Le constructeur Tesla semble être à la croisée des chemins. Celui qui a contribué ces dernières années à démocratiser les véhicules électriques sous l'impulsion de son énergique dirigeant Elon Musk se trouve désormais confronté à une multitude de difficultés qui risquent de le faire déraper.

Le milliardaire a multiplié les lancements de startups dans des domaines de pointe dont il conserve le contrôle et la maîtrise stratégique, faisant craindre aux actionnaires de Tesla une dispersion de son attention.

Elon Musk s'est depuis engagé à faire la chasse aux dépenses inutiles dans le gouvernement en prenant la tête du DOGE, un ministère spécialement créé par Donald Trump, et pour lequel il compte appliquer les méthodes de management utilisées lors du rachat de Twitter, devenu le réseau social X.

Le milliardaire délaisse-t-il Tesla ?

Cette nouvelle occupation est forcément chronophage et interroge de nouveau sur la capacité d'Elon Musk à continuer de diriger Tesla alors que les livraisons de véhicules électriques chutent sur différents marché, alors que les mesures d'incitation à l'achat sont réduites mais aussi à cause d'un rejet des actions du personnage public et politique qu'est devenu l'homme d'affaires.

L'absence de renouvellement de la gamme de véhicules électriques, en dehors du restylage de certains modèles, et la nouvelle orientation vers la conduite autonome marquée par l'annonce du Cybercab fin 2024 soulignent déjà que les voitures électriques ne sont plus forcément l'objet de toutes les attentions d'Elon Musk.

Tesla Cybercab robotaxi 01

Mais alors que ses volumes de livraison sont déjà attaqués par le constructeur automobile chinois BYD, ce dernier vient d'annoncer vouloir proposer l'ADAS et la conduite autonome sur l'ensemble de ses véhicules, jusqu'à l'entrée de gamme, et ce sans coût supplémentaire.

Il met ainsi potentiellement à mal la stratégie de monétisation de la conduite autonome actuelle et à venir du constructeur américain, soulignant par ailleurs que Tesla ne pourra sans doute pas prendre les devants dans ce domaine comme il l'a fait dans les motorisations électriques.

Dans ce contexte, l'action Tesla a de nouveau connu une baisse de 6% de sa valeur en Bourse après les annonces. BYD a par ailleurs enfoncé le clou en annonçant l'intégration de l'IA chinoise DeepSeek dans ses véhicules.

Tesla doit encore lancer à la fois lancer son CyberCab et une version de son système de conduite autonome FSD (Full Self Driving) "non supervisé", c'est à dire qui ne demandera pas la vigilance du conducteur pour surveiller le trafic et reprendre la main si besoin, promis depuis des années.

Il faudra ensuite faire la différence par rapport à des acteurs comme Waymo qui proposent déjà la conduite autonome sous forme de taxi sans chauffeur depuis plusieurs années en Californie et plus récemment au Texas.

Elon Musk, un homme très occupé

Face à ces complications, il faudrait un PDG capable de s'impliquer totalement dans la destinée de l'entreprise. Or, Elon Musk est très occupé ailleurs et préfère parler de robots humanoïdes comme prochain levier de croissance de Tesla.

La première baisse des ventes annuelles de véhicules électriques Tesla enregistrée en 2024 sonne comme un coup de semonce pour la stratégie de la firme et les investisseurs aimeraient sans doute être rassurés avec des projets concrets et non des visions de long terme non chiffrées.

Tesla Model Y Juniper Final 02

Les analystes sont également dans l'expectative et certains voient dans la récente volonté de rachat d'OpenAI pour 100 milliards de dollars (rejetée aussitôt par la startup IA) comme une diversion face aux problèmes de Tesla.

Sans compter qu'en allant trop loin dans son activité au sein du DOGE, Elon Musk pourrait être accusé de conflit d'intérêt en favorisant les cadres réglementaires pour ses entreprises. Lui affirme qu'il se récuserait si cela devait arriver...

Source : CNBC