In situ Veritas

"Benoit" <benoit@com.invalid> a écrit :

Vie : n.f. Maladie mortelle sexuellement transmissible

Excellent ! Et de Cioran : Le spermatozoïde, ce bandit à l'état pur.

Et puis, quand ce sont des tableaux d'autrefois c'est joli, quand c'est
une photo d'aujourd'hui c'est dégueulasse. Pourquoi ?

Je ne sais pas. Je pense que la photographie a pris une tout autre
importance que la peinture. Elle a mangé la place de la peinture qui avait
régné jusqu'au 21 ème siècle. Maintenant pour la peinture c'est terminé.
J'ai revu dernièrement un vieil ami, Yan Pei-Ming, qui affronte le monde
contemporain depuis trente ans avec son art. Dans son atelier il y a un
immense portrait de Coluche et aussi quatre grandes peintures, des
réinterprétations du Titien, aussi un paysage en diptyque de l'ocean très
sombre avec des immigrants noyés dedans que je n'avais pas remarqués. J'ai
depuis toujours eu une admiration fascination sidération totale pour sa
peinture. Pourtant à ce jour j'estime qu'elle tourne en rond en elle-même.
Pourquoi refaire des Titiens ? Pour foutre sa claque à la peinture ? Oui !
Mais la photographie est un tout nouvel univers. On en est qu'aux débuts.

Amitiés,
albert

albert <alphoto.nospam@wanadoo.fr> wrote:

Bonsoir Benoit,

"Benoit" <benoit@com.invalid> a écrit des choses très agréables à lire, où
l'on s'aperçoit que si nous n'avons pas les même enjeux des correspondances
peuvent s'établir sur le sujet et éclairer d'un jour différent nos propres
personnalités. Donc, merci Benoit, c'est sympa.

Je te retourne le remerciement.

J'aime aussi ton entreprise déterminée d'analyse de cette forme de vie
nouvelle qui occupe la mort. J'ai pratiqué sur plusieurs années le suivi de
la pourriture engendrant une nouvelle vie, avec les chablis. C'est une
évolution végétale plus lente, mais tout aussi captivante. Par exemple :
http://photo.imaginaire.free.fr/panoramique/void_08/void_08-a-propos.htm

C'est ça, mais son défaut est qu'il est trop lié à la connaissance des
origines de la modification des chablis (merci de me faire découvrir une
nouvelle définition du mot). C'est du second degré. C'est réelle, la
réalité, mais je ne sais ni vois pourquoi. Par contre de la bidoche qui
pourrit...

C'est passionnant. Je reviens encore sur l'évidence que la réalité est
indécise et indéfinissable.

Si c'est indécis pour toi, comment veux-tu en faire une vérité ?

Seule une photographie sera capable de la fixer (c'est le cas de le dire)
mais à partir des ces moments là elle s'impose et devient décisive. Ce que
a priori on ne voit pas parce que c'est inintéressant ou trop génant (les
mouches, la puanteur associée...) peut prendre une toute autre allure.

Là, on est entièrement d'accord pour l'intérêt et la gêne (Ca 1200
gehine « torture pour obtenir un aveu ») en tant que sujet de la photo.

Tu en peux pas savoir combien je demande à mon réseau de me prévenir de
ce genre de sujet, plus gros qu'un oiseau de tous les jours (quoi qu'un
goéland soit quand même une taille au-dessus).

La prochaine fois que je trouve un renard sur la route je le récupère,
et un sanglier... je fonce chez des amis qui n'ont pas de voisins. Dans
les deux cas je sors mon bon vieux couteau de la poche et j'assure. J'en
connais un qui a eu l'intérieur de sa voiture détruit par une bête qui
s'est réveillée. Comme quoi la vérité et la réalité sont deux choses
différentes.

Le meilleur compliment que l'on m'ai fait dans ma vie de photographe est
de me dire : albert, quand on se promène dans la forêt, les chablis avant
on ne les voyait pas, maintenant on les voit.

+1

Je te retourne le compliment. Je connais tes photographies depuis
longtemps et ce sujet que tu traites, m'a dès lors rendu attentif quand je
le rencontre.

Merci de me donner cette qualité. Bonne chance pour ta revanche ;)

P.S. Je t'ai envoyé un mail, à l'adresse que j'ai trouvée.

--
Pense à l'étiquette qu'une fois les vendanges faites.

Benoit :

albert <alphoto.nospam@wanadoo.fr> wrote:

Bonsoir Benoit,
"Benoit" <benoit@com.invalid> a écrit des choses très agréables à lire, où
l'on s'aperçoit que si nous n'avons pas les même enjeux des correspondances
peuvent s'établir sur le sujet et éclairer d'un jour différent nos propres
personnalités. Donc, merci Benoit, c'est sympa.

Je te retourne le remerciement.

vous allez nous faire un petit ? :-)

J'aime aussi ton entreprise déterminée d'analyse

(...)

Alf92 <alf921@gmail.com> wrote:

Benoit :

> Une photo techniquement ratée ne peut pas être belle ?
>
> Hein ! GR ? ;)
>
> Ça me donne envie de publier une série de photos « ratées ».

on pourra les retoucher sans être traité d'escroc ? :-)

Tu peux toujours essayer de les retoucher si tu devines celles que je
vais poster (elles devraient être sur le site).
Et Toc ! ©

--
Pense à l'étiquette qu'une fois les vendanges faites.

albert <alphoto.nospam@wanadoo.fr> wrote:

"Benoit" <benoit@com.invalid> a écrit :
> Vie : n.f. Maladie mortelle sexuellement transmissible

Excellent ! Et de Cioran : Le spermatozoïde, ce bandit à l'état pur.

>Et puis, quand ce sont des tableaux d'autrefois c'est joli, quand c'est
>une photo d'aujourd'hui c'est dégueulasse. Pourquoi ?

Je ne sais pas.

Moi non plus.

Je pense que la photographie a pris une tout autre importance que la
peinture. Elle a mangé la place de la peinture qui avait régné jusqu'au 21
ème siècle. Maintenant pour la peinture c'est terminé.

Non, jamais ! Ce que tu dis est équivalent à soutenir que la technologie
a tué la musique « classique » quelque soit les auteurs, et les
interprètes. La peinture comme la musique, l'architecture, la
sculpture... ont aujourd'hui des compléments, des extensions, et non des
concurrents comme tu l'entends.

J'ai revu dernièrement un vieil ami, Yan Pei-Ming, qui affronte le monde
contemporain depuis trente ans avec son art. Dans son atelier il y a un
immense portrait de Coluche et aussi quatre grandes peintures, des
réinterprétations du Titien, aussi un paysage en diptyque de l'ocean très
sombre avec des immigrants noyés dedans que je n'avais pas remarqués. J'ai
depuis toujours eu une admiration fascination sidération totale pour sa
peinture.

Tu as de la chance de pouvoir rencontrer des personnes de ce niveau. Moi
non, et ça me manque.

Pourtant à ce jour j'estime qu'elle tourne en rond en elle-même.
Pourquoi refaire des Titiens ? Pour foutre sa claque à la peinture ? Oui !

Non ! Son âge l'a usé ? Pour l'âge c'est kif-kif, je suis plus vieux
d'une semaine. Il tourne en rond peut-être, mais ce n'st ni l'âge ni la
technique utilisée. Il ne trouve pas, aujourd'hui, une nouvelle façon de
transmettre ce qu'il a dans la tête, ce qu'il voit.

Mais la photographie est un tout nouvel univers. On en est qu'aux débuts.

Là, d'accord, c'est un nouvel outil de création qui ne connaît pas
encore ses limites. En parlant de limites, certains sont allés dans le
dodécaphonique... catastrophe pour moi, génie pour d'autres.

--
Pense à l'étiquette qu'une fois les vendanges faites.

Le samedi 2 juin 2018 22:55:49 UTC+2, Alf92 a écrit :

vous allez nous faire un petit ? :-)

Ouaip ! Pourquoi pas. Ce serait une nouveauté alors que les artistes se développent généralement par scissiparité. On vit un monde nouveau, éminemment virtuel et imaginaire. Il faut s'attendre à tout.
albert

Alf92 <alf921@gmail.com> wrote:

Benoit :
> albert <alphoto.nospam@wanadoo.fr> wrote:

>> Bonsoir Benoit,
>> "Benoit" <benoit@com.invalid> a écrit des choses très agréables à lire, où
>> l'on s'aperçoit que si nous n'avons pas les même enjeux des correspondances
>> peuvent s'établir sur le sujet et éclairer d'un jour différent nos propres
>> personnalités. Donc, merci Benoit, c'est sympa.
>
> Je te retourne le remerciement.

vous allez nous faire un petit ? :-)

Tu rêves toujours d'avoir un gros zoom. Comme ceux qui ont un énorme
bicylindre, à défaut d'autre chose, entre les jambes ? ;)

>> J'aime aussi ton entreprise déterminée d'analyse
>
> (...)

Là, t'es coi ! C'est surprenant !

Qui suis-je ? Ok, t'as la réponse.
Que suis-je ? Ok, cf ta remarque ci-dessus.
Comment suis-je ? Idem.
Quoi suis-je ? Là, t'as un pb.
Quand suis-je ? Là, c'est quand tu causes.
Où suis-je ? Sur frp.

Et Toc ! ©

--
Pense à l'étiquette qu'une fois les vendanges faites.

albert :

"Benoit" <benoit@com.invalid> a écrit :

Vie : n.f. Maladie mortelle sexuellement transmissible

Excellent ! Et de Cioran : Le spermatozoïde, ce bandit à l'état pur.

Et puis, quand ce sont des tableaux d'autrefois c'est joli, quand c'est
une photo d'aujourd'hui c'est dégueulasse. Pourquoi ?

Je ne sais pas. Je pense que la photographie a pris une tout autre importance
que la peinture. Elle a mangé la place de la peinture qui avait régné
jusqu'au 21 ème siècle. Maintenant pour la peinture c'est terminé. J'ai revu
dernièrement un vieil ami, Yan Pei-Ming, qui affronte le monde contemporain
depuis trente ans avec son art. Dans son atelier il y a un immense portrait
de Coluche et aussi quatre grandes peintures, des réinterprétations du
Titien,

J'aime bien Le Titien. Il est si trognon avec sa tit queue !

aussi un paysage en diptyque de l'ocean très sombre avec des
immigrants noyés dedans que je n'avais pas remarqués. J'ai depuis toujours eu
une admiration fascination sidération totale pour sa peinture. Pourtant à ce
jour j'estime qu'elle tourne en rond en elle-même. Pourquoi refaire des
Titiens ? Pour foutre sa claque à la peinture ? Oui ! Mais la photographie
est un tout nouvel univers. On en est qu'aux débuts.

Ouch.

--
Pierre Maurette

"Benoit" <benoit@com.invalid> a écrit :

Mais la photographie est un tout nouvel univers. On en est qu'aux débuts.

Là, d'accord, c'est un nouvel outil de création qui ne connaît pas
encore ses limites. En parlant de limites, certains sont allés dans le
dodécaphonique... catastrophe pour moi, génie pour d'autres.

J'ai assisté à un concert dernièrement par l'ensemble de "L'instant donné"
où se jouait un double Pierrot Lunaire par Schönberg et Kowalski, créés à
quelques mois d'intervalle à Berlin. Voir le lien vers ce concert :
http://www.musiquecontemporaine.fr/blog/?p338

Les musiciens de L'instant donné sont formidables, et avides de partager
leur passion pour la musique contemporaine. Ce sont des évènements
importants. Je ne saurait trop recommender aux parisiens ces concerts,
dernier dimanche du mois à la Marbrerie, à Montreuil. Ce diamnche là, furent
alternativement joués les mouvements des deux compositeurs, on entendait
avec la musique atonale de Shönberg, et le parlé-chanté, que quelque chose
de nouveau s'était noué. L'autre paraissait mièvre, presque sucré en
comparaison. Avec Schönberg, une nouvelle voie s'est ouverte. Cela met fin à
la musique telle qu'on la savait jusqu'alors. Il reste que Mozart sera
toujours un pur génie, le Titien aussi.

Amitiés,
albert

albert <alphoto@wanadoo.fr> wrote:

Le samedi 2 juin 2018 22:55:49 UTC+2, Alf92 a écrit :

> vous allez nous faire un petit ? :-)
>
Ouaip ! Pourquoi pas. Ce serait une nouveauté alors que les artistes se
développent généralement par scissiparité.

C'est toujours le cas, tu ne créées jamais ex nihilo. Tout ce que tu as
vu, lu, entendu, goûté est là, impliqué dans ton esprit et ta création.
Tu ne crois pas que ma redécouverte de la photo et de Monet m'ont
donné :
<https://www.cjoint.com/doc/18_06/HFcwnTq4gmQ_Bagatelle-2004-2008-015.jpg>

On vit un monde nouveau, éminemment virtuel et imaginaire. Il faut
s'attendre à tout.

Il n'est ni virtuel ni imaginaire. On croitait entendre quelqu'un qui
découvre « Au théâtre ce soir ».

Les techniques évoluent, pas l'esprit :

- Mon grand-père a passé 7 ans en camp d'officier. Pas d'internet, pas
de téléphone, juste le courrier et plus d'une semaine de délai entre
l'envoi (après lecture et censure), et la réception. Cela ne les
empêchaient pas de s'écrire tous les jours (je le sais, mon père a
conservé ce que son père a envoyé) ;

- Mes enfants communiquement immédiatement (ou presque), moi itou, avec
des canadiens dont, des américains, des amis vivant n'importe où ( UK,
US, Liban, Asie...)

Alors ? Les nouvelles technologies nous ont apporté du virtuel, de
l'immaginaire ? Pour les gamins quelle est notre différence avec ceux
qui vivaient cette époque où le téléphone s'est généralisé, le fax est
apparu (en repmplacement du télex)... Aucune, ils n'ont pas les mêmes
repères que nous.

Par contre, ils voient les mêmes choses que nous, mais juste un petit
peu différentes, des détails. Rien n'a vraiment été modifié dans la
communication. Par contre, les effets que peuvent apporter le contenu
eux ont changé (je vais me répéter) :

Qu'est-ce-qui est horrible aujourd'hui ? Des petits trucs, un chat
écrasé sur la route, un reportage sur un accident de bus, une baston
pendant un match de foot... Ma mère, elle, est allée à l'école avec des
hommes pendus aux poteaux éléctriques sur le chemin. Les références ne
sont pas les mêmes, c'est tout, malheureusement tout. Et, quand j'évoque
ce sujet avec eux, il trouvent ça normal qu'un ½il au beurre noir nous
fasse autant de mal qu'un pendu pour eux.

Ça, c'est quelque chose que je vis mal. Pas la technique qui a changée,
mais la sensation.

Bon, je me couche ;)

--
Pense à l'étiquette qu'une fois les vendanges faites.