expériences personnelles avec des
ethnomusicologues, tu vas révolutionner leur profession.

Parce que pour toi l'allemagne et la france ce sont des cultures,
des


civilisations différentes ?
Il y a des différences culturelles non négligeable, notamment dans les

siècles passés.
Aujourd'hui celà est moins vrai, certes.


Oula... Bon, d'accord. Tu as surement raison.

:)


Ben, là tu nous cite des artistes "hermétiques et incompréhensibles",
pourtant.


Pourtant leur musique s'écoute aussi facilement que Lorie & consort.


Euh, "Music For Airports" et "C'est le weekend", c'est pas vraiment le
même niveau d'accessibilité.

Ou alors faudrait savoir, un coup pour la peinture tu défends le côté
on peint des petits anges et des jolis bébés c'est universel, un coup
pour la musique tu ne perçois pas en quoi des morceaux monotonaux de
20 minutes peuvent être difficiles à écouter.

Difficilement abordable car il est trop conceptuel.
Ben je sais pas, Buren, c'est abordable, c'est même à la limite du

"purement décoratif", et pourtant c'est carrément conceptuel...


Je n'ai jamais affirmer que tout l'art contemporain était conceptuel.
Mais il l'est majoritairement et par comparaison aux Beaux-Arts.


L'art est conceptuel. Par essence.
Bon, une fois que cela est dit, les artistes "uniquement" conceptuels,
dont l'oeuvre se résume au concept, y'en a quand même très peu.
Oui, Buren, dont la postérité retiendra probablement plus son contrat
de cession d'une oeuvre que son oeuvre même, quelques rigolos dans les
années 60, et basta.

Après, des types comme Vinci ou Bach, pour en prendre deux au génie
reconnu, ont poussé la conceptualisation très très loin... Vinci, par
moments, c'est l'Oulipo appliquée à la peinture, quand à Bach, le
nombre d'oeuvre écrites uniquement pour voir si quelqu'un arriverait à
les jouer est quand même important.. Et ce sont ses oeuvres majeures



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FiLH
(Graphistecom) writes:

FiLH wrote:

P.S. C'est vrai que personne n'a abordé les laborieuses années d'école
où l'on enseigne soigneusement les bases d'un académisme plastiqe.


Tu as raison. Il faut aller à l'école pour pouvoir regarder une peinture
figurative ou une affiche de cinéma.
Tu cherches le ridicule, comme d'habitude.


Mais c'est toi qui le trouve comme d'habitude.

L'apprentissage du c'est plus réaliste donc c'est plus beau se fait à
l'école entre autre (ou se faisait car bon ça évolue), et donc
l'établissement du jugement de valeur.


FiLH

--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
Web: http://www.filh.org e-mail
FAQ fr.rec.photo : http://frp.parisv.com/
Sitafoto la photo a Bordeaux : http://sitafoto.free.fr/


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florentpessaud
(Graphistecom) wrote in message news:<1gjuv9s.10kxbwbhs17j3N%...

Il n'y a pas de frontières. Juste une constatation par comparaison de
mes références en art classique et en art contemporain. D'ailleurs dans
les analyses d'art, celles d'oeuvres classiques m'épargnent bien souvent
de sortir dictionnaire de français et d'histoire de l'art.


Bon pour résumer, parce que ça commence à me titiller tout ça, l'art
contemporain est difficile d'accès parce qu'il est
1) Trop abstrait
et
2) Trop conceptuel

Pour toi, l'art le plus "facile", c'est le figuratif, donc. Qui ne
nécessite pas autant de bagage culturel, etc, il serait plus
"naturel".

Donc, hop, quelques oeuvres, et tu va me dire si tu les trouves
"figuratives" et "pas conceptuelles" :

http://witcombe.sbc.edu/sacredplaces/images/lascauxmain.jpg
Ca t'évoque plus Picasso ou Raphaël ?
http://w3.hep-bejune.ch/formateurs/salleclasse/lionneldubois/images/Lascaux.jpg
La représentation du mouvement, là encore, plus dans l'esprit de
Picasso ou du néoclassicisme ?
http://www.uiowa.edu/~c009113/images/lascaux-wounded-bison.jpg
Tu trouves que l'humain là est représenté de manière abstraite ou
figurative ?

http://www.units.muohio.edu/dragonfly/plants/tot1.jpeg
Figuratif ou abstrait ?
http://www.arthur.rope.clara.net/snaps2/NZ-maori-art.jpg
Figuratif ou abstrait ?
http://www.aotearoa.co.nz/azure/images/koru_earth1.jpg
Figuratif ou abstrait ?
http://perso.wanadoo.fr/africart/photos/ka1m.jpg
Figuratif ou abstrait ?
http://kobukai.free.fr/images/yinyang.gif
Figuratif ou abstrait ?

Etc, etc ...

Et pour le conceptuel ...

http://pantransit.reptiles.org/images/1996-07-28/da-vinci-man.jpg
Ceonceptuel ou "intuitif" ?

Avatar
FiLH
(Graphistecom) writes:

Il n'y a pas de frontières. Juste une constatation par comparaison de
mes références en art classique et en art contemporain. D'ailleurs dans
les analyses d'art, celles d'oeuvres classiques m'épargnent bien souvent
de sortir dictionnaire de français et d'histoire de l'art.


Ce qui signifie essentiellement que tu es plus familier de l'un que de
l'autre.

À moins que tu ne te prennes comme la référence absolue de ce que doit
savoir quelqu'un ?

FiLH


--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
Web: http://www.filh.org e-mail
FAQ fr.rec.photo : http://frp.parisv.com/
Sitafoto la photo a Bordeaux : http://sitafoto.free.fr/

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florentpessaud
"maintenant" <jcp"arrobase"jclaude.ch> wrote in message news:...

Pour prendre du plaisir à contempler une oeuvre, non, pas
nécessairement.
Comprendre ce que l'auteur a voulu exprimer, c'est plus le boulot du
critique que du spectateur, et on peut vouloir n'être "que"
spectateur.


La aussi, est-ce nécessaire de comprendre ce qu'a voulu exprimer l'auteur ?


Nécessaire, non.
Mais bon, en général, soit l'auteur a voulu exprimer une chose
relativement précise, et alors la compréhension est évidente même sans
lire de notice, soit à contrario (et c'est une démarche assez récente
chez les artistes) l'auteur veut permettre à chacun de ressentir ce
qu'il veut, le regard du spectateur faisant pour ainsi dire partie de
l'oeuvre (démarche artistique très critiquée d'ailleurs par certains
sémiologues mais bon ...)

J'ai des doutes. JCG (je crois, de mémoire) a mentionné plus haut l'artiste
qui écoute ses "spectateurs" sans donné son commentaire. J'aime cette image
et je pense que beaucoup d'artistes restent "en amont des mots" dans leur
expression, apprécient aussi que leur spectateurs gardent cette réseve.
Plutôt que d'être compris, il en est qui se contentent de donner à
comprendre, et alors je te rejoins :


Je reste, mais là c'est personnel, assez dubitatif quand à cette
"innocence" revendiquée de l'artiste

Comprendre le travail de l'artiste, c'est surtout intéressant quand,
justement, on ne "comprend" pas intuitivement une oeuvre, quand elle
laisse indifférent,
là, je sens qu'on approche de la notion d'initiation...



En effet. Mais on est jamais totalement vierge quand on arrive devant
une oeuvre, de toutes façons.
L'initiation, ça peut se limiter bien souvent à donner 2/3 clefs pour
aider à dépasser ses préjugés

Comprendre, ça n'enlève pas la magie.
Pour moi, oui.



Je connais plein de gens comme ça. Y compris des musiciens qui
refusent de travailler trop le solfège et la culture musicale
classique par peur de "s'enfermer dans des règles" et de perdre leur
créativité. Bon résultat ils réinventent la roue tous les mois :)

Là il faut que je m'explique. Lorsqu'on a compris, (toujours dans le domaine
de l'art, hein, faut pas étendre ça aux math ;-) c'est un processus qui a
abouti, qui n'est plus en évolution. C'est peut-être un trait de mon
caractèpre, je me détourne que ce qui est achevé, et c'est celà qui m'avais
amené à.


Oui, je comprends bien le point de vue. Là, ça tient de démarches
personnelles, je vois bien ton raisonnement, même si je ne le partage
pas et que je pense, par expérience, que plus on en sait, plus on
comprend de choses, et plus les portes s'ouvrent pour aller plus loin.
Bon, certes, ça décille aussi pas mal, et une fois "initié" il y a
certaines choses qu'on aimait et qu'on ne peut plus aimer. Mais sans
qu'on puisse parler pour autant de perte...
Par exemple, quand tu as compris le principe de la fiction
consolatoire, il y a un bon paquet de films et de livres que tu ne
peux plus apprécier "naïvement". Mais, de fait, tu ne les apprécies
plus parce que tu ne tombe plus dans le piège de la fiction
consolatoire, et "en échange" tu es à même d'apprécier des oeuvres
plus riches. Et ça n'empêche d'ailleurs pas de "débrancher le cerveau"
pour se complaire dans une fiction consolatoire à l'occasion

En général, sauf peut-être pour des oeuvres conçues expressément pour
cela, ce que l'on ressent devant une oeuvre c'est ce que l'auteur
voulait qu'on ressente, donc c'est un peu la même chose.


Ces ressentis sont si personnels que j'ai des doutes.


Voir plus haut. A part pour une part marginale de la production
artistique, en général un auteur sait ce qu'il veut exprimer et faire
ressentir à son public.

Yaka se rappeler les commentaires composés de poème au lycée.
A l'époque, je me souviens très bien que je pensais qu'on plaquait un
discours sur une oeuvre, qu'on "inventait" une signification imposée
et pas forcément conforme à la vision de l'auteur.

Et puis bon, la lecture de quelques monographies ou de la
correspondance de ces auteurs, voire des tentatives pour écrire
soi-même suffisent à comprendre que, oui, en effet, le prof avait
raison et le hasard joue un rôle minime ...

Voir aussi le remarquable film "Le mystère Picasso" de Clouzot, qui
m'a fait comprendre énormément de choses tout en étant parfaitement
accessible

Par exemple, les peintures rupestres de Lascaux, ont un retentissement
émotionnel (j'y reviens!) considérable chez moi. Je sais ne pas être le
seul.
Là, c'est un peu de la triche, parce que en plus de l'oeuvre en

elle-même il y a l'histoire.
C'est vrai, mais l'histoire, n'est-ce pas de l'art ?



Non, mais c'est une forme d'initiation.... Tu sais des choses sur
l'oeuvre qui te font la juger différemment.

Et cette légende, peut-on maintenant la considérer comme "appartenant
à l'oeuvre" ou comme un parasitage de celle-ci ?
La notion de temps écoulé revient. On ne sait rien de ce qui forge les

légendes de demain.
Je pense qu'un VanGogh, sa vie, sa souffrance, son oreille arrachée à défaut
de pouvoir couper la folie, sont en train de passer dans la légende. Et son
oeuvre, avant d'y être liée, porte tout ça.
Et je crois que "tout ça", le spectateur le sent, puis le ressent.


Je pense surtout que le spectateur le *sait*
La légende de Van Gogh ne fait pas partie de l'oeuvre, mais elle fait
partie de notre culture, de notre "initiation", elle influe en effet
sur le regard qu'on porte à l'oeuvre.



Avatar
florentpessaud
"Bour-Brown" wrote in message news:<chpit5$b90$...
Florent Pessaud a écrit
( )

Tu peux le prouver, ça, ou c'est juste un ressenti personnel ?


C'est impossible en la matière. Oh, on pourrait se lancer dans le jeu des
citations, de la reconstruction des débats de l'époque, mais «prouver»...


Ben il existe quand même quelques petites choses pour justifier de la
validité d'un raisonnement, d'une idée...

Les sciences humaines, ce n'est pas comme les sciences exactes. Pas
d'épistémologie, de théorie de la démonstration, de notion de preuve et de
réfutabilité, tout ça. Nous, ici, c'est la rhétorique, rien d'autre.


La rhétorique, originellement, est une science.
Il y a la logique, aussi.
Enfin, plein d'outils, qui sont au programme standard du lycée en
français et en philo.
Une dissertation ce n'est pas juste "j'ai mon avis et c'est mon avis
il est aussi valide qu'un autre".

Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'expérimentation possible que tous
les discours se valent...

Ici j'expose une opinion, la mienne. J'essaie la plupart du temps de la
fonder sur un raisonnement ou des connaissances, j'essaie parfois de varier
le style pour animer les échanges, mais ça reste une opinion. Je crois
d'ailleurs l'avoir exposé suffisamment pour que chacun ait pu s'en faire une
idée.


S'en faire une idée, oui. Mais tu ne cherches guère à dépasser,
justement, "l'opinion". De nous expliquer, de nous montrer, sur quoi
et en quoi elle est fondée.

Si c'est juste pour échanger des opinions, on va jamais aller très
loin dans la discussion, qui est quand même l'essence d'un forum de
discussion.

Une "opinion", ça ne se discute pas.
"J'aime le vert", oui, que répondre à ça, "Je trouve le nouveau Sony
X8412 super", que répondre à ça, ce sont des opinions, bon, c'est
guère intéressant, "l'art contemporain c'est incompréhensible et
prétentieux" c'est du même acabit.

Ce qui est intéressant, c'est d'expliquer les atouts du nouveau Sony,
ce qu'il apporte par rapport à d'autres APN.
Ou pourquoi le vert est, pour toi, une couleur essentielle dans une
photo, les nuances possibles, ce que ça permet d'exprimer.
Ou sur quoi tu bases cette estimation de l'art contemporain...


Avatar
FiLH
(Florent Pessaud) writes:
"maintenant" <jcp"arrobase"jclaude.ch> wrote in message news:...
Pour prendre du plaisir à contempler une oeuvre, non, pas
nécessairement.
Comprendre ce que l'auteur a voulu exprimer, c'est plus le boulot du
critique que du spectateur, et on peut vouloir n'être "que"
spectateur.


La aussi, est-ce nécessaire de comprendre ce qu'a voulu exprimer l'auteur ?


Nécessaire, non.
Mais bon, en général, soit l'auteur a voulu exprimer une chose
relativement précise, et alors la compréhension est évidente même sans
lire de notice, soit à contrario (et c'est une démarche assez récente
chez les artistes) l'auteur veut permettre à chacun de ressentir ce
qu'il veut, le regard du spectateur faisant pour ainsi dire partie de
l'oeuvre (démarche artistique très critiquée d'ailleurs par certains
sémiologues mais bon ...)


Il peut y avoir une autre possibilité où finalement l'auteur a le
besoin d'expression sans finalement trop savoir ce qu'il veut dire.
J'imagine que l'on peut faire de la poésie, de la danse, de la musique
à partir de sensations, de sentiments...

Je crois aussi que même quand on a un message conscient, on est
souvent dépassé par son message (sinon c'est plus de l'art, mais de la
communication, quand le message est calibré, précis, univoque).


FiLH

--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
Web: http://www.filh.org e-mail
FAQ fr.rec.photo : http://frp.parisv.com/
Sitafoto la photo a Bordeaux : http://sitafoto.free.fr/



Avatar
Jean-Claude Ghislain

Il peut y avoir une autre possibilité où finalement l'auteur a le
besoin d'expression sans finalement trop savoir ce qu'il veut dire.
J'imagine que l'on peut faire de la poésie, de la danse, de la musique
à partir de sensations, de sentiments...

Je crois aussi que même quand on a un message conscient, on est
souvent dépassé par son message (sinon c'est plus de l'art, mais de la
communication, quand le message est calibré, précis, univoque).


Je partage parfaitement cette analyse.

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Jean-Claude Ghislain
www.grimart.com