Depuis 2019, les Etats-Unis ont instauré des restrictions commerciales touchant les entreprises chinoises dans le domaine des semi-conducteurs et de la production de puces.

La crainte est de voir les technologies américaines utilisées dans des projets militaires chinois ou avec des objectifs de surveillance de masse et d'oppression de minorités.

Plus largement, il s'agit de freiner le développement de la Chine et de risquer de se faire dépasser dans les technologies de pointe en passant par les outils et techniques créées en Occident.

La Chine a pris le chemin logique du développement de ses propres technologies pour devenir indépendante du reste du monde. Toutefois, certaines techniques comme celle de la gravure fine des puces demanderont de nombreuses années de R&D pour rattraper leur retard.

D'où les tentatives de récupération plus ou moins discrète d'équipements et de puces par des entreprises jouant les intermédiaires pour passer sous les radars. De fait, les restrictions des Etats-Unis se sont durcies au fil des mois pour inclure l'accès aux usines de production de puces mais aussi aux équipements de lithographie permettant leur production.

Parallèlement, le périmètre des restrictions s'est étendu à de nouveaux domaines : quantique, intelligence artificielle, supercalculateurs sont autant de secteurs sous surveillance faisant à leur tour l'objet de mesures restrictives.

140 entreprises chinoises dans la liste noire des Etats-Unis

La découverte de réseaux d'entreprises collectant des composants soumis à des interdictions d'exportation pour le compte de grands groupes comme Huawei conduit l'administration Biden à renforcer une nouvelle fois les mesures de restriction contre la Chine, à quelques semaines de la transition avec le gouvernement Trump.

Pas moins de 140 entreprises chinoises vont ainsi rejoindre la liste noire des Etats-Unis qui impose une surveillance renforcée (et généralement un blocage) des échanges avec les entreprises américaines, notamment dans le domaine de la fourniture d'équipements de lithographie DUV et EUV (Deep Ultra Violet et Extreme Ultra Violet).

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Les nouvelles mesures ciblent également l'accès à la mémoire rapide HBM ( High Bandwith Memory) utilisée dans les composants d'intelligence artificielle. Il ne sera plus possible à la Chine d'accéder à des puces mémoires au-delà de la HBM2 (sachant que la HBM4 est en approche).

Après celui d'octobre 2022 puis d'octobre 2023, c'est donc un nouveau paquet de mesures qui est imposé par les Etats-Unis contre la Chine dans la fabrication de semi-conducteurs stratégiques en ciblant 24 nouveaux types d'outils qui ne faisaient pas encore l'objet de restrictions mais aussi et pour la première fois des fonds chinois d'investissement dans les puces, rapporte le Financial Times.

Trouver le bon compromis dans les restrictions commerciales

Les Etats-Unis devraient bien utiliser le principe du FDPR (Foreign Direct Product Rule) qui leur permet d'imposer leur volonté sur des produits et équipements fabriqués hors du sol nord-américain mais utilisant des technologies US. Plusieurs pays européens, dont les Pays-Bas, ainsi que des pays en Asie sont concernés, ce qui va permettre de resserrer un maillage qui a montré ses limites dernièrement.

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Le Financial Times note que tout n'a pas été totalement verrouillé et que certains choix visent vraisemblablement à limiter les conséquences sur les entreprises américaines et étrangères du secteur qui vont devoir composer avec un accès toujours plus compliqué au marché chinois.

La Chine n'a pas encore réagi à ce nouveau train de mesures. Ses moyens de réaction restent limités en dehors de la poursuite des efforts pour développer ses propres équipements de fabrication de semi-conducteurs, de faire du stock de composants avant l'entrée en vigueur des restrictions ou adapter d'anciens équipements pour les pousser au-delà de leurs limites et graver plus fin.

Elle peut enfin limitatier les exportations des métaux stratégiques indispensables à la fabrication des composants électroniques grand public mais aussi militaires. Gallium, germanium, graphite, antimoine et tungstène font déjà l'objet de limitations à l'exportation, faisant grimper les prix et obligeant les autres pays à réorganiser des filières et ouvrir l'accès à des réserves stratégiques.

Source : Financial Times