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Food for thought

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filh
Une citation sortie de Paris-Art.com

«Fendre, ouvrir les mots, les phrases ou les propositions pour en
extraire les énoncés » (Gilles Deleuze). Tordre le matériau pictural,
photographique, musical : le triturer pour en briser les rigidités, les
pesanteurs, les n½uds afin de faire advenir des formes nouvelles,
c'est-à-dire des manières de voir différemment les choses, d'en produire
des visibilités, ces «évidences» propres à chaque époque : telle est la
mission d'un art contemporain.

Aussi, l'½uvre la plus réaliste, réputée la plus ressemblante, est-elle
le produit d'un travail avec le matériau. C'est une invention de formes,
une énonciation plutôt qu'un reflet d'état de choses.
Sa force de vérité, l'½uvre la puise dans ce travail d'énonciation avec
le matériau qui fait advenir des sens et des regards inouïs.
Nécessairement inactuels.


FiLH



--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org

10 réponses

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graphistecomBOUCHONfr
Florent Pessaud wrote:

Et je reviens encore sur cet argument : reprends n'importe quelle
querelle historique sur "l'art contemporain", tu retrouveras déjà
l'argument que tu donnes.
?

L'art contemporain, au sens strict du terme (l'art pratiqué par des

contemporains) a toujours été au coeur de polémiques telles que
celle-ci, et ceci depuis l'Antiquité.
Et, depuis l'Antiquité, une majorité de personnes pense que l'art
contemporain est "hermétique" ou "décadent", essentiellement parce
qu'il est nouveau, qu'il explore de nouvelles formes qui déroutent les
contemporains.


Je peux te donner des tas de contre-exemples.
Chaque époque a eut ses exceptions. Mais ce n'est pas une constante.
A part avoir vécu ses époques rien ne permet d'affirmer celà sinon
quelques références que l'histoire de l'art a décidé de redécouvrir. Et
qui pour certains n'étaient pas connu de leur contemporains.

Besoin d'initiation pour écouter Mozart ? Non.
Oui.



Non. Tu as besoin de quelqu'un pour t'apprendre à écouter la musique
classique ? Quelle énormité !

Besoin d'initiation pour admirer un Raphaël ? Non.
Oui.



Non. Ça se regarde c'est tout.
Le reste c'est de l'analyse d'oeuvre.

besoin d'initiation pour se laisser bercer par les sonorités d'un poême?
Oui.



Non. Pourvu que le conteur et son auditoire parle la même langue.
Autrement tu nies l'intérêt premier de la poésie.

Besoin d'initiation pour se laisser séduire par la chorégraphie d'un
ballet ? Non.
Oui.



Non. Nul besoin de savoir danser pour prendre plaisir à regarder des
corps bouger au rythme d'une musique. C'est un plaisir auditif et visuel
à la portée de toutes et tous.

Pour apprécier une oeuvre d'art, *quelle qu'elle soit*, on peut soit
s'appuyer sur l'affect, soit sur ce que tu appelles une "initiation".
Et c'est aussi vrai pour Raphaël que pour Mirò.


Dans ce cas pourquoi affirmes-tu qu'une initiation est nécessaire pour
Mozart, Raphaël, la poésie ou la chorégraphie ?

Après, bien sûr, nous (en Occident) baignons depuis la plus tendre
enfance dans une culture "classique", donc l'initiation nécessaire
pour apprécier Raphaël ou Mozart on la fait sans même en avoir
conscience.


Une représentation d'une femme sereine tenant en ses bras un enfant
a-t-elle besoin d'initiés pour être apprécié ? Le roi du Maroc
commandant des toiles à Delacroix lors de son séjour sur ses terres
a-t-il été initié pour apprécier les oeuvres de Delacroix ? A-t-on
besoin d'être initié pour apprécier les photographies de HCB ou
Doisnaud?
A-t-on besoin d'être initié pour apprécier une musique à la radio, dans
l'ascenseur, au supermarché ou à l'opéra ? Selon ta citation celà
s'inscrit dans une logique où il faut affirmer : oui.

Quelle énormité de ta part... àmha !

Mais croire que ce sont des oeuvres d'art plus "accessibles" est un
gros leurre.
Deux exemples au hasard :
- Toute la culture arabo-musulmane prohibe la représentation
figurative.


C'est faux.
Il y a toujours eu différentes représentations dans les cultures
musulmanes. Figuratives également.
Tu uses d'un cliché et démontres une méconnaissance su sujet.

La culture picturale "classique" dans cette culture
tournera plutôt autour de la calligraphie, des motifs géométriques ...
Pour quelqu'un élevé dans cette culture, l'art pictural contemporain
serait beaucoup plus "évident" à appréhender qu'un tableau de Rubens


Un Picasso ou un Dali serait plus évident à appréhender qu'un Rubens,
notamment pour un "musulman" selon toi. J'en reste coit !
Soit tu me prends pour un con soit tu t'exprimes très mal. A moins que
tu ne sois venu d'une autre planète... ?

- Les musiques traditionnelles africaines reposent sur des
constructions rythmiques et des modes très différents de la musique
européenne. Ici encore, quelqu'un élevé dans cette culture trouvera
très accessible l'oeuvre de Steve Reich, basée sur des modes qui
appartiennent à leur référent culturel (polyrythmies, structures
répététitives) et incompréhensible l'oeuvre de Mozart.


Apparement tu conceptualises un art qui ne repose pas sur une base
culturelle mais sur une base commune à l'ensemble de l'humanité. Les
hommes ne sont pas si différents que ce que tu prétends et leur culture
ne les rends pas réfractaires à tous les arts étrangers.
Comme tu prends la musique en argument, c'est précisement le meilleur
exemple de mon point de vue qui unie le maximum de cultures. Une mélodie
et des sonorités agréables n'ont pas de barrière de langue ou de
culture. Je ne parle pas ni ne comprends l'allemand pourtant je peux
écouter Mozart dans la langue de Goethe et y prendre plaisir.
- Peter Gabriel et son label de World Music n'aurait-il rien compris ?
- Brian Eno travaillerait-il le son sur une théorie seulement valable
pour ses seules oreilles ?
- La musique de Ligeti pourrait-elle seulement être appréciée des
initiés ?
- Peut-on apprécier la bande-originale de "2001 L'odyssée de l'espace"
seulement en ayant compris "Ainsi parlait Zarathrusta" de Wagner ou "Le
beau Danube bleu" de son père/fils ?
- Suis-je une exception culturelle si j'apprécie les chansons en wolof
de Femi Kuti ?

Tant que l'Art ne devient pas conceptuel, il peut être apprécié par tous
sans besoin d'initiation.

Mais, là ou on ne se rejoint pas, c'est que tu définis du coup l'art
contemporain comme "difficilement abordable", ce qui sous-entend pour
moi une certaine "faute", un défaut de cet art contemporain. Ce que je
conteste


Difficilement abordable car il est trop conceptuel.

Je ne vois pas le rapport.
Il m'apparaît comme évident pourtant



Il ne me parait toujours pas évident.

Tu ne serais pas en train de faire une quelconque interprétation de mes
propos en relation avec ma personnalité ?
Pas mon genre, non.



Pourtant je ne vois pas ce que le "c'était mieux avant" vient faire dans
cette discussion. D'autant plus que je n'ai jamais révélé mes tendances
en ce qui concerne des courants artistiques.

--
Graphistecom



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florentpessaud
"Bour-Brown" wrote in message news:<chl6o6$b8l$...

Zola croit en l'Éducation, il pense donc que plus le peuple sera cultivé,
plus il pourra apprécier l'art. Hélas, ça n'a pas du tout marché comme ça :
plus le peuple a été éduqué, plus l'art s'en est éloigné.


Ca n'est pas vraiment mon sentiment. Le premier venu connaît Mozart et
Picasso...

Voilà plus d'un
siècle maintenant que les états s'efforcent d'inculquer à l'ensemble de leur
population on va dire les valeurs bourgeoises du XIXème, voila plus d'un
siècle que l'art se dérobe des masses par des pirouettes en tout genre.


Non, l'art, les artistes continuent leur bonhomme de chemin, toujours
(et nécessairement) en avance sur leur temps. Et l'assimilation par le
grand public se fait plutôt mieux qu'avant.

L'espace qui sépare le vulgum pecus de son art me paraît plus grand
maintenant qu'à la fin du XIXème. Vu la quantité d'ouvrages religieux et de
monuments publics, je suis persuadé que la population de l'époque, aussi
inculte fut-elle, était beaucoup plus proche des oeuvres de leur temps que
la nôtre de celles des plasticiens contemporains.


J'en doute, j'en doute beaucoup... /L'assomoir/ toujours... La
population de la fin du XIXè savait au mieux lire, et n'avait pas non
plus un accès aisé à l'art, même religieux. Et les monuments publics,
dans les quartiers populaires, ...

Et pourtant, ce n'est pas faute d'en connaître. La culture de l'ensemble des
occidentaux est considérablement plus grande aujourd'hui qu'il y a 100 ans,
les livres, les magazines et la télé diffusent de plus en plus, les musées
ont ouvert leur portes, en France l'enseignement des Arts Plastiques est
obligatoire jusqu'en troisième, le Ministère de la Culture a mis en place
les Fonds Régionaux d'Art Contemporain qui, dans chaque région, sont
financés par les fonds publics et sont censé promouvoir les Arts Plastiques
et l'acquisition d'oeuvres contemporaines, etc. Alors ?


Alors, maintenant le plus inculte des incultes connaît Mozart et
Picasso.

Malgré ce système le fossé ne me semble ni comblé ni en voie de l'être :
l'art et la culture ont beau être devenus un véritable business, les
doléances perdurent. Empreint lui aussi des valeurs bourgeoises du XIXème,
l'art ne veut pas - mais absolument pas - être rattrapé : être populaire
quelle horreur - on trouve dans ce fil maints traits qui l'indiquent.


Mais il existe *aussi* un art "populaire" et pour autant pas
nécessairement méprisé ou méprisable. On a tendance /en France/ à
l'oublier, mais la "pop culture", ça existe vraiment.
Il faut arrêter de résumer l'art contemporain aux artistes les plus
emblématiques d'un certain hermétisme.

Et encore, même ces artistes "hermétiques" descendent parfois de leur
Olympe et touchent le bas peuple... La /Messe pour le temps présent/
de Pierre Henry et Béjart, par exemple ; la place des Terreaux
redessinée par Buren. Les motifs de Mondrian réutilisés par L'Oreal,
le Centre Beaubourg (je parle du bâtiment, de l'architecture, dans ce
cas), les compressions de Cesar en /prime time/ , le festival
d'Avignon

Voilà. Cette obligation qui de nos jour anime l'art, et dont l'article-là se
fait l'écho - décidément de plus en plus révélateur d'un méprisable courant
de pensée, cet article - cette recherche perpétuelle, cette nouveauté
permanente, tu veux que je te dise ? C'est à la fois le moteur d'un
consumérisme colossal et la volonté à se dérober sans cesse. Beurk.


C'est l'essence de l'art contemporain, cette recherche perpétuelle et
cette nouveauté permanente.
*Quelle que soit* la période considérée.

Est ce être un artiste que de refaire ce qui s'est fait 50, 100, 300
ans avant ?

Qu'apporte t'on à la société, en tant qu'artiste, en essayant de
refaire ce que Rubens a fait 4 siècles auparavant ? En plagiant
Beethoven avec 200 ans de retard ?

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FiLH
(Florent Pessaud) writes:

"Bour-Brown" wrote in message news:<chl6o6$b8l$...

L'espace qui sépare le vulgum pecus de son art me paraît plus grand
maintenant qu'à la fin du XIXème. Vu la quantité d'ouvrages religieux et de
monuments publics, je suis persuadé que la population de l'époque, aussi
inculte fut-elle, était beaucoup plus proche des oeuvres de leur temps que
la nôtre de celles des plasticiens contemporains.


J'en doute, j'en doute beaucoup... /L'assomoir/ toujours... La
population de la fin du XIXè savait au mieux lire, et n'avait pas non
plus un accès aisé à l'art, même religieux. Et les monuments publics,
dans les quartiers populaires, ...


J'en doute aussi : fin XIXe la population est majoritairement paysanne
et se déplace peu. Je doute qu'on la retrouve au salon d'automne
(indépendant ou académique).

FiLH

--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
Web: http://www.filh.org e-mail
FAQ fr.rec.photo : http://frp.parisv.com/
Sitafoto la photo a Bordeaux : http://sitafoto.free.fr/


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FiLH
(Graphistecom) writes:

FiLH wrote:

Je foisonne de contre-exemples.
Foisonne mon grand foisonne...


Les quels au fait ?


Géricault a fait avancer la peinture vers le Réalisme, précurseur du


Possible. Mais je n'ai pas vu Géricault comme un peintre mineur.


David a-t-il fait avancer la peinture ? Pourtant l'école qu'il
représente est connu pour son académisme. C'est pourtant le grand
peintre, référence du Neo-Classicisme.


Je ne trouve pas que David soit un grand peintre. Il a fait certe de
grandes peintures mais pas mal pour la surface.

Idem pour Ingres, grand peintre mais enfermé dans son carcan de
conventions et de préjugés académiques.


Ingres n'est pas un grand peintre

C'est l'Histoire qui attribue un peintre phare à chaque courant
artistique. Celà ne signifie pas forcement que le peintre a fait avancer
la peinture. C'est même présomptueux d'affirmer qu'un peintre représente
un courant artistique et le tire vers une constante évolution.


Je pensais à des gens comme Goya, comme Le Carravage, comme Matisse,
comme Rothko, comme Wharol, comme Van Eyck...

FiLH



--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
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Sitafoto la photo a Bordeaux : http://sitafoto.free.fr/



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maintenant
"Florent Pessaud" a écrit dans le message de

Fais comme tout le monde, vas-y au bluff :)


Ouais, c'est un bon plan pour dire des bêtises.... heureusement tout le
monde n'en dis pas, donc cqfd, tout le monde n'y va pas au bluff ;-)

Est-il vraiment nécessaire de comprendre ce qu'un auteur à voulu
exprimer ?



Pour prendre du plaisir à contempler une oeuvre, non, pas
nécessairement.
Comprendre ce que l'auteur a voulu exprimer, c'est plus le boulot du
critique que du spectateur, et on peut vouloir n'être "que"
spectateur.


La aussi, est-ce nécessaire de comprendre ce qu'a voulu exprimer l'auteur ?
J'ai des doutes. JCG (je crois, de mémoire) a mentionné plus haut l'artiste
qui écoute ses "spectateurs" sans donné son commentaire. J'aime cette image
et je pense que beaucoup d'artistes restent "en amont des mots" dans leur
expression, apprécient aussi que leur spectateurs gardent cette réseve.
Plutôt que d'être compris, il en est qui se contentent de donner à
comprendre, et alors je te rejoins :
Après, chacun a sa manière de regarder, et même de "comprendre", une
oeuvre.

Comprendre le travail de l'artiste, c'est surtout intéressant quand,
justement, on ne "comprend" pas intuitivement une oeuvre, quand elle
laisse indifférent,


là, je sens qu'on approche de la notion d'initiation...

ou à contrario quand on a envie d'aller plus loin
dans la découverte d'une oeuvre qui nous a spontanément fasciné.
Comprendre, ça n'enlève pas la magie.


Pour moi, oui.
Là il faut que je m'explique. Lorsqu'on a compris, (toujours dans le domaine
de l'art, hein, faut pas étendre ça aux math ;-) c'est un processus qui a
abouti, qui n'est plus en évolution. C'est peut-être un trait de mon
caractèpre, je me détourne que ce qui est achevé, et c'est celà qui m'avais
amené à :

Je trouve plus utile de comprendre ce que je ressens devant telle
oeuvre.



En général, sauf peut-être pour des oeuvres conçues expressément pour
cela, ce que l'on ressent devant une oeuvre c'est ce que l'auteur
voulait qu'on ressente, donc c'est un peu la même chose.


Ces ressentis sont si personnels que j'ai des doutes.

Par exemple, les peintures rupestres de Lascaux, ont un retentissement
émotionnel (j'y reviens!) considérable chez moi. Je sais ne pas être le
seul.


Là, c'est un peu de la triche, parce que en plus de l'oeuvre en
elle-même il y a l'histoire.


C'est vrai, mais l'histoire, n'est-ce pas de l'art ?

Question intéressante d'ailleurs...
Pour les oeuvres "majeures" de l'humanité, style Joconde, Lascaux,
Venus de Milo, etc... , peut-on considérer la part mythique, qui est
maintenant une part prépondérante de l'admiration qu'on a pour ces
oeuvres, comme faisant partie de l'oeuvre ?

Regarderait-on la Joconde de la même manière sans la légende afférente
?
Et cette légende, peut-on maintenant la considérer comme "appartenant
à l'oeuvre" ou comme un parasitage de celle-ci ?


La notion de temps écoulé revient. On ne sait rien de ce qui forge les
légendes de demain.
Je pense qu'un VanGogh, sa vie, sa souffrance, son oreille arrachée à défaut
de pouvoir couper la folie, sont en train de passer dans la légende. Et son
oeuvre, avant d'y être liée, porte tout ça.
Et je crois que "tout ça", le spectateur le sent, puis le ressent.

Que les puristes pardonnent mon intervention peut-être inconoclaste aux
yeux


de certains....


Au contraire, plus on est de fous et plus on rit et on échange.
Je ne pense pas que le but du débat (là ou il en est maintenant en
tout cas) soit d'amener une vérité officielle issue des puristes pour
éduquer les ignorant qui viennent d'acheter un APN...


Je plaisantais la moindre, là. Je trouve en fait intéressant de découvrir,
ou deviner, des attentes et des attitudes fort diverses chez les
contributeurs, des ouvertures, ou des réticences.

Salut,
Jean-Claude
www.jclaude.ch


Avatar
florentpessaud
"Bour-Brown" wrote in message news:<chl6qe$baj$...

La femme de ma vie, par exemple, [...] peut rester 20 minutes, fascinée, à
contempler la beauté d'un tableau blanc (et attention, elle sait
reconnaître un bon tableau blanc d'un sans intérêt) et elle se fait
profondément chier devant une peinture figurative, même les chefs d'oeuvre
du genre.
Je veux bien le croire. On a tous nos fascinations pour quelque chose qui

aux autres paraît dérisoire, quelque chose qui nous émeut mais dont nous ne
pouvons pas exprimer la sensation juste.


Et surtout le raisonnement sur la "facilité d'accès" des oeuvres
classiques me paraît discutable.
Et ça m'amuse que ce soit moi qui me retrouve, /de facto/ dans le camp
des élitistes juste parce que je m'échine à faire comprendre que, non,
les oeuvres contemporaines ne sont *pas* particulièrement difficiles
d'accès, que cette généralité est fausse...


Disons que c'est un mouvement perpétuel, et que donc si tu trouve que
cette critique de "l'art contemporain est abscons" a un sens tu devras
nécessairement te limiter à l'art pariétal, qui est à peu près le
seul pour lequel on n'aie pas de traces écrites de polémiques entre
"anciens" et "modernes".


Bon, je veux bien que la structure des échanges sur un forum conduise aux
formules lapidaires, mais là, c'est carrément :
Critique raisonnée du culte de l'hermétisme ? => préhistoire.


Je n'ai pas précisément vu de "critique raisonnée du culte de
l'hermétisme" dans ce fil, j'ai surtout vu un axiome contestable selon
lequel il y aurait un culte de l'hermétisme dans l'art contemporain de
la fin du XXè-début du XXIè.

Ce que je dénonce en m'appuyant sur les points suivants :

1) Il existe plein de gens qui, sans avoir de connaissances plus
pointues que celles de 98 % des gens, apprécient spontanément l'art
contemporain et s'ennuyent devant l'art classique.

2) *De tous temps* il y a eu des dénonciations de "l'hermétisme" de
l'art contemporain qui ne serait plus que prétention, obsession de la
forme vidée de tout sens, ou hermétisme voulu

3) /Par essence/ l'art contemporain *est* novateur et donc bouscule
les codes, les référents culturels, et *peut* donc apparaître plus
hermétique que des formes d'arts auxquelles on est accoutumé.

4) L'art contemporain d'aujourd'hui, c'est le classicisme et
l'académisme de demain.

Et l'axiome du "culte de l'hermétisme" revient encore.

Je ne faisais, avec ma préhistoire, que pousser cet axiome jusqu'au
bout : si l'on rejette l'art contemporain en raison de son hermétisme,
et qu'on pense vraiment que l'art contemporain est fermé et élitiste,
il faut poursuivre sa logique plus loin...

Donc rejeter l'expressionnisme abstrait et le pop-art (hermétique et
prétentieux d'il y a quarante ans)
Donc rejeter le cubisme et le surréalisme (hermétique d'il y a 80 ans)
Donc rejeter l'impressionisme (hermétique d'il y a 130 ans)
(...)
Donc rejeter la mosaïque polychrome romaine (hermétique prétentieux
d'il y a 2000 ans)

Puisque, à chaque fois, on retrouvera les mêmes griefs fait à ces
formes artistiques qui furent contemporaines par leurs contemporains.


Avatar
maintenant
"Florent Pessaud" a écrit dans le message de

Fais comme tout le monde, vas-y au bluff :)


Ouais, c'est un bon plan pour dire des bêtises.... heureusement tout le
monde n'en dis pas, donc cqfd, tout le monde n'y va pas au bluff ;-)

Est-il vraiment nécessaire de comprendre ce qu'un auteur à voulu
exprimer ?



Pour prendre du plaisir à contempler une oeuvre, non, pas
nécessairement.
Comprendre ce que l'auteur a voulu exprimer, c'est plus le boulot du
critique que du spectateur, et on peut vouloir n'être "que"
spectateur.


La aussi, est-ce nécessaire de comprendre ce qu'a voulu exprimer l'auteur ?
J'ai des doutes. JCG (je crois, de mémoire) a mentionné plus haut l'artiste
qui écoute ses "spectateurs" sans donné son commentaire. J'aime cette image
et je pense que beaucoup d'artistes restent "en amont des mots" dans leur
expression, apprécient aussi que leur spectateurs gardent cette réseve.
Plutôt que d'être compris, il en est qui se contentent de donner à
comprendre, et alors je te rejoins :
Après, chacun a sa manière de regarder, et même de "comprendre", une
oeuvre.

Comprendre le travail de l'artiste, c'est surtout intéressant quand,
justement, on ne "comprend" pas intuitivement une oeuvre, quand elle
laisse indifférent,


là, je sens qu'on approche de la notion d'initiation...

ou à contrario quand on a envie d'aller plus loin
dans la découverte d'une oeuvre qui nous a spontanément fasciné.
Comprendre, ça n'enlève pas la magie.


Pour moi, oui.
Là il faut que je m'explique. Lorsqu'on a compris, (toujours dans le domaine
de l'art, hein, faut pas étendre ça aux math ;-) c'est un processus qui a
abouti, qui n'est plus en évolution. C'est peut-être un trait de mon
caractèpre, je me détourne que ce qui est achevé, et c'est celà qui m'avais
amené à :

Je trouve plus utile de comprendre ce que je ressens devant telle
oeuvre.



En général, sauf peut-être pour des oeuvres conçues expressément pour
cela, ce que l'on ressent devant une oeuvre c'est ce que l'auteur
voulait qu'on ressente, donc c'est un peu la même chose.


Ces ressentis sont si personnels que j'ai des doutes.

Par exemple, les peintures rupestres de Lascaux, ont un retentissement
émotionnel (j'y reviens!) considérable chez moi. Je sais ne pas être le
seul.


Là, c'est un peu de la triche, parce que en plus de l'oeuvre en
elle-même il y a l'histoire.


C'est vrai, mais l'histoire, n'est-ce pas de l'art ?

Question intéressante d'ailleurs...
Pour les oeuvres "majeures" de l'humanité, style Joconde, Lascaux,
Venus de Milo, etc... , peut-on considérer la part mythique, qui est
maintenant une part prépondérante de l'admiration qu'on a pour ces
oeuvres, comme faisant partie de l'oeuvre ?

Regarderait-on la Joconde de la même manière sans la légende afférente
?
Et cette légende, peut-on maintenant la considérer comme "appartenant
à l'oeuvre" ou comme un parasitage de celle-ci ?


La notion de temps écoulé revient. On ne sait rien de ce qui forge les
légendes de demain.
Je pense qu'un VanGogh, sa vie, sa souffrance, son oreille arrachée à défaut
de pouvoir couper la folie, sont en train de passer dans la légende. Et son
oeuvre, avant d'y être liée, porte tout ça.
Et je crois que "tout ça", le spectateur le sent, puis le ressent.

Que les puristes pardonnent mon intervention peut-être inconoclaste aux
yeux


de certains....


Au contraire, plus on est de fous et plus on rit et on échange.
Je ne pense pas que le but du débat (là ou il en est maintenant en
tout cas) soit d'amener une vérité officielle issue des puristes pour
éduquer les ignorant qui viennent d'acheter un APN...


Je plaisantais la moindre, là. Je trouve en fait intéressant de découvrir,
ou deviner, des attentes et des attitudes fort diverses chez les
contributeurs, des ouvertures, ou des réticences.

Salut,
Jean-Claude
www.jclaude.ch


Avatar
florentpessaud
"Peter Pan" wrote in message news:<413dc133$1$315$...
Y a t'il toujours quelque chose à comprendre dans une oeuvre d'art ?
Est ce toujours important de la "comprendre" ?


En voilà une question qu'elle est bonne !


Elle est piégeuse...
Je la pose, mais je ne sais pas vraiment *quoi* répondre à part un
fuyant "ça dépend des oeuvres et des artistes"...

Entre une oeuvre qui se suffit à elle-même et une autre qui ne tient que par
les [nombreuses] explications *a priori* qu'on lui donnerait... notamment
par une rhétorique des plus complexes possibles. On en revient à la
comparaison entre art et philosophie (voire psychanalyse !).


Certaines oeuvres "militantes" ou, à l'opposé, purement conceptuelles,
ne prennent tout leur sens qu'avec la théorie qui va bien, en effet.

Mais une oeuvre qui n'aurait de l'intérêt *que* pour ceux qui ont lu
la notice explicative, est-ce encore de l'art, pour pousser le truc à
la limite ?

En effet, s'il faut lire un essai pour pouvoir apprécier l'oeuvre, ce
n'est plus une oeuvre d'art c'est un essai...

NB pour ceux qui y verraient une contradiction avec mes positions
précédentes, il n'y en a pas :

Un "carré blanc sur fond blanc" ça peut s'apprécier en tant que tel,
nul besoin d'explications pour être touché par l'oeuvre (juste une
sensibilité assez inhabituelle)

Et j'ai beau chercher, de fait je n'arrive pas à imaginer une oeuvre
d'ou l'esthétique serait absente.
Il y a certes des cas limites, comme les ready-made, ou effectivement
la question devient plus subtile, dans la mesure ou je ne regarde pas
*tous* les urinoirs comme des oeuvres d'art.
Mais même là pas besoin de lire une monographie pour pouvoir
comprendre et apprécier un ready-made, il suffit de bien vouloir
"jouer le jeu" de l'artiste. Mais là on est plus dans le plaisir
intellectuel qu'esthétique.

En ce qui me concerne j'aime répondre non à ta question, mis à part quelques
exemples typiques comme par exemple Mondrian, dont l'oeuvre finale mérite
qu'on s'attarde au cheminement* dans lequel on trouvera des explications.


Oui, mais Mondrian en plus c'est beau comme tout.
Vraiment dommage en revanche que ce cochon n'ait jamais pris soin de
ses pigments et de ses vernis, ses toiles sont déjà en super mauvais
état.

Tiens, d'ailleurs, hop autre "food for thought" :

La question de la conservation de son oeuvre est-elle de la
responsabilité de l'artiste ?


Avatar
Bour-Brown
FiLH a écrit
( 1gjsao6.93e9mg1cb0gvnN% )

La nouveauté permanente est une constante de l'esprit humain que ce soit
dans l'art contemporain, les voitures, ou n'importe quoi d'autre.


http://www.univ-lille3.fr/set/sem/Bouaniche.html




===== AVERTISSEMENT AU LECTEUR ( s'il en reste) ====
C'est une référence aux travaux de Deleuze, oui, celui-là même qui initie ce
thread. Attention : c'est indigeste. En substance la nouveauté, c'est un
concept somme toute assez nouveau en soi, mais au moins ici c'est un autre
qui le dit.

C'est certes aussi abscons que l'art contemporain, mais pour satisfaire la
soif de références de mes contradicteurs, que ne ferais-je pas ?

Avatar
Bour-Brown
Florent Pessaud a écrit
( )

Reste que, comme ce discours *est* une constante du discours
intellectuel humain, loin d'être toujours justifié, et même plus
souvent faux que vrai, il faut pouvoir le *démontrer* , que ce n'est
pas une réaction atavique contre le progrès.


Ce n'est pas sérieux, il est impossible de «prouver» quoi que ce soit en ce
domaine. De toute façon tu récuses une contestation au seul motif que ce
genre de contestation a existé de tout temps. Bof...