Une enquête approfondie menée par la société de technologie Lumafield met en lumière un fossé colossal en matière de qualité entre les batteries de grandes marques et celles à bas coût disponibles sur des places de marché en ligne comme Amazon ou Temu. En utilisant des scanners de tomographie industrielle (CT), capables de voir à l'intérieur des objets en 3D, les chercheurs ont analysé plus d'un millier de batteries pour y déceler des défauts invisibles à l'œil nu.
Une étude aux rayons X
L'étude s'est concentrée sur les cellules de batterie lithium-ion au format 18650, un standard omniprésent que l'on retrouve dans une multitude de produits du quotidien :
- Brosses à dents électriques,
- Outils sans fil,
- Vélos électriques,
- Batteries externes,
- Cigarettes électroniques.
Plus de 1 000 batteries ont été scannées, provenant de dix marques différentes, allant de fabricants reconnus comme Samsung et Panasonic à des marques inconnues et des contrefaçons achetées sur de grands sites de e-commerce.
Comparaison de la structure interne de différentes marques de batteries lithium-ion (format 18650) grâce à des scanners CT industriels.
Les batteries de marques à bas prix, de contrefaçons ou moins connues présentent le « pire alignement » observé durant l'étude. On voit clairement que les couches internes sont mal enroulées, irrégulières et déformées.
Le défaut qui peut tout faire exploser
Les résultats sont sans appel. Sur l'ensemble des batteries analysées, 33 présentaient un défaut de fabrication grave connu sous le nom de « surplomb négatif de l'anode ». Cette anomalie de conception augmente considérablement le risque de court-circuit interne, pouvant entraîner des incendies ou des explosions. Le détail le plus inquiétant est que la totalité de ces 33 batteries défectueuses provenait des lots à bas prix ou de contrefaçons. Cela signifie que près de 8 % d'entre elles, soit environ 1 sur 13, présentent un danger potentiel. Aucune des batteries de grandes marques ne souffrait de ce problème.
Comparaison d'une batterie Samsung de haute qualité (à gauche) à une contrefaçon bas de gamme Maxiaeon (à droite).
À gauche, la conception est sûre : l'anode (couche bleue) dépasse et protège la cathode (couche rouge).
À droite, on observe le défaut de "surplomb négatif de l'anode" : la cathode (points rouges) est exposée, augmentant le risque de court-circuit, d'incendie et d'explosion.
Comment repérer les batteries dangereuses ?
Certains indices peuvent vous alerter : les marques à bas prix et les contrefaçons se distinguent souvent par des promesses irréalistes. L'étude a par exemple identifié des batteries affichant des capacités de 9 900 mAh, alors que les cellules 18650 authentiques plafonnent entre 3 000 et 3 450 mAh. Une fois testées, ces contrefaçons n'atteignaient même pas 1 300 mAh. Comme le souligne l'un des auteurs du rapport, « si une offre semble trop belle pour être vraie, c'est probablement le cas ». Méfiez-vous donc des capacités surévaluées et des prix anormalement bas.
Un risque multiplié dans nos appareils
Ce risque individuel est aggravé par le fait que de nombreux appareils contiennent plusieurs de ces cellules. Une simple perceuse sans fil peut en contenir 5, tandis qu'une batterie de vélo électrique peut en regrouper jusqu'à 39. Si chaque cellule a une probabilité de 8 % d'être défectueuse, le risque global pour l'appareil devient très élevé. Cette étude rappelle que la sécurité a un prix et que chercher à économiser quelques euros sur un produit aussi sensible qu'une batterie pourrait, à terme, coûter beaucoup plus cher.