Micron a publié des résultats financiers exceptionnels, mais la nouvelle est douce-amère. Le géant des semi-conducteurs prévient que la demande explosive pour l'IA va entraîner une pénurie de mémoire vive (DRAM, HBM) qui se prolongera au-delà de 2026, annonçant une hausse inévitable des prix pour les serveurs, PC et smartphones.

L'alerte est venue directement de Sanjay Mehrotra, le PDG de Micron, lors de la présentation des résultats trimestriels de l'entreprise. Malgré des revenus records de 13,64 milliards de dollars pour le premier trimestre 2026, en hausse de 56 % sur un an, le message est clair : l'industrie ne peut pas suivre.

La demande en mémoire et en stockage pour les data centers dédiés à l'IA a explosé, créant un déséquilibre majeur qui s'annonce durable.

La ruée vers la HBM, source du déséquilibre

Le cœur du problème réside dans un arbitrage stratégique. Les fabricants comme Micron se concentrent sur la production de mémoire à haute bande passante (HBM), indispensable aux puces graphiques surpuissantes qui entraînent les modèles d'intelligence artificielle.

Micron LPCAMM2 LPDDR5X

Ces puces HBM sont bien plus rentables, utilisant jusqu'à trois fois plus de wafers de silicium que la DRAM standard. Cette réorientation a une conséquence directe : la production des autres types de mémoire, comme la DDR5 que l'on retrouve dans nos PC et smartphones, est réduite.

Micron a même récemment mis fin à sa marque grand public Crucial pour se dédier entièrement à ces marchés plus lucratifs, confirmant ce pivot stratégique.

Des prix en hausse pour tous les secteurs

Le PDG de Micron l'a affirmé sans détour : « l'offre restera substantiellement inférieure à la demande dans un avenir prévisible ». Cette situation de pénurie organisée fait mécaniquement grimper les coûts. Les grands fabricants de serveurs ont déjà prévenu que les prix de leurs machines pourraient augmenter de 15 %.

Micron DRAM 1 beta

Mais le phénomène ne s'arrêtera pas aux data centers. La hausse des coûts des kits de RAM DDR5 est déjà une réalité pour les consommateurs. Micron anticipe que les contraintes d'approvisionnement pourraient même affecter les livraisons de PC l'année prochaine, tandis que les smartphones et autres appareils connectés suivront inévitablement la même trajectoire.

Une croissance insolente qui ne suffit pas à rassurer

Ironiquement, cette situation est une aubaine financière pour Micron. L'entreprise a pulvérisé les attentes des analystes, avec un bénéfice net qui a bondi à 5,2 milliards de dollars.

La société est tellement sollicitée qu'un de ses dirigeants a admis être « plus que complet » sur ses ventes, avec une « quantité significative de demande non satisfaite ».

Malgré des investissements massifs dans de nouvelles usines, qui ne seront opérationnelles qu'en 2026 et 2027, le goulot d'étranglement persistera. La demande future, tirée par l'IA et la génération de vidéos, promet de maintenir la pression, sans visibilité nette sur une normalisation de la situation.