Alors que l'espace est plus que jamais un enjeu stratégique autant que politique, Donald Trump avait donné les indices d'un changement de direction en nommant le milliardaire Jared Isaacman à la tête de la NASA.
Milliardaire passionné d'espace, grand ami d'Elon Musk grâce auquel il a pu participé à plusieurs missions spatiales dont celle de la première sortie extravéhiculaire privée, l'homme semblait alors un bon choix pour gérer la destinée de l'agence spatiale américaine et surtout la nouvelle ambition de l'administration Trump d'occuper la planète Mars au plus vite.
Il ne sera finalement resté en poste que quelques mois. Ce 31 mai, la Maison Blanche a décidé de le démettre de ses fonctions au sommet de la NASA. Elle ne donne pas de raisons précises sinon qu'"il est essentiel que le prochain dirigeant de la NASA soit en parfaite adéquation avec le programme America First du président Trump", a-t-elle indiqué dans un communiqué, confirmant une information du New York Times.
Jared Isaacman, pas assez trumpiste, trop proche de Musk ?
Parmi les raisons officieuses expliquant peut-être son départ, il y aurait le fait que Jared Isaacman a par le passé financé des élus démocrates, clan politique adverse et exécré par le président des Etats-Unis, et qui peut laisser penser qu'il pourrait ne pas être totalement engagé vis à vis des projets de l'administration Trump.
Il avait d'ailleurs émis des réserves concernant le projet de réduction du budget de la NASA prévoyant une coupe de 20% du montant général et des retraits de financement pour tout ce qui touche à l'observation de la Terre et des effets du changement climatique.
Enfin, Elon Musk ne semble plus être dans les petits papiers de Donald Trump. Il vient de quitter le DOGE et entend prendre ses distances avec le monde politique pour se consacrer entièrement à ses entreprises. Isaacman est-il une victime collatérale de ces derniers développements ?
Le milliardaire avait été questionné sur le risque de conflit d'intérêt au regard de sa proximité avec Elon Musk et la firme SpaceX mais il avait affirmé son indépendance vis à vis des projets de l'homme d'affaires.
La Maison Blanch n'a pas encore nommé l'administrateur qui remplacera Jared Isaacman à la tête de la NASA.
La NASA étêtée, son budget amputé
En attendant, le projet de réduction du budget de la NASA s'est précisé ces derniers jours avec un projet de baisse de près de 25% qui ramènerait le budget à 18,8 milliards de dollars, contre 24,8 milliards précédemment.
Comme anticipé, tous les projets scientifiques, d'observation terrestre et de suicvi du changement climatique seraient rabotés au profit de l'exploration spatiale, avec toujours l'ambition de coloniser la planète Mars au plus vite.
Dans ce nouveau contexte, l'importante mission Mars Sample Return qui devait ramener des échantillons du sol martien sur la Terre pour analyse serait abandonnée, de même que plusieurs missions d'observation et des partenariats avec l'ESA, comme celle autour du rover Rosalind Franklin qui devait rejoindre Mars d'ici 2028.
La station orbitale cislunaire Lunar Gateway n'irait pas au terme de son développement tandis que le lanceur lourd SLS et la capsule Orion de la NASA seront rapidement mis hors service après les missions Artemis 2 et 3.
Le télescope spatial Nancy Grace Roman ne serait finalement pas annulé mais il verrait ses investissements réduits drastiquement. Le projet de budget prévoit également une réduction d'un tiers des effectifs de la NASA.
Les conséquences pourraient donc être très lourdes pour le fonctionnement de la NASA et le maintien de nombreuses missions mais ce projet de budget doit encore recevoir la validation du Congrès américain.