La NASA soutient un projet audacieux de l'entreprise Skyeports visant à créer des habitats lunaires transparents. Mais pas besoin d'acheminer des plaques de verre depuis la Terre !
L'idée est de fondre le régolithe lunaire pour former de gigantesques bulles de verre qui seront en plus auto-réparatrices, offrant une solution durable pour une présence humaine à long terme sur la Lune, en phase avec les ambitions du programme Artemis.
Le retour de l'humanité sur la Lune, orchestré par le programme Artemis, pose un défi colossal : comment construire des bases durables ? L'envoi de matériaux depuis la Terre est d'un coût prohibitif et d'une complexité logistique extrême.
La solution, depuis longtemps envisagée par les agences spatiales, réside dans l'utilisation des ressources locales, une approche connue sous le nom d'ISRU (In-Situ Resource Utilization).
C'est précisément dans ce contexte que la NASA, via son programme NIAC (NASA Innovative Advanced Concepts) pour les concepts innovants, explore une approche qui semble tout droit sortie de la science-fiction.
Du régolithe au dôme de verre : un processus ingénieux
Le concept, porté par la firme d'ingénierie spatiale américaine Skyeports, repose sur une idée simple en apparence mais technologiquement ambitieuse. Le sol lunaire, ou régolithe, est riche en silicates, un composant clé du verre. Le projet prévoit de collecter cette poussière, de la faire fondre dans un "four à micro-ondes intelligent" puis de souffler le verre en fusion pour former une sphère creuse.
Concept d'habitat en verre de la NASA, à partir de régolithe lunaire
En faible gravité, ce matériau amorphe prend naturellement et automatiquement cette forme, qui est par ailleurs la plus stable structurellement pour résister à la pression interne.
Si l'entreprise a déjà prouvé la faisabilité du concept avec des sphères de quelques centimètres, l'objectif est désormais de passer à une échelle de plusieurs centaines de mètres de diamètre.
Des habitats auto-réparateurs et autonomes ?
Ces structures, qui pourraient atteindre jusqu'à 500 mètres de diamètre, seraient conçues dans un verre très spécial. En y intégrant des polymères, le matériau deviendrait capable de s'auto-réparer suite aux impacts de micrométéorites ou aux secousses sismiques, les "moonquakes".
La transparence des dômes jouerait aussi un rôle crucial pour la santé mentale des astronautes, en leur offrant une vue directe sur le paysage lunaire et la Terre, luttant ainsi contre l'isolement.
De plus, des panneaux solaires pourraient être directement intégrés à la surface des bulles pour générer de l'énergie. Les immenses tuyaux servant à souffler les sphères seraient ensuite reconvertis pour servir de sas d'entrée, optimisant chaque élément de la mission.
Vers des villes lunaires connectées
Le Dr Martin Bermudez, PDG de Skyeports, voit bien plus loin qu'un simple avant-poste isolé. Il imagine de véritables villes lunaires composées de multiples sphères de verre, interconnectées par des ponts.
À l'intérieur de ces dômes pressurisés, tous les aménagements seraient imprimés en 3D en utilisant, là encore, des matériaux extraits du sol lunaire.
Les ingénieurs envisagent même des systèmes de dômes à plusieurs couches, permettant de créer des gradients de température. Cela pourrait générer de la condensation, indispensable pour la culture de végétaux, la production d'oxygène et la mise en place d'un écosystème en circuit quasi fermé.
Le chemin est encore long, la technique devant être testée dans des chambres à vide thermique puis en microgravité sur l'ISS. Mais avec la cadence rapide du programme Artemis, ce concept de construction in situ pourrait bien devenir une pièce maîtresse de la future présence humaine sur notre satellite.