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Dr. Phil
FR3 20h55 - MULHOLLAND DRIVE en VF !

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Gromit
rousseau a écrit :
"Francois Kahn" a écrit dans le message de
news:1gvffjv.85dl1ytaxz5jN%

Dans son délire, elle s'invente une histoire, mélangeant son expérience
passée et un fantasme sur le fait que Camilla aurait survécu et serait
amnésique.




Oui, une sorte de résurrection fantasmée, où l'on aurait une Camilla vierge
ayant effacé le souvenir de son (ou de ses) amants et qui n'appartiendrait
plus qu'à Betty.

Rousseau.





Je rajoute que le rapport de dépendance se trouve aussi totalement
inversé puisque dans la réalité (exprimée par Diane à la soirée
anniversaire, deuxième partie), Diane "doit tout" et dépend
professionellement et socialement de Camilla qui, elle, a réussi. Dans
son rêve, Diane inverse ce lien puisque Camilla (devenue Rita),
amnésique et fragile, dépend entièrement de Diane (devenue Betty) et de
ses initiatives. De plus, la caractéristique prédominante de Camilla
(être une actrice) disparaît complètement dans le rêve (la Camilla
actrice qui y apparaît est "autre", en fait la fille qui embrasse la
vraie Camilla à la partie d'anniversaire).

--

Cinéma sans Frontières : http://cinemasansfrontieres.free.fr/
Forum CSF : http://cinemasansfrontieres.free.fr/phpBB2/index.php
Ecrans pour Nuits Blanches : http://pserve.club.fr/index.html
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Gromit
Francois Kahn a écrit :


Après être tombé hier sur un site consacré au film, très riche en
analyses et en recoupement, voici un petit résumé (chronologique) de ce
qui s'est grosso modo passé "en vrai" (enfin façon de parler).



Rien à dire sur tout le résumé, sauf... :

Diane est une aspirante actrice. Elle vient du Canada, près de la
frontière avec les USA (cf Twin Peaks). Elle est arrivée à Hollywood
après avoir hérité de sa tante. Ce qui la fait espérer, c'est qu'elle
est "douée" pour le spectacle, vu qu'elle a remporté un concours de
danse (celui fantasmé dans la séquence pré-générique).
En fait, différents indices font déjà douter de cette version. Il est
possible par exemple que Diane ait été victime d'attouchements sexuels
dans sa jeunesse de la part d'un parent (son oncle ? son grand père ?)
et que l'héritage ait été la contre-partie du fait qu'elle ait accepté
de garder le silence (cf le club Silencio, les petits vieux de
l'aéroport qui deviennent figures maléfiques, le comportement de Diane
elle-même qui reproduirait ce dont elle a été victime, "The Sylvia North
Story", transposition d'un film existant sur une telle victime,
"Sylvia", la scène jouée lors de l'audition où elle séduit "un grand ami
du père", etc.)



J'aimerais que tu nous dises quels sont ces "différents indices" car je
n'en vois pas un seul (sauf à faire de la totale surinterprétation, mais
peut-être que beaucoup de choses m'ont échappé sur ce point).

--

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nospam
Gromit wrote:

C'est bien pourquoi, j'ai mis la balise "Spoliers" (ok, j'ai oublié
le"i" ;o)



Oui, mais là tu ne l'as pas mis au bon endroit : "Spolier", c'est la
balise d'Arlette Laguiller ("travailleurs, travailleuses, on vous ment,
on vous spolie"). La balise pour un post qui pourrit le suspense, c'est
"spoiler[s]" de l'anglais "to spoil" = gâcher, gâter.

Pas évident, les balises en VO... ;-)

A++
--
Christian
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lorenzo
rousseau wrote:

"Francois Kahn" a écrit dans le message de
news:1gvffjv.85dl1ytaxz5jN%
> Dans son délire, elle s'invente une histoire, mélangeant son expérience
> passée et un fantasme sur le fait que Camilla aurait survécu et serait
> amnésique.

Oui, une sorte de résurrection fantasmée, où l'on aurait une Camilla vierge
ayant effacé le souvenir de son (ou de ses) amants et qui n'appartiendrait
plus qu'à Betty.



Parmi les points très importants, le titre a évidemment son rôle.

"Mulholland Drive", c'est une vraie rue de Los Angeles, près de
Hollywood. Tout comme "Sunset Boulevard". D'ailleurs, aux U.S.A., le
rapprochement entre les deux titres de films est plus évident, vu qu'ils
sont écrits "Mulholland Dr." et "Sunset Blvd.". Dans les deux films, on
a le parcours d'un échec et d'individus prisonniers de "l'usine à
rêves", qui finissent par croire aux illusions qu'elle produit.

D'autre part, Mulholland est le coin où sont les VRAIS gagnants du
système hollywoodien. Beverly Hills est connu comme le coin des gens
bourrés d'argent mais Mulholland est là où on retrouve ceux qui n'ont
plus besoin d'afficher leur fortune tellement ils sont prestigieux et
consacrés. Mulholland surplombe le reste de Los Angeles. C'est le monde
sur lequel Diane fantasmait. Est-ce un hasard si l'appartement où elle
réside en tant que "Betty" a le même portail que l'entrée de la
Paramount ?

Le fait que Diane accède à la fin du film à Mulholland Drive mais
qu'elle soit condamnée à passer par l'entrée de service contribue à sa
déception. Et l'accident de la future "Rita", Camilla réincarnée, se
produit pile au même endroit, ce qui n'est évidemment pas un hasard.

En tout cas, Camilla n'aurait pas de mal à oublier le souvenir de ses
anciens amants parce qu'il est assez clair qu'elle n'"aime" personne en
dehors d'elle. Elle préfère les femmes aux hommes mais le pouvoir aux
deux. Ce qui l'intéresse, c'est de manipuler. Le fait qu'elle demande à
Adam Kesher si Diane peut rester sur le plateau du film, alors qu'elle
pense déjà à lui accorder un premier baiser, est une torture
caractérisée. Ce qui est amusant, c'est que la mère d'Adam Kesher (celle
qui fait Coco dans la première partie, la propriétaire à laquelle rien
n'échappe) est tout sauf dupe des récits de Camilla ou de Betty.

Dernière chose. La limousine qui parcourt Mulholland Drive au début et à
la fin du film n'est pas une Cadillac, en dépit des répliques des flics.
Il s'agit d'une Lincoln, du nom évidemment du président.
Lequel est mort assassiné par un comédien dans un théâtre !

--
François Kahn
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protiv
Francois Kahn wrote:

Gromit wrote:



Le mieux, c'est peut-être de laisser les gens voir le film ce soir
plutôt que de tout leur expliquer quelques heures. Les gens ont droit à
un sursis, non ?




C'est bien pourquoi, j'ai mis la balise "Spoliers" (ok, j'ai oublié
le"i" ;o), ce que les précédents posteurs avaient tous oublié. Bien sûr,
il faut d'abord voir le film et tout découvrir par soi-même. Ma réponse
était destiné à ceux qui avaient déjà vu le film et disaient qu'ils
n'avaient rien compris.





Après être tombé hier sur un site consacré au film, très riche en
analyses et en recoupement, voici un petit résumé (chronologique) de ce
qui s'est grosso modo passé "en vrai" (enfin façon de parler).

Diane est une aspirante actrice. Elle vient du Canada, près de la
frontière avec les USA (cf Twin Peaks). Elle est arrivée à Hollywood
après avoir hérité de sa tante. Ce qui la fait espérer, c'est qu'elle
est "douée" pour le spectacle, vu qu'elle a remporté un concours de
danse (celui fantasmé dans la séquence pré-générique).
En fait, différents indices font déjà douter de cette version. Il est
possible par exemple que Diane ait été victime d'attouchements sexuels
dans sa jeunesse de la part d'un parent (son oncle ? son grand père ?)
et que l'héritage ait été la contre-partie du fait qu'elle ait accepté
de garder le silence (cf le club Silencio, les petits vieux de
l'aéroport qui deviennent figures maléfiques, le comportement de Diane
elle-même qui reproduirait ce dont elle a été victime, "The Sylvia North
Story", transposition d'un film existant sur une telle victime,
"Sylvia", la scène jouée lors de l'audition où elle séduit "un grand ami
du père", etc.)
Une fois arrivée à Hollywood, Diane postule pour différents rôles. Elle
ne fait que de la figuration. Elle emménage dans un bungalow où elle
aura comme colocataire une Camilla Rhodes, actrice ambitieuse, dont la
carrière décolle vite. Elles sont amantes. Camilla devient vite
possessive, dominatrice. Elles "rompent". Diane aura une liaison sans
lendemain avec sa nouvelle co-locataire.
De son côté, Camilla a déjà séduit Adam Kesher, réalisateur de son
dernier film, lui-même fraichement divorcé. Elle humilie encore Diane en
l'invitant à une soirée où les fiançailles sont annoncées et où Diane
comprend en plus que Camilla l'a remplacée par une autre femme. La
soirée est une série de déceptions et de tortures pour Diane, qui
comprend qu'elle n'arrivera jamais à rien.
Diane lance alors un contrat sur Camilla auprès d'un tueur à gages
rencontré dans une cafétéria. Une fois que le contrat sera accompli, ce
dernier déposera une clé bleue comme "signal" de réussite.

Après s'être résolue à cet assassinat, Diane prend probablement des
médicaments plus ou moins légaux et s'abat sur son lit (début du film).
Dans son délire, elle s'invente une histoire, mélangeant son expérience
passée et un fantasme sur le fait que Camilla aurait survécu et serait
amnésique. Dans cette histoire, "Betty" débarquerait bourrée de talent à
Hollywood et "Rita" serait alors soumise à sa volonté.
Il y a bien une dénommée Camilla mais c'est une blondasse sans grand
talent imposée par des mafieux. Et il y a bien une "Diane" dont on se
souvient mais c'est un cadavre que Betty et Rita trouvent dans le
bungalow où Diane habite. Rita est toujours poursuivie sans que la
menace soit très présente.
Le principal mécanisme à l'oeuvre dans cette partie du film, c'est que
Diane multiplie en fait les figures de doubles fictifs. Le prénom
"Betty" est déjà celui d'une serveuse de la cafétéria qui lui ressemble
vaguement (et qui s'appelle Diane dans le rêve de Diane). Tante Ruth est
une projection positive et vieillie, une actrice qui a réussi. On aurait
aussi la prostituée (préfiguration de la déchéance de Diane, qui a
dépensé toute sa fortune dans le contrat), la figure du clochard (en
fait, une clocharde, autre préfiguration que Diane mettra du temps à
assimiler) et évidemment cette Diane Selwyn, cadavre en décomposition
que Betty et Rita trouvent dans le bungalow.
Progressivement, la chimère de Diane se désagrège. Des signes de la
réalité apparaissent (les sonneries du téléphone), des éléments
"négatifs" signalent l'échec passé de Diane (une autre actrice aura le
rôle). Le fait que la relation entre Betty et Rita soit consommée puis
leur passage au club Silencio, où tout tourne autour du thème du
simulacre, de l'illusion et du non-dit sont à la fois un dernier sursaut
du fantasme de Diane et un retour à une réalité.

Diane finit par sortir de sa chimère, se lève du lit. Elle discute
brièvement avec sa dernière amante, avec laquelle elle a rompu. Elle
essaye de revenir à la réalité, se masturbe en pensant à Camilla.
Toutefois, la clé bleue est désormais dans son bungalow, signe que
Camilla est morte.
Ses souvenirs passés lui reviennent sous forme de flashs de plus en plus
précis. Elle se remémore encore la soirée chez le réalisateur Adam
Kesher.
Le sentiment d'échec est ensuite complet. Elle a de nouveau des
hallucinations, rapides, où différentes figures qu'elle avait
inventées/recombinées reviennent la narguer. Diane finit par se
suicider. Dernier plan sur la dame aux cheveux bleus du Club Silencio,
signalant que le silence a fini par l'emporter... ou que le spectateur a
fini d'assister au spectacle fictif !





Il me semble qu'il y a un oubli d'importance dans tout cela; celui du
caractère parodique, utilisant les ressorts des différents genres
cinématographiques hollywoodiens, de la partie fantasmée,
"reconstituée" par Diane alors que l'on est dans un moment tragique (ses
derniers instants de vie peu avant son suicide). Lynch réalise là un
véritable tour de force : il ne s'agit d'un simple spectacle fictif
auquel assite le spectateur mais d'une véritable manipulation dont il
est la principale "victime". Le désir mimétique c'est du bidon, tout
cela n'est qu'illusion. Quel pute ce Lynch!
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rousseau
"Francois Kahn" a écrit dans le message de
news:1gvfj34.11q2ott27d9jwN%
Parmi les points très importants, le titre a évidemment son rôle.

"Mulholland Drive", c'est une vraie rue de Los Angeles, près de
Hollywood. Tout comme "Sunset Boulevard". D'ailleurs, aux U.S.A., le
rapprochement entre les deux titres de films est plus évident, vu qu'ils
sont écrits "Mulholland Dr." et "Sunset Blvd.". Dans les deux films, on
a le parcours d'un échec et d'individus prisonniers de "l'usine à
rêves", qui finissent par croire aux illusions qu'elle produit.



Oui. En même temps, ouvrir sur la montée de Mulholland Drive (route
qualifiée d'onirique par Lynch) est un indice supplémentaire (après le zoom
sur la couverture rouge et le bruit des ronflements) et assez subtil pour
dire au spectateur qu'il entre dans un rêve.

Rousseau.
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Gromit
Francois Kahn a écrit :
rousseau wrote:


"Francois Kahn" a écrit dans le message de
news:1gvffjv.85dl1ytaxz5jN%

Dans son délire, elle s'invente une histoire, mélangeant son expérience
passée et un fantasme sur le fait que Camilla aurait survécu et serait
amnésique.



Oui, une sorte de résurrection fantasmée, où l'on aurait une Camilla vierge
ayant effacé le souvenir de son (ou de ses) amants et qui n'appartiendrait
plus qu'à Betty.




Parmi les points très importants, le titre a évidemment son rôle.

"Mulholland Drive", c'est une vraie rue de Los Angeles, près de
Hollywood.



Plutôt une route, non ?

--

Cinéma sans Frontières : http://cinemasansfrontieres.free.fr/
Forum CSF : http://cinemasansfrontieres.free.fr/phpBB2/index.php
Ecrans pour Nuits Blanches : http://pserve.club.fr/index.html
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Gromit
rousseau a écrit :
"Francois Kahn" a écrit dans le message de
news:1gvfj34.11q2ott27d9jwN%

Parmi les points très importants, le titre a évidemment son rôle.

"Mulholland Drive", c'est une vraie rue de Los Angeles, près de
Hollywood. Tout comme "Sunset Boulevard". D'ailleurs, aux U.S.A., le
rapprochement entre les deux titres de films est plus évident, vu qu'ils
sont écrits "Mulholland Dr." et "Sunset Blvd.". Dans les deux films, on
a le parcours d'un échec et d'individus prisonniers de "l'usine à
rêves", qui finissent par croire aux illusions qu'elle produit.




Oui. En même temps, ouvrir sur la montée de Mulholland Drive (route
qualifiée d'onirique par Lynch) est un indice supplémentaire (après le zoom
sur la couverture rouge et le bruit des ronflements) et assez subtil pour
dire au spectateur qu'il entre dans un rêve.

Rousseau.




Surtout la manière très "rêveuse" dont il filme d'emblée cette montée
avec la musique adéquate de Badalamenti...

--

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nospam
analogue wrote:

Le rapport est que vous essayez tous de nous faire croire que c'est
vachement dur de regarder un film en VOST. Je vous demande donc si dans
les plus petits pays (ou moins riches) il sont en général plus
intelligents pour pouvoir regarder des VOST (c'est ce que vous insinuez)
ou si votre argument est juste mou.



Un élément de réponse :

--------------------------
Pourcentage des 16 à 65 ans éprouvant des difficultés à lire et à
comprendre des textes de la vie quotidienne (enquête OCDE, 1995) :

Suède 7,5 ; Pays-Bas 10,5 ; Allemagne 14,4 ; Canada 16,6 ; États-Unis
20,7 ; France 40,1 ; Pologne 42,6.
--------------------------

(source : <http://www.quid.fr/2000/Q035770.htm> )

A++
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Christian
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Pierre Maurette
Christian Fauchier, le 22/04/2005, a écrit :
[...]
--------------------------
Pourcentage des 16 à 65 ans éprouvant des difficultés à lire et à
comprendre des textes de la vie quotidienne (enquête OCDE, 1995) :

Suède 7,5 ; Pays-Bas 10,5 ; Allemagne 14,4 ; Canada 16,6 ; États-Unis
20,7 ; France 40,1 ; Pologne 42,6.
--------------------------


On peut donc en conclure que le suédois est une langue simple et
fruste, et que le polonais est horriblement complexe et abstrait ?

--
Pierre