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Food for thought

317 réponses
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filh
Une citation sortie de Paris-Art.com

«Fendre, ouvrir les mots, les phrases ou les propositions pour en
extraire les énoncés » (Gilles Deleuze). Tordre le matériau pictural,
photographique, musical : le triturer pour en briser les rigidités, les
pesanteurs, les n½uds afin de faire advenir des formes nouvelles,
c'est-à-dire des manières de voir différemment les choses, d'en produire
des visibilités, ces «évidences» propres à chaque époque : telle est la
mission d'un art contemporain.

Aussi, l'½uvre la plus réaliste, réputée la plus ressemblante, est-elle
le produit d'un travail avec le matériau. C'est une invention de formes,
une énonciation plutôt qu'un reflet d'état de choses.
Sa force de vérité, l'½uvre la puise dans ce travail d'énonciation avec
le matériau qui fait advenir des sens et des regards inouïs.
Nécessairement inactuels.


FiLH



--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org

10 réponses

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graphistecomBOUCHONfr
Pierre Pallier wrote:

Pour se branller un peu plus.


Ah non, branller, c'est quand ça tressaute vraiment sous l'effet de
l'excitation... :o)


Ce n'est pas le cas en l'occurence ? :)

--
Graphistecom


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graphistecomBOUCHONfr
FiLH wrote:

Mais chaque grand peintre a fait avancer la peinture. Chaque grand
sculpteur a fait avance la peinture.


C'est très discutable.
Je foisonne de contre-exemples.

--
Graphistecom

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FiLH
(Graphistecom) writes:
Je foisonne de contre-exemples.


Foisonne mon grand foisonne...

Les quels au fait ?

FiLH

--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
Web: http://www.filh.org e-mail
FAQ fr.rec.photo : http://frp.parisv.com/
Sitafoto la photo a Bordeaux : http://sitafoto.free.fr/

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florentpessaud
(Graphistecom) wrote in message news:<1gjr1pi.7gcqbd1xrif5wN%...


Et je reviens encore sur cet argument : reprends n'importe quelle
querelle historique sur "l'art contemporain", tu retrouveras déjà
l'argument que tu donnes.
?



L'art contemporain, au sens strict du terme (l'art pratiqué par des
contemporains) a toujours été au coeur de polémiques telles que
celle-ci, et ceci depuis l'Antiquité.
Et, depuis l'Antiquité, une majorité de personnes pense que l'art
contemporain est "hermétique" ou "décadent", essentiellement parce
qu'il est nouveau, qu'il explore de nouvelles formes qui déroutent les
contemporains.

Besoin d'initiation pour écouter Mozart ? Non.


Oui.

Besoin d'initiation pour admirer un Raphaël ? Non.


Oui.

besoin d'initiation pour se laisser bercer par les sonorités d'un poême?


Oui.

Besoin d'initiation pour se laisser séduire par la chorégraphie d'un
ballet ? Non.


Oui.

Besoin d'initiation pour apprécier une roue de vélo posée sur un siège ?


Oui.

Besoin d'initiation pour apprécier l'image une boite de soupe peinte sur
toile ?


Oui.

Besoin d'initiation pour apprécier des marques frénétiques de tampons ?


Oui.

Pour apprécier une oeuvre d'art, *quelle qu'elle soit*, on peut soit
s'appuyer sur l'affect, soit sur ce que tu appelles une "initiation".
Et c'est aussi vrai pour Raphaël que pour Mirò.

Après, bien sûr, nous (en Occident) baignons depuis la plus tendre
enfance dans une culture "classique", donc l'initiation nécessaire
pour apprécier Raphaël ou Mozart on la fait sans même en avoir
conscience.

Mais croire que ce sont des oeuvres d'art plus "accessibles" est un
gros leurre.

Deux exemples au hasard :

- Toute la culture arabo-musulmane prohibe la représentation
figurative. La culture picturale "classique" dans cette culture
tournera plutôt autour de la calligraphie, des motifs géométriques ...
Pour quelqu'un élevé dans cette culture, l'art pictural contemporain
serait beaucoup plus "évident" à appréhender qu'un tableau de Rubens

- Les musiques traditionnelles africaines reposent sur des
constructions rythmiques et des modes très différents de la musique
européenne. Ici encore, quelqu'un élevé dans cette culture trouvera
très accessible l'oeuvre de Steve Reich, basée sur des modes qui
appartiennent à leur référent culturel (polyrythmies, structures
répététitives) et incompréhensible l'oeuvre de Mozart.

L'art contemporain n'est pas facilement abordable. Pourquoi ?
Simplement parce qu'il n'existe que par l'abolition du recours
systématique aux règles académiques. L'artiste est libre de créer ses
propres règles et référents culturel pour ses oeuvres. Le spectateur
n'en est que plus dérouté, sans base de comparaison pour émettre une
appréciation.


Là, je suis en revanche plutôt d'accord avec toi. La difficulté de la
"nouveauté", toujours déroutante, existe.

Mais, là ou on ne se rejoint pas, c'est que tu définis du coup l'art
contemporain comme "difficilement abordable", ce qui sous-entend pour
moi une certaine "faute", un défaut de cet art contemporain. Ce que je
conteste


La société évolue, les références changent, et effectivement les
références anciennes et connues apparaissent par contraste meilleures.
Mais c'est un mouvement perpétuel et cela ne fait pas de l'idée du
"c'était mieux avant" une vérité pour autant, bien au contraire. Même
si le conservatisme est profondément humain.


Je ne vois pas le rapport.


Il m'apparaît comme évident pourtant

Tu ne serais pas en train de faire une quelconque interprétation de mes
propos en relation avec ma personnalité ?


Pas mon genre, non.


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florentpessaud
"Jean-Claude Ghislain" wrote in message news:...

La seule nouveauté (et encore, c'est un phénomène assez
franco-français) résidant peut-être dans l'institutionnalisation du
truc, avec labos de recherches et artistes "subventionnés" d'une
manière différente du mécénat d'autrefois.


On peut effectivement voir là une nouvelle forme de mécénat, mais une forme
froide et peu passionnée


Oui, mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Le
subventionnement de l'art, je comprends que cela dérange, mais c'est
une innovation intéressante en cela qu'elle affranchit les artistes de
la nécessité de plaire au bailleur de fond.
Après, bien sûr, il est difficile de trouver des critères "objectifs"
pour ces subventions, ce qui de facto favorise le spectacle vivant (ou
l'on a un critère quantitatif évident) et les artistes "chercheurs" ou
"officiels" (là encore, on retrouve un critère quantitatif,
publications dans les revues par exemple) au détriment des autres.

Mais ce mécénat "froid", tant qu'il n'est pas la seule source de
revenus possible pour les artistes, me paraît un complément
intéressant au "Marché" de l'art, qui entraîne une autre forme de
formatage.

Et ces "artistes fonctionnaires", style IRCAM ou TNP, produisent des
choses intéressantes qu'ils pourraient difficilement réaliser sans
cette forme particulière, neutre, de mécénat...

A côté de cela le galeriste à l'ancienne, c'est à dire
le découvreur de talent, n'hésitant pas si nécessaire à prendre en charge
financièrement l'artiste ; ce type de galeriste est en voie de disparition.


Ca, malheureusement, c'est aussi vrai. C'est le contrecoup d'une
certaine démocratisation de l'art, cela se paye d'une relative
"mécanisation" du système.

Il y a là, pour l'instant, comme un manque pour les jeunes artistes. Car les
institutions c'est comme les Oscar ou les César, un film humoristique ne
reçoit quasi jamais ce genre de récompense réservée à ce qui est sérieux.


Oui, mais ce n'est pas anormal : le financement de l'Etat correspond à
une certaine logique d'aide à des formes artistiques qui ne sont *pas*
populaires et ont donc besoin d'aide pour pouvoir exister.

L'artiste ne rentrant pas dans le canevas culturel "légal" et qui n'a
pas les moyens (financier) de se promouvoir seul, se retrouve dans une
position délicate.


Vrai aussi. Et même la multiplication des "canaux de distribution"
n'aide pas vraiment.
On a parlé d'internet, certes c'est un moyen économique de faire
découvrir ce que l'on fait, mais l'effet de masse est terrible et
favorise, même là, les "institutionnels" ou les "commerciaux", dont
les moyens financiers sont 'une autre taille.

Si l'on est jeune, que l'on a du talent et que l'on produit
autre chose que ce que veulent les Majors, on a bien peu de chance de
réussir à gagner sa croûte et ce n'est pas seulement valable en musique.


Je connais bien le problème :)
Il y a aussi le circuit du live, qui permet de vivre (surtout en
France avec l'intermittence), mais là encore ce n'est pas donné à tout
le monde, talent ou non.
Ce qui condamne la musique populaire à se limiter à la variété d'un
côté, et les groupes très orientés "spectacle scénique" à mi-chemin du
spectacle de rue de l'autre (toute la scène "alternative" française,
quoi).
Si on ne rentre pas dans une de ces deux cases, c'est la galère

Heureusement, depuis peu, je vois que la résistance gagne des points et dans
plusieurs domaines. En Belgique une radio comme "Classique 21" est un succès
presque sans précédent, Internet permet de diffuser son travail sans se
ruiner, en peinture il y a un net retour vers le savoir-faire au détriment
du seul concept. Néanmoins, il y a un réel malaise dans les milieux
artistiques.


C'est une période étrange. Il y a une explosion des outils pour
s'essayer à l'art, un vrai phénomène de masse très évident en musique,
ou avec le numérique tout le monde maintenant peut et *veut* sortir
son CD et essayer de vivre de sa musique (et ça va venir pour la photo
très bientôt...), mais en même temps le marché "rentable", lui, se
contracte fortement.
Il y a dix ans on trouvait peu de groupes dans des démarches
professionnelles, mais avec un minimum de talent et beaucoup de
travail la plupart arrivaient à se faire une "place au soleil", à
vivre de leur art.
Maintenant le premier groupe d'ados venus vend son cd sur internet et
envoie des emails aux tourneurs et maisons de disques, mais s'il est
devenu beaucoup plus facile de devenir "semi-pro", de gagner de quoi
se payer le matériel et le pressage du CD, pouvoir ne faire *que* de
la musique tourne à l'utopie.

Après, est ce une bonne ou une mauvaise évolution, ça peut *aussi* se
discuter, cela dit


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FiLH
(Florent Pessaud) writes:
(Graphistecom) wrote in message news:<1gjr1pi.7gcqbd1xrif5wN%...

Mais, là ou on ne se rejoint pas, c'est que tu définis du coup l'art
contemporain comme "difficilement abordable", ce qui sous-entend pour
moi une certaine "faute", un défaut de cet art contemporain. Ce que je
conteste



Cela sous-entend surtout une vision de l'art contemporain réduite à ce
qu'on veut bien.

Que je sache les Marylin de Wharol sont parfaitement abordables, même
si les boites de Brillo le sont moins.

Une araignée de Louise Bourgeois c'est abordable, une nana de Nicky de
St Phalle c'est abordable, une poterie de Barcello c'est abordable,

Les oeuvres commémoratives de Boltanski c'est abordable.


FiLH


--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
Web: http://www.filh.org e-mail
FAQ fr.rec.photo : http://frp.parisv.com/
Sitafoto la photo a Bordeaux : http://sitafoto.free.fr/

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florentpessaud
"maintenant" <jcp"arrobase"jclaude.ch> wrote in message news:<413dcf1c$...
C'est avec unintérêt évident que je tente de suivre ce fil, mais c'est pas
toujours facile....


Fais comme tout le monde, vas-y au bluff :)


Y a t'il toujours quelque chose à comprendre dans une oeuvre d'art ?
Est ce toujours important de la "comprendre" ?


Un écrivain, (excusez-moi je ne sais plus qui) à dit en substance: "Il y a
deux auteurs à un livre, celui qui écrit, celui qui lit". Je trouve que plus
l'art est abstrait, plus cette vérité vaut.


Il faudrait FiLH, plus calé que moi, pour confirmer, mais il me semble
que c'était carrément la démarche d'un certain nombre de plasticiens
du XXè siècle, en effet.

Est-il vraiment nécessaire de comprendre ce qu'un auteur à voulu exprimer ?


Pour prendre du plaisir à contempler une oeuvre, non, pas
nécessairement.
Comprendre ce que l'auteur a voulu exprimer, c'est plus le boulot du
critique que du spectateur, et on peut vouloir n'être "que"
spectateur.
Après, chacun a sa manière de regarder, et même de "comprendre", une
oeuvre.

Comprendre le travail de l'artiste, c'est surtout intéressant quand,
justement, on ne "comprend" pas intuitivement une oeuvre, quand elle
laisse indifférent, ou à contrario quand on a envie d'aller plus loin
dans la découverte d'une oeuvre qui nous a spontanément fasciné.
Comprendre, ça n'enlève pas la magie.

Je trouve plus utile de comprendre ce que je ressens devant telle oeuvre.


En général, sauf peut-être pour des oeuvres conçues expressément pour
cela, ce que l'on ressent devant une oeuvre c'est ce que l'auteur
voulait qu'on ressente, donc c'est un peu la même chose.

Par exemple, les peintures rupestres de Lascaux, ont un retentissement
émotionnel (j'y reviens!) considérable chez moi. Je sais ne pas être le
seul.


Là, c'est un peu de la triche, parce que en plus de l'oeuvre en
elle-même il y a l'histoire.
Question intéressante d'ailleurs...
Pour les oeuvres "majeures" de l'humanité, style Joconde, Lascaux,
Venus de Milo, etc... , peut-on considérer la part mythique, qui est
maintenant une part prépondérante de l'admiration qu'on a pour ces
oeuvres, comme faisant partie de l'oeuvre ?

Regarderait-on la Joconde de la même manière sans la légende afférente
?
Et cette légende, peut-on maintenant la considérer comme "appartenant
à l'oeuvre" ou comme un parasitage de celle-ci ?

Que les puristes pardonnent mon intervention peut-être inconoclaste aux yeux
de certains....


Au contraire, plus on est de fous et plus on rit et on échange.
Je ne pense pas que le but du débat (là ou il en est maintenant en
tout cas) soit d'amener une vérité officielle issue des puristes pour
éduquer les ignorant qui viennent d'acheter un APN...


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Raymond Delhaye
Mais chaque grand peintre a fait avancer la peinture. Chaque grand
sculpteur a fait avance la peinture.


C'est très discutable.
Je foisonne de contre-exemples.




"Rien n'est plus facile que l'avant-garde."
Björk


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florentpessaud
"Bour-Brown" wrote in message news:<chl3qd$vii$...


La société évolue, les références changent, et effectivement les
références anciennes et connues apparaissent par contraste meilleures.
Mais c'est un mouvement perpétuel et cela ne fait pas de l'idée du
"c'était mieux avant" une vérité pour autant, bien au contraire.


Je comprends bien, mais le fait que les mouvements de protestation soient
une constante ne range pas automatiquement celui-ci dans la catégorie
des réactions ataviques contre le changement et le progrès.


Un point pour toi. Il est tout à fait *possible* que, en effet, cette
fois-ci, ce soit une réaction pertinente contre une évolution
"erronée" de l'art.

Ca arrive, parfois, c'est comme pour la décadence. Les "vieux réacs
aigris" qui pestaient contre la décadence de l'Empire Romain aux
alentours de 300 ou de la Monarchie Absolue fin 18è avaient en effet
raison.

Reste que, comme ce discours *est* une constante du discours
intellectuel humain, loin d'être toujours justifié, et même plus
souvent faux que vrai, il faut pouvoir le *démontrer* , que ce n'est
pas une réaction atavique contre le progrès.


Mon grief contre
l'hermétisme n'est pas un conservatisme - après le XXème siècle et la
diversité de ses démarches artistiques, je crois qu'il me serait impossible
de revenir en arrière - mais contre son hégémonisme, et par extension contre
ce nouvel académisme.


Et c'est quoi ce "nouvel académisme" que tu dénonces tant, quel
pouvoir *réel a t'il ?

L'Académisme de l'IRCAM, en musique ? Ca représente quoi, l'IRCAM, sur
la masse de la production musicale française chaque année ? Quel
pouvoir réel a l'IRCAM ?
Qui pèse le plus lourd, qui est le réel "Académisme" musical entre
l'IRCAM et la Star Academy ?

L'Académisme des TNP, en théâtre ? Mêmes questions que pour l'IRCAM...
Qui pèse le plus lourd, quel est le réel "Académisme" théâtral entre
le TNP et les théâtres de boulevard ?

On peut continuer avec le CNC pour le cinéma

Etc etc ...


En résumé, l'académisme que tu dénonces tant, il est où *en réalité* ?

En plus j'ai du mal à trouver un art d'état sympathique.


Je préfère l'art d'Etat à celui de Vivendi/Universal personnellement


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graphistecomBOUCHONfr
FiLH wrote:

Je foisonne de contre-exemples.
Foisonne mon grand foisonne...


Les quels au fait ?


Géricault a fait avancer la peinture vers le Réalisme, précurseur du
Romantisme *français* et de l'Orientalisme. Delacroix s'en est largement
inspiré à ses débuts et pour se que deviendra sa peinture grâce aux
travaux de Géricault. Pourtant on considère Géricault comme un peintre
mineur voire raté et Delacroix comme *le* peintre ayant marqué la
peinture française du XIXe siècle.

David a-t-il fait avancer la peinture ? Pourtant l'école qu'il
représente est connu pour son académisme. C'est pourtant le grand
peintre, référence du Neo-Classicisme.

Idem pour Ingres, grand peintre mais enfermé dans son carcan de
conventions et de préjugés académiques.

C'est l'Histoire qui attribue un peintre phare à chaque courant
artistique. Celà ne signifie pas forcement que le peintre a fait avancer
la peinture. C'est même présomptueux d'affirmer qu'un peintre représente
un courant artistique et le tire vers une constante évolution.

--
Graphistecom