L’univers de la technologie adore ménager ses surprises, surtout quand il s'agit des géants comme Nvidia. Après des mois d’annonces promettant l’arrivée des processeurs N1 et N1X pour PC portables, la réalité vient de rattraper les ambitions : il va falloir patienter encore.
Des problèmes d’ingénierie plus têtus que prévu viennent bouleverser le calendrier. À la clé ? Un suspense qui durera jusqu’à la fin 2026. Voilà de quoi relancer toutes les spéculations sur la future guerre des puces et sur la capacité de Nvidia à secouer un secteur verrouillé par des concurrents vus, revus… mais pas forcément dépassés.
Des ambitions heurtées par la complexité du silicium
L’histoire de ces processeurs ARM estampillés Nvidia semblait bien partie pour accélérer la mutation du PC portable. La firme prévoyait initialement une sortie en début d’année 2026.
Les tests se voulaient rassurants avec, il y a peu, un prototype N1X affichant 3 096 points en single core et 18 837 en multicore sur Geekbench. Des scores costauds pour un modèle de développement HP piloté par Ubuntu : 20 cœurs à 2,81 GHz, 128 Go de RAM et une architecture big.LITTLE taillée pour l’efficience énergétique.
L’intégration graphique et l’unité de traitement neuronal semblaient même pouvoir rivaliser avec la série Snapdragon Elite de Qualcomm ou la famille M3 d’Apple.
Nvidia DGX Spark
Mais derrière ce palmarès impressionnant, un autre scénario se dessinait. Rapidement, certains problèmes lors de la validation technique, d’abord repérés en 2025, ont réussi à être corrigés sans devoir toucher à la puce elle-même.
La médaille avait son revers : de nouveaux soucis côté de la gestion thermique et de l'intégrité du signal ont surgi, suffisamment coriaces pour forcer Nvidia à revoir physiquement les blocs de transistors et la conception du packaging.
Ce travail, « routine » dans l’industrie mais chronophage, oblige à décaler sérieusement la ligne d’arrivée. Sans correction matérielle, impossible de remplir les exigences de robustesse et de performance visées.
Nvidia tourne autour des processeurs ARM
Nvidia dispose déjà de son propre processeur ARM Grace généralement couplé avec ses GPU. La superpuce Grace Blackwell anime ainsi le DGX Spark, un mini-PC cachant un supercalculateur IA à bas coût.
Mais cela reste un produit d'exception. Pour aboutir à un processeur ARM grand public, d'autres contraintes doivent être surmontées et Nvidia pourrait être tenté de s'associer à un acteur comme MediaTek qui a déjà une bonne expérience en matière de CPU ARM pour smartphones comme pour ordinateurs portables.
Superpuce Nvidia Grace Blackwell
Si les puces N1 / N1X pourraient devenir une référence dans les gammes de Nvidia, au même titre que les puces mobiles Tegra, dont l'une est présente dans la nouvelle console Switch 2 de Nintendo, d'autres plates-formes matérielles pourraient voir le jour, peut-être sous forme d'APU.
Impact sur le marché : la stratégie de Microsoft et le jeu des exclusivités
Impossible d’ignorer la dimension stratégique de ces retards pour tout l’écosystème. Microsoft, de son côté, réserve pour l’instant exclusivement les PC portables Windows ARM aux processeurs Qualcomm.
La fin de l'exclusivité arrive en 2025 et elle offrait à Nvidia une fenêtre en or pour s’imposer face à des rivaux déjà bien installés. Raté, car avec ce nouvel agenda, l’exclusivité de Qualcomm va perdurer et les fabricants de PC devront choisir entre des architectures ARM existantes ou se tourner vers du x86 classique signé Intel ou AMD.
Qualcomm devrait pouvoir continuer de mettre en avant ses processeurs Snapdragon X avec potentiellement une nouvelle génération annoncée dès le mois de septembre et dotée de nouveaux coeurs Oryon plus performants.
Avec des puces Snapdragon X Gen 2 à portée de main, les fabricants de matériel auront une nouvelle option à disposition et qui aura le temps de se diffuser. L'arrivée des processeurs N1 / N1x sera plus compliquée et il faudra convaincre de la pertinence de leur choix.
En attendant, toutes les attentes restent braquées sur cette gamme N1/N1X présentée comme le nouveau joker d’un secteur où la moindre faille ne pardonne pas. Fin 2026 n’a jamais semblé aussi loin… mais l’histoire a déjà prouvé que la patience pouvait réserver bien des surprises en matière de puces.