Les Etats-Unis ont mis en place des mesures pour empêcher la Chine d'accéder aux puces les plus avancées du marché au nom de leur sécurité nationale et de leurs intérêts.

Les entreprises chinoises ne peuvent donc plus acheter officiellement les équipements les plus modernes pour les besoins de leur industrie et de grands domaines comme l'intelligence artificielle.

La Chine cherche à développer ses propres solutions pour devenir indépendante mais le retard promet de rester durable pendant encore un certain temps du fait de barrières techniques difficilement franchissables sans une expertise pointue.

Entre les travaux pour développer son propre savoir-faire et le recours au marché gris ou noir, le pays a un autre moyen d'accéder malgré tout aux puces de dernière génération : faire appel aux services cloud des grands groupes américains.

Le cloud américain, un moyen de profiter des dernières technologies

Ces derniers exploitent des infrastructrures utilisant les composants les plus récents et disposent de ressources permettant par exemple d'entraîner des modèles d'intelligence artificielle de façon très efficace.

Toutes ces capacités restent globalement accessibles aux entreprises chinoises et constituent un point faible dans l'embargo décidé par les Etats-Unis, relève un nouveau rapport auquel Reuters a eu accès.

Il établit qu'au moins 11 entités chinoises ont tenté d'obtenir un accès aux technologies et services cloud américains l'an dernier. Cela ne constitue pas en soi une violation des restrictions, qui ne visent que les exportations de produits et services, mais c'est un moyen détourné pour exploiter la puissance de ces puces afin de faire avancer des projets chinois.

datacenter

Les entités en question restent suffisamment prudentes et discrètes pour passer par des sociétés intermédiaires mais quatre d'entre elles font explicitement mention de l'infrastructure AWS d'Amazon comme fournisseur de services cloud.

Si le groupe américain se défend de toute infraction à la législation américaine, cet accès potentiel d'instituts de recherche et d'entreprises à des composants comme les accélérateurs IA A100 et H100 de Nvidia pour des projets indéterminés pose problème, fait valoir le rapport, alors que ces puces font l'objet de restrictions d'exportation vers la Chine.

De même, l'accès à AWS peut permettre aux entreprises chinoises d'utiliser l'IA Claude d'Anthropic alors qu'elle n'est pas disponible par d'autres moyens, et Amazon en fait la promotion dans ses documents marketing à destination de la Chine, affirme Reuters.

Les intermédiaires, maillon faible de l'embargo US

Le rapport indique que plusieurs organisations chinoises ont dépensé des dizaines de milliers de dollars pour obtenir des accès à AWS mais sans indiquer s'ils ont été ensuite massivement exploités.

Microsoft n'est pas non plus épargné par les demande via ses services cloud Azure, avec notamment des tentatives pour accéder aux technologies d'OpenAI hébergées sur le cloud du groupe de Redmond.

Officiellement, OpenAI et Anthropic ne fournissent pas de services IA à des clients chinois mais il reste possible de passer par des intermédiaires installés ailleurs que sur le territoire chinois.

Toutefois, cette porte d'entrée potentielle pourrait être refermée prochainement. Le gouvernement américain étudie la question depuis plusieurs mois et pourrait bientôt ajouter de nouvelles mesures restrictives pour réguler cet accès distant aux dernières technologies américaines.

Source : Reuters