La course à la suprématie dans le domaine de l'intelligence artificielle a un appétit énergétique insatiable. Pour alimenter leurs immenses centres de données, les titans de la technologie, d'OpenAI à xAI d'Elon Musk, sont confrontés à un obstacle majeur : le réseau électrique américain, tout simplement incapable de suivre la cadence. Plutôt que de patienter des années pour une connexion, ils ont adopté une stratégie radicale : produire leur propre électricité.
Pourquoi cette course à l'autonomie énergétique ?
Le coupable ? Un réseau national vieillissant et des procédures administratives qui s'étirent sur des années. Dans certaines régions, se connecter au réseau principal ne sera pas possible avant les années 2030, un délai inacceptable pour des entreprises engagées dans une compétition effrénée.
Face à des besoins énergétiques colossaux, avec une simple recherche IA consommant jusqu'à dix fois plus d'énergie qu'une requête Google, l'infrastructure existante craque de toutes parts. La construction de nouvelles lignes à haute tension et de centrales traditionnelles est freinée par des pénuries de matériel, comme les transformateurs, et des formalités d'autorisation interminables.
Quelles solutions sont mises en place concrètement ?
Pour contourner cet obstacle, les entreprises se tournent vers des solutions énergétiques locales, assemblant de véritables centrales sur mesure. En l'absence de turbines géantes, dont les carnets de commandes sont pleins pour des années, la tendance est au "Do It Yourself" avec des équipements plus modestes mais rapidement disponibles. On voit ainsi fleurir des projets comme Stargate d'OpenAI au Texas, qui utilise des centrales au gaz naturel, ou les centres de données Colossus de xAI à Memphis, équipés de turbines à gaz.
Des entreprises comme Caterpillar voient une nouvelle opportunité se dessiner, fournissant des moteurs et des petites turbines traditionnellement utilisés pour l'alimentation de secours. Ces modules, assemblés comme des briques de Lego, permettent d'atteindre une puissance équivalente à celle de centrales classiques, offrant une flexibilité indispensable.
Quelles sont les conséquences pour le grand public ?
Cette situation engendre un véritable Far West énergétique où les règles se réécrivent en temps réel. Si cette autonomie permet aux géants de la tech de poursuivre leur développement, elle soulève des questions cruciales. La plupart de ces solutions d'appoint reposent sur les énergies fossiles, comme le gaz naturel, ce qui complique les objectifs de transition écologique.
De plus, bien que les entreprises financent leurs propres installations, la modernisation indispensable du réseau public pour, un jour, les intégrer, pèsera inévitablement sur la facture de tous les consommateurs. Pour le moment, les entreprises de la tech sécurisent leur approvisionnement, mais le coût final de cette ruée vers l'énergie reste encore à déterminer pour la collectivité.