OVH Cloud OVH Cloud

reflex numérique = piège à truffes ?

308 réponses
Avatar
mémé
Bonjour bonjour,
Ca fait un moment que je me demande si on est nombreux à penser pareil,
alors je me lance.

Alors voilà : il y a quinze ans de ça (j'en avait donc onze), j'allais avoir
mon premier appareil, le Minolta Riva zoom 105i (apz avec le petit capteur
IR sous le viseur) sur lequel j'ai fait mes premières photos rien qu'à moi,
et que je ressors encore aujourd'hui à l'occasion pour le dépoussiérer. Ma
mère possédait un Minolta XE avec en option un télé et un flash, et mon
oncle oeuvrait avec son sacro-saint Nikkormat (d'ailleurs en tant qu'accro
il oeuvre encore avec et développe dans son grenier). Mis à part eux deux,
très peu d'autes personnes dans la famille, dans les amis, ou dans nos
connaissances n'avait d'appareil photo, ou tout du moins ne s'en servait.
D'ailleurs aujourd-hui ils se demandent tous comment on a pu faire pour
accumuler une pleine armoire d'albums et de boites à diapos. A cette époque
(pour les anciens c'était hier, mais pour mon jeune âge c'était une époque),
la photo était soit un luxe (pognon + temps libre), soit une passion, soit
un peu des duex, soit ce que vous voullez, mais restait en quelque sorte un
art respecté, qui exerçait sur le profane ou le néophite comme une espèce de
fascination : celui qui débutait était pris sous l'aile d'un ami ou parent
s'il avait la chance d'en avoir un qui s'y connaisse à portée de main, ou
sinon lisait des bouquins sur les appareils, les techniques et les
pratiques, et passait des heures à se promener dans les chemins pour trouver
le meilleur angle sous lequel prendre la meilleure photo du plus joli coin
pitoresque des environs. Je me rappelle avoir passé des journées entières à
viser des sujets sans jamais déclencher, par crainte d'user de la pelloche
pour rien, ou en déclenchant "pour de faux" avec un appareil
non-approvisionné. Les photos étaient comptées, 36 poses ça va très vite, il
s'agissait de s'appliquer et de ne pas faire n'importe quoi avec... En
dehors des photos de voyages, je me démerdais avec ma tirelire pour financer
pellicules et développements, il n'était pas question de dérouler du film au
kilomètre juste parce que le bruit du déclic était joli. J'ai encore au fond
d'un sac des poignée de films rembobinés qui datent de cette période et que
je n'ai jamais fait tirer, parce que je savais que les photos allaient être
tout à fait quelconques. Bref la photographie ce n'était pas du n'importe
quoi.

Mais de nos jours en revanche...
le premier clampin venu qui aime bien les gadgets hi-tech se jete sur
n'importe quel numérique que le vendeur lui tend, et bien entendu c'est le
plus cher et le moins adaptés à ses besoins. D'ailleurs neuf fois sur dix je
suis bien convaincu que le client n'a pas de besoins du tout. Je suis
abassourdi de voir des gens acheter leur tout premier appareil à 900, 1500,
2000 euros sous des prétextes qu'on peut facilement imaginer : "plus mon
appareil il est cher, plus je vais passer pour un pro..." C'est déjà
ahurissant de voir des slogans qui prônent le "don't think, shoot!", mais ça
le devient encore davantage quand ce même slogan parvient à masquer
l'évident "don't think, buy!!". Et il n'y parvient que trop bien. Pire
encore, les étiquetages qui affichent textuellement "6Mo de pixels"
(véridique!) ou "apn compatible PC et Mac", histoire de quand-même pousser
le vice jusqu'à vendre des trucs hors de prix au plus grand nombre possible
de gens naïfs qui manifestement n'y connaissent strictement rien mais
discernent quelques bribes de termes qui leur rappelle vaguement
quelque-chose : "ah regarde : Mo, pixels, compatible Mac, ça doit être bien,
justement je crois qu'il y a aussi des Mo et des pixels dans mon Mac". Y'en
a même qui remlacent leur téléphone mobile uniquement pour avoir la
*fonction apn* dedans. Mais nom d'une pipe qu'est-ce qui leur prend aux gens
d'aujourd'hui ? Les fabricants et les vendeurs je veux bien puisque leur but
c'est de se faire du pognon, mais les acheteurs ? Ils ont perdu les pédales
? Si le numérique n'était jamais sorti, aucun d'entre eux ne se jeterait
aujourd'hui sur un argentique, même un chouette à 300 euros, et pourtant
l'écart de prix permet de s'acheter du film pendant 40 ans. J'ai le
sentiment que ce n'est pas la photographie qui plait mais d'une part
l'aspect gadget et électronique très à la mode "si t'en n'as pas un t'es un
gros naze", d'autre part l'impression qu'ils vont probablement devenir
subitement super-doués en photo, et qu'ils sauront ainsi faire au moins
quelques chose correctement. "Tiens j'irais bien m'acheter un apn ce
week-end, mais un reflex numérique bien sûr parce que ça fait plus sérieux
qu'un compact. Mon collègue au bureau en a un et il est très content, oh
pourquoi pas un 20d avec trois objectifs et un super flash TTL qui doit
sûrement vouloir dire *Très uTiLe*, il a pas l'air mal... puis il est joli
et j'aime bien sa couleur. Allez hop, vendu. En attendant, histoire de me
faire mousser un peu, je vais quand-même poster un coup sur frpn et faire
semblant de demander des conseils dont je ne tiendrai aucun compte, c'est à
dire en fait recevoir un maximum d'acclamations et de courbettes...". Ca
fait peur. Commencez par du numérique si vous voullez, mais restez au moins
un orteil sur terre : c'est pas le prix qui va faire des belles photos,
c'est le talent. Ca parait pas évident comme ça ? alors disons que ce ne
sont pas les baskets qui font un marathon, c'est le coureur. Ca y est, là
l'idée rentre mieux ? Plus vous courrez, mieux vous courrez, indépendament
de la marque ou du prix de vos baskets. Alors bien sûr les baskets jouent un
rôle, mais ce rôle relève du réglage millimétrique en regard de l'immense
différence de qualité due au savoir-faire. Alors avant de vouloir à tout
prix les meilleurs optiques sur les meilleurs boitiers, relativisez un peu
et interrogez-vous sur l'importance des autres améiorations nettement plus
urgentes à apporter à vos photos.

Pour reprendre http://frpn.free.fr :
"Que l'on s'apprécie ou que l'on s'engueule, une chose est certaine : c'est
le même sujet qui nous interesse".
Aussi j'espère lancer un débat civilisé.

10 réponses

Avatar
FiLH
(phcj) writes:

L'argentique n'est plus qu'un outil. Il est vrai que le noir et blanc
depuis l'avènement de la couleur (et ce n'est pas récent) c'est devenu
un gadget pour vieux débris...


C'est un point de vue qui n'engage que toi. Il y a quantité de jeunes
photographes qui font du noir et blanc.

Mais bon, parce que j'emploie les deux je dois être un vieux débris.


Non, t'es un vieux débris parce que tu ressasses des bêtises.

FiLH


--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
Web: http://www.filh.org e-mail
FAQ fr.rec.photo : http://frp.parisv.com/
Sitafoto la photo a Bordeaux : http://sitafoto.free.fr/

Avatar
Florent
(phcj) writes:

L'argentique n'est plus qu'un outil. Il est vrai que le noir et blanc
depuis l'avènement de la couleur (et ce n'est pas récent) c'est devenu
un gadget pour vieux débris...


C'est un point de vue qui n'engage que toi. Il y a quantité de jeunes
photographes qui font du noir et blanc.


ouaiche... même que je commence à rassembler infos et tout le reste
pour me faire une boite à nimages noir et blanc... pourquoi ? paske je
le vaux bien :)

--
http://www.zoo-logique.org/fthouret/photos/
http://kdedalus.free.fr/Dedalus/


Avatar
Noëlle Adam
FiLH wrote:
Noëlle Adam <Noë writes:

Pas un laborieux en tous cas.



Mais je travaille bonté divine !


pfff ! Je t'ai vu faire. Danser, c'est du travail ?

Noëlle


Avatar
Noëlle Adam
phcj wrote:

L'avantage du numérique c'est que les boities à chaussures seront moins
grandes pour entreposer les photos... mais où mettre les CDs ?


Actuellement le Mo de DD est moins cher que le Mo de CD gravé.

Avatar
Laurent Martin
A l'heure actuelle, les médias ont besoin d'images rapidement, ce qui
justifie le numérique au niveau professionnel. Au niveau amateur la


Ca dépend de quels professionnels on parle.
Un photographe de presse quotidienne ou de sport est évidemment obligé de
passer au réflex numérique. Mes copains qui font de la photo d'illustration
ne vont pas y passer dans l'immédiat. Quand les clients demandent des
fichiers, il fournissent un scan. Et encore, tous les pros que je connais et
qui shottent en numérique pour le travail sont restés à l'argentique pour
leurs loisirs.

Un copain m'a récemment parlé d'une agence qui recommence à demander des
dias car ils sont incapables de gérer proprement le stock d'images de
l'agence en numérique. Ceci dit, je ne doute pas qu'un jour ou l'autre, ils
auront à disposition une application de qualité pour faire ça.

--
Laurent

Avatar
pehache_bidon
FiLH wrote:


Très loin d'être aussi abusive que tu veux bien le dire. Quand j'ai vu
Serges Lutens faire une photo avec deux pelloches, je l'ai trouvé très
minimaliste. Quand tu regarde des emissions commes planche contact ou
le reportage sur Natchew par exemple, ils font rarement une seule
photo. Disons que grosso-modo ça concerne 90% des photographes
surlesquels j'ai eu ou vu des infos sur leur façon de travailler.


Oui, mais ça n'a forcément à voir avec une distinction pro/amateur. Des
amateurs qui déclenchent autant que les pro sur un sujet, ça existait
aussi du temps du film. La seule différence c'est qu'un amateur n'y passe
pas toutes ses journées.

De plus, tu associes obligatoirement le fait de déclencher beaucoup à une
volonté d'expérimentation, alors que bien souvent le but premier est
simplement d'assurer la prise de vue.


Emporté par son élan à casser,


Là c'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité.



--
pehache

================================= Posté depuis http://blog.saint-elie.com/news

Avatar
mémé
| Moi je bloque pas, c'est toi qui est bloqué !

Arf... ;) C'est sûr qu'on n'ira pas bien loin comme ça :)

En fait notre mésentente repose effectivement sur le concept de chance : de
mon point de vue, la *chance* n'est ni plus ni moins que du *hasard
heureux*, et la malchance du *hasard malheureux*. Avoir de la chance
signifie exactement être l'objet d'un coup de hasard heureux. La différence
entre chance et hasard ne tient que dans la nuance subjective bien/pas-bien.
Tu prends le hasard et tu le coupes en deux, ça fait la chance d'un côté et
la malchance de l'autre. Tu joues à pile ou face, celui qui gagne a de la
chance et c'est du au hasard. Le talent n'a rien à voir avec la chance, la
chance ne se jete pas plus sur les photographes talentueux que sur les
photographes nuls, sinon un bon photographe ferait mieux de jouer au keno.
Je comprends pas ton concept à toi, où le talent serait une sorte de *chance
continue* indépendante de toute aptitude : ce serait tout à fait improbable,
et le talent pourrait se faire la malle du jour au lendemain.
Avatar
NON NON NON et NON
Florent wrote:

pheu ! tu dis ça paske t'as jamais eu une moiss'bat' à toi, rien qu'a
toi :D


J'ai un collègue de bureau qui en a une avec autoradio mp3 et GPS.
Samedi je file à Creteil Soleil voir si j'en trouve une.

Avatar
personne
FiLH wrote:

(phcj) writes:

L'argentique n'est plus qu'un outil. Il est vrai que le noir et blanc
depuis l'avènement de la couleur (et ce n'est pas récent) c'est devenu
un gadget pour vieux débris...


C'est un point de vue qui n'engage que toi. Il y a quantité de jeunes
photographes qui font du noir et blanc.


Ce n'était pas a prendre au premier degré...

Mais bon, parce que j'emploie les deux je dois être un vieux débris.


Non, t'es un vieux débris parce que tu ressasses des bêtises.


Si j'étais le seul...


Avatar
Franck Yvonnet
Ainsi Parlait jpw
le reflex devrait être réservé à l'artiste


Non. Un Vrai Artiste utilise une chambre grand format, et pas une 4x5 de
tappette de préférence. Le reflex est tout juste bon pour les
journalistes et les amateurs qui veulent se la péter.

--
Franck Yvonnet
"Reality is that which, when you stop believing in it, doesn't go away."
- Philip K. Dick