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Argentique numérique, journalisme et art

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filh
L'édito de paris-art.com en cause suite à la sortie d'un hors série de
Libé.

http://www.paris-art.com/edito_detail-andre-rouille-124.html

FiLH (ps je n'ai pas vu le hs de libé)

--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org

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Jean-Claude Ghislain

Sûrement, ils souffrent, les journalistes, et ils ont le droit de
peindre.


Je connais deux hommes d'image (cameraman et photographe) qui ont
couvert la guerre en Yougoslavie, les cicatrices et les traumatismes de
cette expérience sont bien visibles.

On dirait que tu considères les photoreporters comme des mecs qui
arrivent en Roll's sur le champ de bataille, qui arrêtent les hostilités
pour faire des images trop belles et trop léchées et puis, qui repartent
avec un air hautain...

Malheureusement, beaucoup y laissent leur vie et pourtant ils sont
toujours à la recherche de la meilleure image, celle qui montre
l'actualité, qui est bonne techniquement et qui arrive à transmettre
l'émotion au spectateur, c'est-à-dire l'image qui va se vendre et qui va
financer le reportage suivant.

--
Jean-Claude Ghislain
www.grimart.com

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filh
Jean-Claude Ghislain wrote:
Malheureusement, beaucoup y laissent leur vie et pourtant ils sont
toujours à la recherche de la meilleure image, celle qui montre
l'actualité, qui est bonne techniquement et qui arrive à transmettre
l'émotion au spectateur, c'est-à-dire l'image qui va se vendre et qui va
financer le reportage suivant.


Oui, mais je me demande si on n'a pas changé de problématique ces
dernières années. Car cette image percutante, on l'a « déjà » vu. Quelle
image différente entre un conflit en Yougoslavie ou en Irak mis à part
le paysage.

Ce qui est terrible dans ta phrase c'est dans un raccourci assez violent
tu dis que l'émotion sert à financer la suivante. Comme une espèce de
choses sans fin qui n'a pas d'autre but que de se survivre.

Alors... escalade dans l'horreur, car nous sommes de plus en plus
tolérants à l'horreur, parce que le nouveau est le seul garant d'attirer
notre attention ?

FiLH.

P.S. Pas vu l'enfer de Natchwey il était sous cellophane.




--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org

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filh
Denis Vanneste wrote:


Que voudrais-tu qu'il fasse ? Qu'il foire délibérément ses prises de
vues pour être sûr que ses photos soient moches ? Qu'il photographie
les yeux fermés ou qu'il débranche son cerveau avant de déclencher ?


Et pourquoi pas ? Walker Evans en était arrivé là à la fin. Cela mérite
un bout d'attention.

Il y a un zeste de provoc mais finallement on peut aussi opposer ce
genre d'images à celles terriblement mises en scène qu'on nous a proposé
en flot il y a quelques années.

Ce n'est pas un non sens total je crois.

FiLH

--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org

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filh
Cyril fakiri <cyril-AT-cylou.com> wrote:

Tout plutôt que de réaliser que si ça ne vend plus, c'est qu'il y a d'autres
moyens qui ont pris la place, est-ce qu'il faut se borner ?


Tiens, en cherchant un peu, j'ai trouvé cette interview de Chauvel
http://www.routard.com/mag_invite/id_inv/228/patrick_chauvel.htm#1033
Ca t'aidera peut être a mieux comprendre ce que je veux dire.
Je te conseille par ailleurs ses 2 bouquins
Rapporteur de Guerre et SKY...excellents.



Je cite :

L'image demeure-t-elle le meilleur support pour raconter une guerre ?

Le problème de la photo de guerre est qu'elle a tendance à devenir trop
belle. Une photo de guerre doit être puissante, mais pas nécessairement
belle. Quand une photo de guerre est belle, c'est le talent du
photographe que l'on retient avant tout, et non plus l'histoire racontée
par l'image. Je préfère le média radio, car il fait beaucoup travailler
l'imaginaire des gens. Si ma carrière était à refaire, j'aurais sans
doute opté pour la radio.

Nous sommes bien en plein dedans...

FiLH

--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org


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Florent
FiLH avait écrit le 16/11/2005 :
Cyril fakiri <cyril-AT-cylou.com> wrote:

Tout plutôt que de réaliser que si ça ne vend plus, c'est qu'il y a
d'autres moyens qui ont pris la place, est-ce qu'il faut se borner ?


Tiens, en cherchant un peu, j'ai trouvé cette interview de Chauvel
http://www.routard.com/mag_invite/id_inv/228/patrick_chauvel.htm#1033
Ca t'aidera peut être a mieux comprendre ce que je veux dire.
Je te conseille par ailleurs ses 2 bouquins
Rapporteur de Guerre et SKY...excellents.



Je cite :

L'image demeure-t-elle le meilleur support pour raconter une guerre ?


hier à la télé j'ai vu un truc intéressant :

ils passaient de très courtes séquences, d'une ou 2 secondes, contenant
très peu de mouvements et qui se succédaient, entrecoupées de schlak
(le miroir qui se relève dans les reflex)... une sorte de diaporama de
photo-video... c'était intéressant, et beau (image de guerre belle,
comme tu en parles d'ailleurs) et je me disais que ça remplçait
vraiment la photo.........



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Octave
"RigoloClic" a écrit dans le message de news:
dleof2$l7d$

Exactement, je pense qu'il ne faut pas avaler l'info tout cru, il faut

toujours garder l'esprit critique.


Quel est le problème des photographes ? Ce qu'ils font ou ta façon de le
percevoir ?


D'ailleurs, tous les journaux ont une couleur politique, tout le monde le
sait.
Octave


Eh bien si tout le monde est au courant, il n'y a pas de duperie possible.



--
RigoloClic
http://www.rigoloclic.com
http://rigoloclic.deviantart.com


Si j'écris dans ce forum, c'est parce que je me pose des questions sur

l'image en général, son rapport à l'art, c'est pour partager mes questions.
Si je parle de façon affirmative, c'est plus pour provoquer que par
assurance.
Mais, suite à mes interventions, les réactions me paraîssent souvent peu
objectives et surtout peu réfléchies.
Comme tu dis, j'enfonce des portes ouvertes. Depuis assez longtemps, les
medias, les intellectuels posent des questions sur la pertinence de certains
reportages photo, les photo-journalistes eux-mêmes se posent des questions
de pertinence de leur métier. Seulement ici, on dirait qu'il ne faut pas
toucher... à je ne sais pas trop quoi d'ailleurs, à la liberté de l'image,
on pourrait tout photographier, de toutes les façons.
Pour moi, faire de la photo, c'est beaucoup avoir un oeil critique, c'est
chercher ce que veut exprimer l'auteur, consciemment ou inconsciemment. On
ne peut pas tout avaler et oublier le gest du photographe.
Ce n'est pas parce qu'un mec risque sa vie qu'il a raison pour tout.
Je veux dire par là, comme tout journal à une tendance politique, tout
photographe voit le monde à travers son expérience, à travers sa vision
politique, il n'y a pas de photo neutre. Mais pour informer, il faut
peut-être essayer de s'approcher de la neutralité.
Octave



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Denis Vanneste

Et pourquoi pas ? Walker Evans en était arrivé là à la fin. Cela
mérite un bout d'attention.

Il y a un zeste de provoc mais finallement on peut aussi opposer
ce genre d'images à celles terriblement mises en scène qu'on nous
a proposé en flot il y a quelques années.

Ce n'est pas un non sens total je crois.


Par rapport à ce que j'écrivais, je crois qu'il faudrait faire une
distinction entre une image terriblement mise en scène et une image
terriblement bien composée, c'est-à-dire entre préméditation et
instinct. La mise en scène de personnes en détresse me choque, du moins
lorsqu'elle n'est pas voulue par les intéressés eux-mêmes. Mais faire
une photo délibérément mal fichue, n'est-ce pas aussi opérer une mise
en scène ? Je ne suis pas sûr qu'il y ait vraiment opposition, là.

--
Denis Vanneste

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WEILL

(...) Depuis assez longtemps, les
medias, les intellectuels posent des questions sur la pertinence de certains
reportages photo,


Tu m'excuseras de récuser ici les "intellectuels" dont tu parles, qui se
posent en permanence en censeurs de celui qui fait telle ou telle photo,
tel ou tel reportage sans avoir le courage ou l'intelligence (d'où les
guillemets à intellectuels) de se poser la question de savoir qui décide
réellement de ce qui est publié ou non et sous quelle forme
(présentation, légendes...).

Il est effectivement difficile aujourd'hui de montrer la misère du monde
à travers le reportage photographique, sauf si elle est géographiquement
lointaine et que le reportage a pour but de soutenir une "grande cause
humanitaire"... C'est à dire de solliciter le porte-monnaie des gens
ordinaires des pays "riches" en jouant sur la corde sensible pour
alimenter le "charity business" international. Jamais pour les faire
réfléchir sur les causes réelles de cette misère lointaine dont les
responsables se trouvent souvent géographiquement bien plus proches, et
sont d'ailleurs parfois parmi les actionnaires des grands groupes de
presse possèdant les magazines qui publient ce genre de reportage.

Alors les beaux discours sur le prétendu voyeurisme des reporters
photographes de la part de ces Messieurs RAS LE BOL!

C'est purement et simplement de l'hypocrisie, celle de "politiquement
correct" et celle du consensus mou.

L'obscenité, je la vois bien plus dans la contemplation de leur tête sur
tous les plateaux de télévision pour des débats à fleurets mouchetés sur
des sujets faussement polémiques où chacun s'échange la rhubarbe et le
sénée.

(...) les photo-journalistes eux-mêmes se posent des questions
de pertinence de leur métier.


La première des question que se posent aujourd'hui les photojournalistes
c'est de savoir comment ils peuvent continuer à exister
professionnellement. Et cela se traduit pour le plus grand nombre
d'entre-eux par une question simple: dois-je continuer, sachant que si
je veux vivre correctement de ce que je fais, je dois accepter d'avaler
des couleuvres au kilo et être prêt à jouer les paparazzi dans le monde
"merveilleux" du "People" ou à faire du portrait flatteur du dernier
guignol à la mode ou encore à couvrir les faits divers avec le plus de
sensationalisme possible...?

Ce qui est avant tout la conséquence d'un manque total de diversité
politique et idéologique réelle dans une presse dominée par quelques
grands groupes financiers et qui trouve ses revenus dans la publicité
des annonceurs et non du soutien des lecteurs, groupes qui, seuls, ont
les moyens matériels de financer des reportages sur la durée (qu'ils
soient lointains ou pas géographiquement parlant).

Le traitement de l'explosion récente, présentée comme une surprise, des
banlieues montrent sur ce point l'absence de tout travail journalistique
de fond...

La raison en est simple: faire ce genre de travail serait dangereux
idéologiquement pour les groupes de presse et leurs annonceurs, car la
dénonciation des raisons sous-jacentes de cette explosion et plus encore
la démonstration du fait que les sujets de mécontentements sont en
réalité communs à la plupart de citoyens français et vont bien au-delà
des spécificités des banlieues où les discriminations, par exemple, ne
sont qu'un épiphénomène propre à une politique du "diviser pour règner"...


Seulement ici, on dirait qu'il ne faut pas
toucher... à je ne sais pas trop quoi d'ailleurs, à la liberté de l'image,
on pourrait tout photographier, de toutes les façons.


Sur ce point, la réponse est identique à celle de Desproges à propos de
l'humour dans son sketch du Tribunal des Flagrants Délires sur Le Pen:
"On peut rire de tout mais pas avec tout le monde"... Oui on peut tout
photographier mais il faut prendre garde de savoir comment on vous publie...

Pour moi, faire de la photo, c'est beaucoup avoir un oeil critique, c'est
chercher ce que veut exprimer l'auteur, consciemment ou inconsciemment. On
ne peut pas tout avaler et oublier le gest du photographe.
Ce n'est pas parce qu'un mec risque sa vie qu'il a raison pour tout.
Je veux dire par là, comme tout journal à une tendance politique, tout
photographe voit le monde à travers son expérience, à travers sa vision
politique, il n'y a pas de photo neutre. Mais pour informer, il faut
peut-être essayer de s'approcher de la neutralité.


La vieille lune imbécile de la neutralité... Personne ne peut être
neutre, et surtout pas quand on vit des évènements dramatiques, quand on
se lie d'amitié avec des gens qui sont engagés dans de telles
circonstances...

Il est parfaitement normal alors de s'engager soi-même, c'est même
paradoxalement uen garantie d'honnêteté vis à vis du lecteur A CONDITION
DE LE DIRE CLAIREMENT.

L'objectivité de l'information ne peut venir que de l'expression de la
pluralité des points de vues, des sources... etc.

C'est justement parce que notre Presse est soumise quasi-intégralement à
une CENSURE PAR VOIES ECONOMIQUES et que les principes des ordonnances
de 1944 sur la Presse (abolies - c'est un comble - par un gouvernement
dit de gauche!) qui visait à faire de la transmission de l'information
un secteur de libre expression HORS DES LOIS DU MARCHE ne sont plus
respectés que les problèmes se posent pour tous les journalistes, dont
les photojournalistes, mais aussi pour les lecteurs qu'on abuse en
prétendant faire de l'objectivité alors qu'on leur serine une pensée
unique à longueur de colonnes dans le cadre de laquelle même les débats
soant faussés et réglés d'avance par un cadre strictement délimité.

Si on veut des exemples, en voici deux:

Fausse opposition:

Les "prélèvements obligatoires" où le débat se résume toujours entre les
deux positions suivantes : trop important (droite libérale) pas assez
(gauche) mais où jamais n'est posé le problème de la REPARTITION DES
DITS PRELEVEMENTS (qui doit payer et à quel taux?)...

Consensus mou

La Pollution: c'est pas bien (tous) mais qui doit payer? réponse tout le
monde (et en particulier le pékin moyen) mais où jamais ne sera faite la
différence entre ceux qui polluent pour gagner du fric (et en réalité
payent très peu en regard des dégâts commis) et ceux, comme vous et moi,
qui la plupart du temps polluent parce qu'ils ne peuvent faire autrement
en y gagnant rien (et payent, eux bien plus que ce qu'ils dégradent).

Ensuite on peut accuser les photojournalistes de tous les maux de la
terre, vouloir les rendre resposnables pour censurer un peu plus la
vision du monde tel qu'il est au nom de l'abominable politiquement
correct, infantilisant et stérile...

Mais ce n'est pas ainsi qu'on réglera le problème.

François P. WEILL

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Raymond Delhaye
De : "Jean-Claude Ghislain"

Sûrement, ils souffrent, les journalistes, et ils ont le droit de
peindre.


Je connais deux hommes d'image (cameraman et photographe) qui ont
couvert la guerre en Yougoslavie, les cicatrices et les traumatismes de
cette expérience sont bien visibles.

On dirait que tu considères les photoreporters comme des mecs qui
arrivent en Roll's sur le champ de bataille, qui arrêtent les hostilités
pour faire des images trop belles et trop léchées et puis, qui repartent
avec un air hautain...

Malheureusement, beaucoup y laissent leur vie et pourtant ils sont
toujours à la recherche de la meilleure image, celle qui montre
l'actualité, qui est bonne techniquement et qui arrive à transmettre
l'émotion au spectateur, c'est-à-dire l'image qui va se vendre et qui va
financer le reportage suivant.


C'est l'occasion de se replonger dans l'oeuvre de William Eugène Smith, non?

Raymond Delhaye


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Noëlle Adam
Denis Vanneste wrote:


Pourquoi une photo qui montre la misère doit être belle ?



Une photo qui montre la misère, c'est une photo qui montre des gens.
Faire en sorte que l'image qui les représente soit belle, alors même
que leur situation ne l'est pas, n'est-ce pas une façon de leur
témoigner le respect qui leur est dû ?

C'est ce que j'ai pensé des photos de Salgado, il y avait une expo à

Rennes. Qu'il respectait les gens sincérement.

Noëlle.