Tenir jusqu'à la délivrance, c'est un peu le credo du groupe Intel en ce moment. Malmené par d'énormes coûts de mise en place d'une activité de fonderie qui ne sera plus limitée à ses besoins propres mais pourra accueillir les commandes d'entreprises du monde entier, la firme la firme de Santa Clara espère faire la différence avec ses procédés de gravure fine Intel 18A puis Intel 14A (équivalents 1,8 nm et 1,4 nm).
Mettre en place l'activité de la division IFS (Intel Foundry Services) est une initiative de longue haleine lancée par l'ex-CEO Pat Gelsinger et maintenue par le nouveau dirigeant Lip-Bu Tan. Interrompre cette transformation aurait été encore plus coûteux que de la maintenir et aurait laissé Intel sans solution alors que la vente de processeurs est tiraillée par la concurrence et que l'entreprise a manqué deux gros leviers croissance coup sur coup : la 5G puis l'intelligence artifiicielle.
L'Intel 18A d'abord pour les besoins internes
Il va maintenant falloir convaincre les gros clients de passer commande de volumes de dizaines de millions de puces pour assurer le retour sur investissement. Intel continue d'affirmer que son procédé Intel 18A sera mis en service en fin d'année et sera au coeur de la future gamme de processeurs Panther Lake pour PC mais aussi Clearwater Forest pour serveurs.
Ce sera un point de départ renforcé ensuite par les procédés Intel 18A-P (optimisation de l'Intel 18A) et Intel 14A mais l'entreprise ne peut espérer commencer à gagner de l'argent avec sa fonderie qu'à partir de 2027, même si la fenêtre de rentabilité se situe en réalité quelque part entre 2024 et 2030.
Cela laisse encore deux années en apnée avant d'espérer du mieux, d'autant qu'Intel estime que les volumes s'intensifieront avec l'arrivée du procédé Intel 14A. La bonne nouvelle est que les clients potentiels sont nombreux à tester leurs designs, avec l'espoir d'en convertir une partie pour des commandes fermes.
La concurrence s'organise aussi
Les commandes utilisant le procédé Intel 18A viendront principalement des besoins internes d'Intel et le procédé suivant Intel 14A élargira l'horizon avec des clients externes.
Le choix high-tech de la gravure en lithographie EUV High-NA, dont Intel a reçu et testé les équipements d'ASML avant tout le monde, est assumé mais avec le risque de renchérir le prix des puces sur les premiers volumes.
Dans le même temps, Intel ne confiera pas la totalité de ses besoins à Intel Foundry et s'appuiera sur d'autres partenaires pour équilibrer ses coûts et maintenir son efficience, rapporte le site Tom's Hardware.
Mais plus le temps passe et plus la concurrence se renforce. Le fondeur TSMC, leader du marché, s'apprête déjà à lancer la gravure en 2 nm, de même que Samsung Foundry. Et en 2027, un autre acteur débarquera sur le même noeud : Rapidus, issu du rassemblement des forces de plusieurs entreprises japonaises.
Il reste donc à voir comment Intel va jongler entre différents impératifs et l'arrivée de la concurrence sur les noeuds 2 nm et en-deça pour mener à bien sa stratégie de fondeur.