Le groupe Nvidia réagit aux allégations selon lesquelles la start-up chinoise DeepSeek utiliserait ses puces Blackwell de pointe, obtenues par contrebande.

Le géant américain qualifie le scénario de « farfelu » mais assure enquêter sur toute piste, dans un contexte de guerre technologique intense entre Washington et Pékin, où chaque composant est un enjeu stratégique majeur.

La polémique a éclaté suite à un rapport du média The Information, affirmant que la start-up chinoise DeepSeek, connue pour son modèle de raisonnement R1 ultra-performant, développerait son prochain modèle d'IA grâce à des milliers de puces Blackwell.

Ces dernières sont considérées comme les plus avancées de Nvidia et sont sous le coup d'un embargo américain strict à l'exportation vers la Chine. L'enjeu est de taille : empêcher Pékin de prendre une avance décisive dans la course mondiale à l'IA.

Un schéma de contrebande sophistiqué ?

Selon les sources citées, l'opération serait d'une complexité redoutable. Des sociétés écrans achèteraient des serveurs équipés de ces précieuses puces dans des pays d'Asie du Sud-Est.

Une fois l'installation validée par les partenaires de Nvidia comme étant conforme, ces centres de données fantômes seraient démantelés. Les composants seraient ensuite introduits clandestinement en Chine pour être réassemblés.

Nvidia Blackwell architecture graphique

Ce scénario met en lumière la porosité des contrôles à l'exportation et la détermination de certains acteurs à contourner les restrictions pour accéder à la technologie de pointe.

Le modèle R1 de DeepSeek avait déjà surpris le secteur en janvier, ayant été entraîné avec une efficacité et un coût bien inférieurs à ceux de ses concurrents occidentaux, soulevant des questions sur l'accès de l'entreprise au matériel le plus récent.

La réponse ferme de Nvidia

Face à ces allégations, la réaction de Nvidia ne s'est pas fait attendre. Dans une déclaration officielle, un porte-parole a qualifié l'idée de ces centres de données fantômes de « farfelue ».

Il a ajouté : « Nous n'avons vu aucune preuve ni reçu d'informations sur des "centres de données fantômes" construits pour nous tromper, nous et nos partenaires OEM, puis déconstruits, passés en contrebande et reconstruits ailleurs ». Cependant, l'entreprise a précisé qu'elle poursuivait toute piste qui lui était communiquée.

DeepSeek IA generative chine

Cette déclaration intervient alors que la société a récemment développé une nouvelle technologie de vérification de localisation pour ses puces IA, un logiciel optionnel permettant de suivre les performances et l'inventaire de sa flotte de GPU.

Une mesure qui semble directement viser à prévenir ce type de trafic et à rassurer les autorités américaines sur sa capacité à faire respecter les embargos en vigueur.

Un contexte géopolitique sous haute tension

Cette affaire s'inscrit dans la guerre des puces que se livrent Washington et Pékin. L'administration américaine a multiplié les mesures pour freiner l'accès de la Chine aux technologies de pointe, craignant leur utilisation à des fins militaires.

Pourtant, un certain assouplissement a récemment été observé avec l'autorisation d'exporter des puces H200, une génération antérieure aux Blackwell, vers des clients chinois agréés.

Ce geste est interprété par certains analystes comme une tentative de ralentir le développement de concurrents locaux, notamment Huawei et ses puces Ascend, qui commencent à rivaliser avec les produits américains.

La crainte est que des restrictions trop sévères ne fassent qu'accélérer l'autonomie technologique chinoise. Reste à savoir si les mécanismes de contrôle suffiront à endiguer la contrebande, alors que la demande pour la puissance de calcul reste insatiable.